Jean-François Delfraissy : pénurie de masques, France "pas prête"… Révélations sur la gestion du Covid

Jean-François Delfraissy : pénurie de masques, France "pas prête"… Révélations sur la gestion du Covid DELFRAISSY. Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique Covid-19, qui a été chargé de conseiller le gouvernement pendant les deux ans de pandémie, a été entendu par la Cour de justice de la République. Il a reconnu que les autorités n'étaient pas assez préparées.

[Mis à jour le 22 juillet 2022 à 22h20 ] Vendredi 22 juillet 2022, Le Point révèle une partie du contenu des auditions devant la Cour de justice de la République (CJR) de Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique concernant le Covid-19. Cette instance a conseillé le président de la République et le gouvernement pendant la pandémie, afin de les orienter pour prendre des décisions durant la crise sanitaire. La CJR a lancé une enquête dans le cadre d'une information judiciaire pour "abstention volontaire de combattre un sinistre" et "mise en danger de la vie d'autrui". C'est dans le cadre de cette information judiciaire qu'Agnès Buzyn, ministre de la Santé en février 2020, avait été mise en examen. De nombreuses personnalités ont été auditionnées, à l'exemple de Jean-François Delfraissy. Durant son audition, il est revenu sur le manque de masques en France et a affirmé : "On n'était pas suffisamment prêts pour une pandémie de cette importance".

La pénurie de masques cachée au Conseil scientifique ?

Selon des éléments d'auditions recueillis par Le Point, Jean-François Delfraissy et le Conseil scientifique n'auraient pas immédiatement été mis au courant de la pénurie de masques à laquelle faisait face le pays, malgré des alertes en interne du côté de l'Élysée plusieurs semaines auparavant. À la mi-mars, lors de la création du Conseil scientifique, quelques jours avant le confinement, "nous avons abordé peut-être d'un peu loin le problème des masques, parce que d'autres sujets étaient prioritaires à court terme" a-t-il expliqué devant les juges de la Cour de justice de la République. Jean-François Delfraissy a reconnu qu'une personne, au cours d'une réunion, aurait fait part de la disponibilité d'un "nombre très limité de masques". Mais la pénurie de masques n'aurait pas été clairement évoquée durant les premières semaines de pandémie de Covid-19.

Ce n'est que plus tard, une fois le confinement instauré, que Jean-François Delfraissy et le Conseil scientifique auraient été mis au courant de la situation. "On a eu les renseignements sur les masques autour du 23-25 mars. L'idée était qu'on était sur un nombre limité de masques", s'est-il remémoré devant la CJR, assurant que son organisme "av[ait] dit qu'il convenait de les réserver au personnel de santé en priorité." Cependant, cette recommandation n'est pas suivie, puisque le gouvernement n'appelle pas à porter un masque afin de freiner la propagation du coronavirus.

Pour Jean-François Delfraissy, ce n'était pas la bonne stratégie. "Je n'ai pas bien compris pourquoi, au niveau politique et au niveau communication, ils ne disaient pas la réalité, c'est-à-dire qu'il y avait un nombre restreint de masques et que, compte tenu du confinement, il fallait les réserver au personnel de santé et qu'au fil, on étendrait l'utilisation des masques à la population tant pour la protection de soi-même que, quand on l'a su, pour protéger les autres. Je pense que ça aurait pu être plus clair", a-t-il répondu devant les juges de la CJR. Lors de cette même audition, Jean-François Delfraissy a déploré "une insuffisante préparation des autorités", avant de cingler : "on n'était pas suffisamment prêts pour une pandémie de cette importance."

L'infectiologue Yazdan Yazdanpanah, membre du Conseil scientifique, explique, lui aussi, que le conseil ne connaissait pas la pénurie de masques avant de rendre ses avis sur le port du masque. La CJR lui a demandé pourquoi il n'avait pas été demandé aux Français de se masquer. "Pour répondre à votre demande, je ne savais pas qu'il n'y avait pas de masque. La nécessité que toute la population mette des masques, on l'a apprise plus tard", répond alors l'infectiologue. Lila Bouadma, professeure de médecine à l'université de Paris, également membre du Conseil scientifique, indique, quant à elle : "Nous avons dit, dès notre avis du 12 mars, qu'il fallait mettre des masques et que le gouvernement devait en fournir à la population générale".

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