Parents de Maëlys : leur témoignage poignant, celui de leur fille...Une résilience difficile

Parents de Maëlys : leur témoignage poignant, celui de leur fille...Une résilience difficile AFFAIRE MAELYS. Cinq ans après le meurtre de la petite Maëlys, les parents, Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo, et la sœur de la fillette ont pu témoigner de leur histoire et s'adresser au tueur, Nordahl Lelandais.

[Mis à jour le 15 février 2022 à 18h17] Leur vie a basculé la nuit du 26 au 27 août 2017, lorsque leur fille de huit ans, Maëlys, est enlevée et tuée par Nordahl Lelandais. Plus de quatre ans après le drame, Joachim de Araujo et Jennifer Cleyet-Marrel, peuvent enfin confronter le tueur de leur fille devant la justice même si cela signifie se replonger dans douloureux souvenirs. La mort de Maëlys a marqué le début d'une descente aux enfers pour ces parents. "Toute ma vie a volé en éclats. Je sais que cette souffrance restera toujours présente", témoignait Joachim de Araujo dans le Parisien, le 7 janvier. Le couple n'a pas survécu à la perte de l'enfant et s'est séparé quelques années après la disparition de la fillette. La père confie également avoir perdu son travail et ne plus "savoir à quoi [se] raccrocher". La mère de Maëlys s'est tournée vers l'écriture pour faire son deuil et alléger sa souffrance. Elle raconte son histoire et celle de sa fille dans un livre publié fin janvier, Maëlys. Ma fille. Tuée. À 8 ans et demi. La douleur causée par la mort de Maëlys est toujours aussi vive quatre ans plus tard, lorsque les parents et la grande sœur de la fillette entrent ensemble dans la salle d'audience de la cour d'assises de Grenoble, le 31 janvier 2021. Armés de leurs souvenirs et de portraits de Maëlys, ils comptent rendre un dernier hommage à leur enfant.

Pourquoi les parents de Maëlys se sont-ils séparés ?

Le couple reste soudé pendant les six mois d'enquête qui séparent l'enlèvement de Maëlys et les aveux de Nordahl Lelandais. Lors qu'ils apprennent la mort de l'enfant, Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo essayent de surmonter cette perte ensemble mais se rendent à l'évidence après un peu plus d'un an : la disparition de leur enfant a eu raison de leur couple. "Lorsqu'on est dans une ambiance où tous les bons souvenirs se transforment en tristesse, en malheur, c'est compliqué. On veut se détacher de tout ça, penser à autre chose. C'est sans doute ce qui explique notre séparation", tente d'expliquer Joachim de Araujo, dans une interview accordée au Parisien en début janvier. Restée discrète sur sa vie privé, la mère de Maëlys donne les mêmes explications sur sa séparation dans les pages de son livre. "Ce n'est pas l'amour qui s'en va. C'est l'environnement qui est différent. [...] Je ne peux plus t'aimer parce que te voir me rappelle tout mon amour perdu pour notre Maëlys", écrit-elle au sujet de son ancien compagnon.

Deux fausses couches après la mort de Maëlys

Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo avaient prévu de se marier en 2018 mais la mort de de Maëlys a inévitablement retardé le projet et les parents se sont investis pour ne pas laisser le drame engloutir leur couple. L'on apprend dans le livre signé par la mère de Maëlys que les parents ont essayé d'avoir un nouvel enfant mais les tentatives se sont soldées par deux fausses couches, en 2018 et 2019, ajoutant à leur malheur. "A chaque fois, le bébé aurait dû naitre en novembre, comme Maëlys. Il y a des hasards dans la vie", tient à précisé la maman. Ce sont les difficultés à enfanter qui ont fini d'éloigner Jennifer et Joachim l'un de l'autre. "On avait l'impression de n'attirer que la mort autour de nous. Alors j'ai décidé de partir. Je m'en voulais par rapport à Colleen et Maëlys, mais j'étouffais", a affirmé Jennifer de Araujo au Parisien avant d'ajouter : "C'était une question de survie". 

Perte de travail et déménagement

En plus de la perte de leur petite fille, de l'échec de leur couple, Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo ont tout les deux perdu leur travail. Le père, plombier mais aujourd'hui sans emploi, a pour seul objectif que Nordahl Lelandais "ne ressorte plus jamais de prison, pour ne plus jamais faire de mal à qui que ce soit" comme il l'expliquait sur RTL. La mère de la petite fille, infirmière, a eu le temps de faire son deuil grâce à ses collègues qui lui ont fait don de deux ans et demi de RTT. A l'issue de ce congé, le retour à l'hôpital a été difficile pour l'infirmière. "J'avais du mal à être confrontée à la mort. Je voyais des gens partir seuls, un peu comme Maëlys, et ça faisait écho à ma douleur. Je supportais moins les plaintes des gens pour un oui ou pour un non, aussi", raconte-t-elle au journal francilien. Elle a eu pour idée de demander une mutation au service maternité avant d'en être dissuadée par la proximité avec les enfants. Aujourd'hui, Jennifer Cleyet-Marrel a quitté l'hôpital de Pontarlier pour être infirmière libérale.

A ce nouveau travail s'ajoute une nouvelle maison pour la maman de la fillette installée à deux heures de La Tour-du-Pin, là où repose Maëlys. La petite fille est présente dans toutes les pièces grâce à des photos et des mots écrits à sa mère. Joachim de Araujo vit à Pontarlier, dans le Jura. La mère a préféré quitter la maison dans laquelle elle vivait lorsque Maëlys était en vie. Les premiers mois après la disparition de l'enfant ont été particulièrement éprouvants.

"Tout était prémédité", le témoignage des parents de Maëlys

La confrontation des parents de la petite Maëlys avec Nordahl Lelandais était un des moments forts et redoutés du procès. Après une semaine d'audience, Jennifer Cleyet-Marrel et Joachim de Araujo ont été appelés à la barre le 7 février 202. La mère était la première à s'exprimer et a ému la cour d'assises avec un texte poignant adressé à sa petite fille avant de témoigner de sa confiance dans le verdict des jurés et de s'adresser directement à l'accusé : " Ma fille, mon héroïne vous a mis en prison pour que vous arrêtiez de tuer. " Le père de la fillette a aussi fait état de sa peine immense et se décrit comme " un papa perdu " depuis la mort de Maëlys. Les deux parents ont évoqué leur vie " après Maëlys " : ils se sont séparés, ont vendu leur maison et eu des difficultés à reprendre le travail. Tous deux sont hantés par les souvenirs de leur fille. A leur demande un diaporama rempli de photos de l'enfant et de leur famille avant le drame a défilé durant leur témoignage suscitant de nombreux sanglots dans la salle. Sur l'affaire, leurs interventions ont été brèves. Jennifer Cleyet-Marrel a réaffirmé que Maëlys " n'est pas montée de son plein gré dans sa voiture. On lui avait appris à se méfier. Ma fille était très réservée ". En revanche, elle maintient avec aplomb que " tout était prémédité ". " Ça a été ma fille parce qu'elle aimait les chiens, ça aurait pu être une autre ". Joachim de Araujo qui comme son ex-compagne a persuadé que le tueur a abusé de sa fille juge que les marques retrouvées sur le corps et les vêtements de la fillette sont les preuves qu'elle s'est débattue.

Qu'a dit Colleen, la sœur de Maëlys, à Nordahl Lelandais lors du procès ?

Les parents de la petite Maëlys n'ont pas été les seuls à souffrir de la mort de la fillette. Colleen, la sœur aînée de Maëlys a beaucoup souffert et a quitté trop vite l'insouciance de l'enfance. Joachim de Araujo reconnait que sa plus grande fille a été d'un grand soutien malgré son jeune âge et a dû supporter la peine de ses parents en plus de la sienne. "Malheureusement, suite au drame que nous avons vécu, Colleen a grandi trop vite. Avec ces événements, elle s'est placée entre sa mère et son père, alors que nous étions perdus", raconte-t-il, toujours au Parisien. L'adolescente n'avait que 13 ans lorsque sa petite sœur, dont elle était très proche" est décédée. L'absence de Maëlys reste quatre ans après le drame encore difficilement supportable pour la jeune fille. Comme le rappelle son père, "sa sœur lui manque terriblement. Elle faisait beaucoup de choses avec Maëlys". Pour autant, Joachim de Araujo salue "le courage" et "la maturité" dont fait preuve son aînée.

L'adolescente restée discrète s'est exprimée publiquement sur le drame qui a bouleversé sa famille, le 6 février lors du procès de Nordahl Lelandais. Colleen a ému la cour d'assise de l'Isère avec un texte adressé à sa sœur et décrivant la petite Maëlys comme un "exemple", "une guerrière". Du haut de ses 17 ans l'adolescente a fait figure d'exemple lorsqu'elle s'est adressée à Nordahl Lelandais. " Vous pensez être un dur ? Il n'y a rien de plus lâche que de s'en prendre à plus faible que soi, enlever une enfant et la jeter dans la nature comme un déchet. C'est vous le déchet. Je ne crois pas à vos mensonges, à vos larmes, à vos excuses ", a-t-elle lancé en regardant le tueur droit dans les yeux. La jeune fille l'a sommé de répondre à la question que tout le monde se pose, " je veux savoir si vous avez violé ma sœur ". Malgré cette chance offerte, Lelandais a maintenu sa version assurant ne pas avoir agressé Maëlys de Araujo. L'atmosphère de la salle d'audience était lourde lors de l'échange mais un vent de déception est passé à l'issue de témoignage de Colleen. Tout le monde semble avoir compris que s'il le tueur n'a pas craqué face aux proches de Maëlys, il ne craquera jamais.