Nouvelle prison de haute sécurité à Vendin-le-Vieil : comment vont vivre les criminels qui y seront incarcérés ?

Nouvelle prison de haute sécurité à Vendin-le-Vieil : comment vont vivre les criminels qui y seront incarcérés ? 17 narcotrafiquants "dangereux" ont été transférés vers la prison ultra-sécurisé de Vendin-le-Vieil. Cet établissement bénéficie de nouvelles installations adaptées à ce profil de détenus.

Ce mardi 22 juillet, le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a annoncé que "17 premiers narcotrafiquants" venaient d'être transférés vers la nouvelle prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) "dans des conditions de sécurité hors normes", a-t-il écrit sur le réseau social X.

Le ministre n'a pas détaillé le profil exact des détenus considérés comme dangereux. A terme, près de 200 narcotrafiquants devraient y être incarcérés. La prison de Vendin-le-Vieil, déjà l'une des deux plus sécurisées de France avec celle de Condé-sur-Sarthe, a fait l'objet de travaux pour renforcer sa sécurité. Selon le ministère, ces améliorations, estimées à près de 4 millions d'euros, visent à empêcher les détenus de poursuivre leurs activités criminelles depuis leur lieu de détention.

Ainsi, dans la prison de Vendin-le-Vieil, les détenus n'auront presque aucun contact avec l'extérieur. Avec les travaux supplémentaires et le nouveau matériel, "on a vraiment une prison qui va nous permettre de les mettre sous cloche" a affirmé Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO Justice, auprès de TF1. "C'est-à-dire de les isoler du reste du monde avec des personnels qui ont été formés, qui sont aguerris."

De nouveaux dispositifs pour "isoler" les prisonniers

Aux fenêtres des cellules de 12 mètres carrés ont été ajoutés des grilles et caillebotis, en plus des barreaux habituels. Ces sortes de grilles ou de plaques ajourées, souvent en métal ou en plastique permettra d'éviter la technique du "yoyo", explique BFMTV. Dans cette technique, les détenus utilisent un fil pour s'échanger des marchandises ou des messages d'une cellule à l'autre par les fenêtre, voire d'un étage à l'autre.  

Pour renforcer la sécurité, des salles de visioconférence seront mises en place afin de limiter les déplacements des détenus, sauf si un magistrat en décide autrement. Les détenus considérés comme les plus dangereux de France verront leur temps de téléphone restreint à deux sessions de deux heures par semaine. Ainsi, leurs échanges pourront être écoutés en temps réel. De plus, après chaque contact avec l'extérieur, des fouilles complètes seront systématiquement réalisées, même si l'administration pénitentiaire n'assure pas une surveillance continue.

Un prisonnier redoute les parloirs hygiaphones

Un système sera installé sur les portes pour éviter que les surveillants ne se retrouvent en danger si une porte s'ouvre brusquement. Par ailleurs, toutes les portes seront équipées de trappes permettant de menotter les détenus avant qu'ils ne sortent de leur cellule. Les parloirs devraient être équipés de dispositifs hygiaphones, avec une vitre empêchant tout contact physique entre détenus et visiteurs. C'est précisément ce dispositif qui inquiète l'un des deux prisonniers ayant contesté son transfert vers la nouvelle prison, selon son avocate, Me May Sarah Vogelhut, citée par Ouest-France via l'AFP.

Les personnes extérieures à la maison centrale seront également strictement contrôlées grâce à l'installation prévue d'un portique à ondes millimétriques. Ce type de scanner, couramment utilisé dans les aéroports, permet d'inspecter les personnes et de détecter les objets interdits dissimulés sous les vêtements, sans avoir besoin de fouilles corporelles. Enfin, un système de protection contre le survol de drones fera partie des dispositifs de sécurité.

Le régime d'isolement appliqué dans cette prison s'inspire des méthodes de lutte contre la mafia en Italie. A Vendin, plusieurs prisonniers sont déjà incarcérés comme Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, ainsi que le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, qui s'est évadé à deux reprises. Plus de 200 narcotrafiquants vont être transférés dans cette prison de haute sécurité, dont le célèbre narcotrafiquant Mohamed Amra, dont l'évasion de mai 2024 a coûté la vie à deux agents pénitentiaires. Il est actuellement incarcéré à Condé-sur-Sarthe en attendant son transfert.