Pourquoi les universités françaises sont-elles si mal classées à l'international ?

Pourquoi les universités françaises sont-elles si mal classées à l'international ? Le classement des facultés dit "de Shanghai", révélé il y a peu, fait la part belle aux universités américaines et place les françaises en queue de peloton. Pourquoi ?

C'est un palmarès à la fois très observé et très critiqué. L'université de Shanghai a, comme chaque année, publié son célèbre classement des universités mondial. Un classement trusté par les grandes universités américaines, qui sont 18 dans les 20 premières et 150 dans le Top-500. Les universités chinoises sont elles-aussi bien loties avec 42 établissements parmi les 500 premiers quand l'Allemagne et la Grande-Bretagne comptent respectivement 39 et 38 universités dans l'élite. Les universités françaises, en revanche, font pâle figure puisqu'elles ne sont que 20 dans le Top-500 et que la première d'entre elles, l'université de Paris Sud, n'est que 37e.

Pour beaucoup de critiques, ce n'est pourtant pas tant l'enseignement supérieur en France qui est à revoir, mais plutôt la méthodologie du classement. Les publications des chercheurs, les distinctions comme les Nobels, les prix Pulitzer ou encore les médailles de Fields en mathématiques jouent pour beaucoup dans les notes attribuées. En revanche, point mention du nombre d'heures de cours assurées par les enseignants-chercheurs. Heures qui ne favorisent pas par ailleurs la recherche et donc la prolifération des publications. La qualité même de l'enseignement n'est pas non plus prise en compte. A l'Unesco, le classement a déjà été pointé du doigt pour ne pas prendre en compte "l'augmentation générale du niveau des étudiants". Enfin, la taille des universités fait aussi partie de la notation, ce qui favorise les grosses structures. Or loin des grands campus anglo-saxons, les universités françaises ont longtemps misé sur la proximité avec de petites facultés, avant que la réforme des universités de 2008 ne commence à rectifier le tir.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, reprend cet argument à son compte : "Les critères d'évaluation du classement chinois répondent à une logique anglo-saxonne, qui n'est pas dans notre culture". Et elle donne d'autres pistes d'explications. Selon elle, le classement de Shanghai "privilégie les sciences exactes au détriment des sciences humaines, ce qui est une aberration". Le taux de réussite des étudiants, l'ancrage territorial devraient aussi être pris en compte selon la ministre qui a annoncé travailler au sein de l'UE à un autre outil : U-Multirank. L'OCDE, auteure de l'étude PISA, serait elle aussi en train de développer son propre classement.