Mort de Steve Maia Caniço : le préfet attaque Claude Sérillon pour diffamation

Mort de Steve Maia Caniço : le préfet attaque Claude Sérillon pour diffamation STEVE MAIA - Après un tweet publié par le journaliste Claude Sérillon pointant du doigt la responsabilité du préfet des Pays-de-la-Loire dans la mort de Steve Maia Caniço, une plainte va être déposée par la préfecture.

L'essentiel
  • La polémique ne retombe pas depuis la disparition de Steve Maia Caniço. Le corps sans vie du jeune homme a été découvert le 29 juillet, quai des Antilles à Nantes. D'après le rapport remis par l'IGPN, il n'y aurait pas de lien entre l'intervention des forces de l'ordre et la mort de Steve Maia Caniço, tombé dans la Loire le soir de la Fête de la Musique. Ce rapport fait polémique. Dans un entretien accordé à l'Obs, la directrice de l'IGPN, Brigitte Jullien s'est défendue de "dédouaner la police". "C’est ce que l’on entend en boucle depuis des jours, mais c’est faux", a-t-elle martelé.
  • Selon Brigitte Julien, ce rapport administratif ne pouvait pas faire la lumière sur tous les faits et c'est à l'enquête judiciaire ouverte pour "homicide involontaire" de creuser. Elle pointe ainsi la question de la responsabilité, qui pourrait incomber au donneur d'ordre plutôt qu'aux exécutants. L'affaire n'en finit donc pas et au gouvernement, Édouard Philippe prend les devants face à son ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui paraît fragilisé.
  • La mort du jeune homme âgé de 24 ans a suscité une vive émotion partout en France et à Nantes. Samedi 3 août, deux manifestations ont été organisées pour lui rendre hommage d'une part et dénoncer les violences policières de l'autre. Dans l'après-midi, de nombreuses tensions ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre. La police a procédé à au moins 40 arrestations. Le ministre de l'Intérieur a condamné les violences. "La liberté de s’exprimer sans entraves et l’ordre républicain ne sont ni négociables ni contradictoires", a-t-il déclaré.
En direct

17:50 - Claude d'Harcourt placé sous protection

FIN DU DIRECT - Visé par un tweet de Claude Sérillon jugé "diffamatoire" à son encontre, le préfet des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique Claude d'Harcourt va également "bénéficier de la protection fonctionnelle du ministère de l'Intérieur" selon l'AFP.

17:43 - Des propos l'accusent de la mort de Steve, le préfet de Loire-Atlantique dépose plainte

L'affaire Steve Maia Caniço continue d'attiser les tensions sur les réseaux sociaux. L'ancien présentateur et conseiller communication du président François Hollande, Claude Sérillon; a publié un tweet qui a fait polémique dimanche 4 août, déclarant que "parce que la musique était trop forte un préfet de la République a décidé que la vie d'un homme pouvait être effacée". Claude d'Harcourt, le préfet des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique visé par ce tweet, a annoncé qu'il allait porter plainte pour diffamation.

16:29 - La demande de justice des proches de Steve Maia Caniço

Les proches de Steve Maia Caniço veulent continuer à se mobiliser pacifiquement jusqu'à ce que justice soit faite. "Le combat n’est pas terminé. On va continuer à se réunir encore tous les jours sur le quai Wilson et mener des actions pacifiques. Tant qu’on n’aura pas satisfaction, on continuera", a confié Hugo Phan, un ami de Steve à La Croix. Pour preuve, depuis le rapport de l'IGPN, les affiches "Où est Steve" sont peu à peu remplacées par "Où est la justice?" dans les rues de Nantes.

15:17 - L'homme mis à terre par la police à Nantes s'exprime

Vous avez peut-être vu circuler la photo d'un policier masqué plaquant au sol un homme à Nantes, ce week-end, lors d'une manifestation ayant pour but de protester contre les violences policières après la mort de Steve. Le service CheckNews du journal Libération a retrouvé l'homme mis à terre. Âgé de 51 ans, il "a été conduit à l'hôpital" après cette "interpellation violente", relate Libération, ajoutant qu'il y est "resté plusieurs heures avant d'être placé en garde à vue pendant 24h". L'homme a été relâché depuis, mais une enquête a été ouverte. Il reconnaît avoir jeté une bouteille en verre en direction des policiers, mais explique que son geste n'avait "aucune intention de blesser". Il assure avoir été "violemment strangulé jusqu'à l'étouffement par un membre de la BAC" avant de s'évanouir "et rester inconscient pendant plusieurs minutes". Une version contredite par la police, dont le service d'information et de communication (Sicop) affirme à Libération que l'homme avait été transféré à l'hôpital "parce qu'il était incommodé par les gaz lacrymogènes". Le rapport du CHU de Nantes assure quant à lui que l'homme n'a pas ingéré un quelconque "toxique". Ce dernier souhaite porter plainte.

15:17 - Un festival organisé en hommage à Steve

Un festival de musique techno va avoir lieu en hommage à Steve Maia Caniço au mois d'octobre, selon Ouest-France. C'est dans le Nord-Ouest de la France que ce festival appelé Tek'Steve'All aura lieu et offrira un "hommage revendicatif" à Steve, tout en s'érigeant contre "l'oppression policière et gouvernementale", comme l'expliquent les organisateurs.

14:48 - Selon le secrétaire du syndicat Unsa Police, la mort de Steve "aurait pu être évitée"

"Cette issue tragique aurait sans doute pu être évitée". Dans une interview donnée au Point, Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa Police, revient sur la noyade de Steve Maia Caniço le soir de la Fête de la musique à Nantes. "Le site était dangereux", rappelle-t-il, ajoutant que "malgré ça, l'autorisation a été donnée pour que cette nouvelle édition de la Fête de la musique s'y déroule". Pour lui, "une erreur politique a été commise" après la mort de Steve : "l'inspection générale de l'administration (IGA) aurait dû être saisie d'emblée, car dans la gestion d'un événement comme celui-ci, le préfet était nécessaire dans la boucle". Philippe Capon ajoute que l'IGA "aurait pu établir un lien entre les ordres donnés par l'autorité préfectorale et l'action de la police sur le terrain, ce que l'IGPN n'a pas pu faire".

14:28 - L'autopsie de Steve va-t-elle permettre d'en savoir plus sur sa mort ?

Une autopsie du corps de Steve Maie Caniço a été réalisée mardi 21 juillet. Mais selon Alain Baert, docteur à l'institut médico-légal du CHU de Rennes interrogé par l'AFP, cet examen ne devrait a priori pas permettre de montrer la présence de gaz lacrymogène dans l'organisme du jeune homme. "Ce sont des produits qui ne pénètrent pas dans l'organisme", explique le docteur. D'autant plus que selon lui, "dans ces produits, le rinçage avec l'eau donne une décomposition de la substance". Enfin, le corps de Steve étant resté longtemps dans l'eau, la dégradation de son organisme risque de rendre les conclusions de l'autopsie encore plus difficiles à tirer.

14:18 - Les obsèques de Steve Maia Caniço seront célébrées lundi

Comme le souhaitait sa famille, c'est dans la plus stricte intimité qu'auront lieu les obsèques de Steve Maia Caniço lundi 12 août, à Nantes. L'information a été confirmée à France 3 par la soeur du jeune homme de 24 ans, Johana.

En savoir plus

Mort de Steve : résumé de l'affaire

Steve Maia Caniço était un jeune homme âgé de 24 ans. Il exerçait le métier d'animateur périscolaire. Le 21 juin 2019, lors de la fête de la musique à Nantes, Steve Maia Caniço se trouvait avec des amis sur le quai Wilson, à Nantes. Vers 4h30, une intervention policière provoque la chute de quatorze personnes dans la Loire. Steve n'a pas été revu depuis et, selon plusieurs témoignages, ne savait pas nager. S'en est suivi un mois de polémiques et d'exaspération chez les Nantais, qui se sont agacés de voir Steve toujours introuvable. Des recherches ont été engagées mais sont restées sans succès. Des pancartes demandant "Où est Steve ?" sont apparues dans les rues de Nantes et des alentours, et des manifestations interpellant les pouvoirs publics se sont multipliées. C'est finalement le 29 juillet 2019, plus d'un mois après sa disparition, que son corps est retrouvé dans les eaux de la Loire.

Le lendemain, après l'identification du corps comme étant bien celui de Steve Maia Caniço, le gouvernement a rendu public un rapport de l'IGPN. Il conclut qu'il n'est pas "établi de lien" entre l’intervention de la police lors d'une fête à Nantes, où Steve se trouvait, et la mort du jeune homme de 24 ans. Cependant les conclusions de ce rapport ne font pas l'unanimité. En s'appuyant sur des vidéos de la soirée, des militants contestent qu'en lançant des grenades lacrymogènes en direction du fleuve, "[les policiers] n'ont absolument pas cherché à repousser le public vers la Loire". Le rapport en lui-même soulève également quelques réserves sur les décisions du commissaire divisionnaire présent ce soir là ou sur les conditions d'organisation de l'événement qui a fait l'objet de l'opération. En définitive, ce sera à la justice de trancher, et d'établir à qui revient la responsabilité de ce drame.

Mort de Steve : de nombreuses procédures en cours

Mardi 30 juillet, au lendemain de la découverte du corps, le parquet de Nantes a ouvert une information judiciaire "contre X" pour "homicide involontaire". Le 2 août, les juges d'instruction ont demandé à être dé-saisis du dossier, sans préciser pourquoi. Selon Libération, ce genre de décision intervient souvent lorsque les magistrats sont "soucieux de garantir l'impartialité de la juridiction saisie" ; ici les juges auraient pu penser "qu'il vaut mieux que l'enquête se déroule ailleurs qu'à Nantes". Le même jour, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé la saisie de l'Inspection générale de l'administration (IGA). Elle doit enquêter sur les conditions d'organisation de la fête à laquelle Steve s'est rendue avant sa disparition et qui a fait l'objet d'une intervention policière.

Cette saisie fait suite à une première enquête demandée par le gouvernement sur les circonstances de la disparition de Steve. Le 24 juin, le ministère de l'Intérieur avait demandé à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) d'enquêter sur les conditions de cette opération de police. Publiées elles aussi le 30 juillet, les conclusions du rapport sont plutôt favorables à la police et n'établissent pas de lien direct entre l'action des forces de l'ordre et la disparition, et donc la mort, de Steve Maia Caniço. Le rapport a cependant été vivement critiqué. De son côté, Le défenseur des droits s'est auto-saisi afin d'enquêter sur cette affaire. L'inspection générale de la gendarmerie nationale a également ouvert une enquête administrative après plusieurs messages déplacés de forces de l'ordre sur les réseaux sociaux. Au moins un gendarme qui aurait posté des propos choquants suite à la mort de Steve Maia Caniço a été convoqué. Enfin, la police judiciaire de Nantes mène également son enquête suite à une plainte, déposée cette fois-ci par dix policiers blessés ce soir là.

Les réactions après la mort de Steve

Après la mort de Steve, de nombreuses personnalités politiques ont exprimé leur doute voire leur indignation face aux conclusions de l'IGPN. Sandra Regol, la porte-parole d'EELV s'est par exemple exaspérée sur RTL de ce qu'elle considère être du "mépris" dans la "prise de position du gouvernement" sur le sujet. Jean-Luc Mélenchon a pour sa part fustigé le "régime Macroniste qui a ouvert le cycle des violences et de la politisation de la police et de la justice et ne sait plus reprendre une responsabilité dont il a tant voulu se dédouaner". "Je constate qu'après cinq semaines d'enquête, l'IGPN n'est toujours pas en mesure de dire ce qui s'est passé dans la nuit du 21 au 22 juin dernier sur le quai Wilson à Nantes. C'est pour le moins troublant et inquiétant. [...] Nul ne peut transiger sur la transparence quand il s'agit de la mort d'un homme", a déclaré de son côté la maire de Nantes, Johanna Rolland.

Le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ont quant à eux apporté leurs condoléances à la famille de Steve. Le chef du gouvernement a renouvelé sa confiance au ministre de l'Intérieur, "pas du tout fragilisé" selon lui. Emmanuel Macron a quant à lui rappelé aux ministres le besoin de faire "toute la transparence sur cette affaire et de prendre les initiatives nécessaires".