Au Moyen-Age, Saint-Jacques
de Compostelle comptait parmi les trois grands lieux
de pèlerinage auquel tout bon Chrétien se devait d'aller.
De même que, de nos jours, la Mecque attire
les croyants de confession musulmane, à l'époque,
les Chrétiens se rendaient à Rome pour
se recueillir sur les tombeaux de Pierre et Paul,
à Jérusalem et...à Saint Jacques de
Compostelle. Pourquoi un tel engouement pour ce lieu
aussi éloigné des origines de la religion,
ou du siège de son autorité ? La petite
ville espagnole est en réalité la dernière
demeure de Saint-Jacques, dont la vie fut étroitement
liée à celle du Christ.
Aux environs de l'an 800,
on découvre au large des côtes espagnoles
le sépulcre de Saint-Jacques, frère de Saint-Jean
et grand martyr de la chrétienté. Appelé par
Jésus alors qu'il était en train de
pêcher dans les eaux de Tibériade, Saint-Jacques évangélisa
l'Espagne avant d'être martyrisé et décapité à Jérusalem
sous les ordres du roi Hérode, vers 44 après
Jésus-Christ. Son corps fut livré en pâture aux chiens,
avant d'être recueilli par ses compagnons. Ceux-ci
placèrent sa dépouille dans une embarcation,
qui vint s'échouer à Padron, sur les côtes de Galice.
Guidée par un ange, elle avait navigué à
travers la Méditerranée et franchi le
détroit de Gibraltar.
Reconquista et naissance
des Chemins de Compostelle
C'est l'ermite Pelagius qui,
en rêve, eut une vision du tombeau de Saint-Jacques.
Il est guidé par une étoile vers un
champ (le champ de l'étoile, soit "campus
stellae" en latin), qui deviendra Compostelle.
Or, à cette époque, l'Espagne est en
proie aux invasions des Maures. Alphonse II et Ramiro
Ier, souverains des royaumes de Galice et des Asturies,
ont alors l'idée d'une reconquête du
territoire, passant par la consolidation du pouvoir
royal. La religion y jouera un rôle décisif.
Alphonse II fait ériger une église à
Compostelle, et les pèlerins ne tardent pas
à affluer, attirés par la légende
de Saint-Jacques. Les Sarrasins s'emparent du sanctuaire
en 997, mais celui-ci est vite repris par les Chrétiens.
Compostelle devient un des symboles de la Reconquista,
et Saint-Jacques prend le surnom de "matamore", le
tueur de Maures ; certains récits le décrivent,
réapparu parmi les croisés pour guerroyer
à leurs côtés à Jérusalem.
Du XIe au XIVe siècle, 500 000 pèlerins se rendent
chaque année sur ces lieux sacrés ; une
affluence en partie expliquée par la prise de
Jérusalem par les Turcs au milieu du XIIIème
siècle, qui empêchent les Chrétiens
de s'y rendre. Les "Jacquets" venus des quatre coins
d'Europe tracent quatre voies principales, ponctuées
d'abbayes et de chapelles qui sont autant de centres
de repos et de prière pour les voyageurs. Au
terme d'un long périple, le pèlerin se voit remettre
une coquille, signe d'un accomplissement aussi physique
que spirituel : il est devenu un "marcheur de Dieu".
A partir du XVème siècle, les conflits
d'intérêt et religieux diminuent la fréquentation
des Chemins de Compostelle ; le pèlerinage ne reprendra
qu'au XXe siècle. Désormais, malgré la
diminution du sentiment religieux dans les pays occidentaux,
croyants et athées s'y retrouvent ; le périple
qui mène à Saint-Jacques de Compostelle
reste mémorable par la beauté des paysages
traversés et les contacts humains que l'on y
noue.
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