Agression transphobe à Paris : le témoignage choc de Julia

Agression transphobe à Paris : le témoignage choc de Julia L'agression dont a été victime Julia, une jeune transgenre, suscite de nombreuses réactions. La victime a livré un témoignage poignant, alors qu'une enquête a été ouverte.

[Mis à jour le 3 avril 2019 à 12h51] Sur les réseaux sociaux, la vidéo d'une agression transphobe à Paris ce dimanche 31 mars a fait vivement réagir. Sur ces images, on peut voir une personne transgenre sortir d'une bouche de métro place de la République à Paris, alors que s'y déroulait une manifestation contre le régime algérien. La victime, Julia, a d'abord été interpellée en montant les marches, alors que des gens chantaient une chanson pour se moquer d'elle, a expliqué Lyes Alouane, délégué Île-de-France de Stop Homophobie, en rapportant le témoignage de la personne à l'origine de la vidéo. "Puis un homme lui a craché dessus." a-t-il ajouté. La victime s'est dégagée et a continué à monter l'escalier. Une fois arrivée en haut, elle a été violemment prise à partie par plusieurs hommes qui tentent de la frapper. Des agents de la RATP ont finalement pu intervenir pour écarter la victime de ses agresseurs.

Lyes Alouane a partagé la vidéo sur Twitter, commentant "une honte pour notre pays". L'association SOS Homophobie elle aussi partager la scène, et dénoncé cette agression transphobe. "Effet de meute insupportable contre cette personne. Nous adressons tout notre soutien à la victime. Les auteurs de ces actes doivent être sanctionnés" a-t-elle écrit.

Le témoignage de Julia, la victime d'agression transphobe

Sur plusieurs plateaux de télévision, Julia a accepté de témoigner sur son agression. "L'un d'eux m'a dit : "Hé mais t'es un homme toi !". Je n'ai pas voulu répondre et j'ai tenté de les éviter, mais ils m'ont retenue en disant que je devais répondre à leur question" a-t-elle raconté. "L'un d'eux m'a alors touché la poitrine en s'étonnant que j'aie effectivement des seins." a-t-elle poursuivi. Les agresseurs se sont par la suite montrés encore plus violents. "Un des trois individus a ensuite sorti son sexe en disant que j'allais devoir lui faire plaisir. Il y avait d'autres hommes au-dessus qui se sont mis à me jeter de la bière".

Julia s'est aussi exprimée sur l'enquête et ses agresseurs. "Ce que j'attends, ce n'est pas forcément que ces personnes soient punies mais que les choses avancent, que les mentalités évoluent" a-t-elle expliqué la jeune femme. "On est différents mais on a juste envie d'être nous-même".

Agression transphobe à Paris : les réactions scandalisées

Une enquête a été ouverte du chef de "violences aggravées par la circonstance qu'elles ont été commises à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre", indique France Info, qui précise qu'une personne a été placée brièvement en garde à vue. L'enquête a depuis été confiée au commissariat du 3e arrondissement. Selon l'article 222-7 et suivants du code pénal, dans le cas violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à 8 jours, le mobile d'homophobie élève la peine encourue d'une contravention de la 5e classe, soit 1500 euros, à un emprisonnement de 3 ans et 45 000 euros d'amende.

Plusieurs personnalités politiques et militantes se sont exprimées au sujet de cette agression. Anne Hidalgo, la maire de Paris, s'est dite "indignée" et a assuré que "les coupables de cet acte intolérable doivent être identifiés et poursuivis". L'édile défendait en novembre la qualité "LGBT friendly" de la ville de Paris. Alexandra Cordebard, maire du 10e arrondissement de Paris où se trouve la place de la République, s'est aussi dite choquée et a "signalé les faits au commissariat de police". Marlène Schiappa, secrétaire d'État pour l'Egalité femmes-hommes, a commenté les faits sur Twitter. "Les LGBT phobies ne sont pas des opinions mais de la bêtise et de la haine. Elles agressent et tuent" a-t-elle affirmé. "C'est une illustration des actes et agressions transphobes en France qui augmentent", a enfin affirmé Joël Deumier, le président de SOS Homophobie à 20 Minutes. Selon le rapport de 2018 dressé par l'association, les actes transphobes ont augmenté de 54% en un an.