Les Trois Gorges avant le barrage
"Le prix de la puissance en Chine"
En 1999, le photographe américain Steven Benson parcourt la vallée du Yangtzé, son appareil photos en bandoulière. Son objectif : immortaliser des paysages voués à disparaître sous les eaux du fleuve. Quatre ans plus tard, en juin 2003, l'eau du réservoir du barrage des Trois Gorges atteint une hauteur de 130 mètres. Les paysages capturés par Steven Benson sont engloutis.
Le titre original de l'ouvrage, "The cost of power in China", joue habilement sur le double sens du terme "power" en anglais, qui signifie à la fois puissance et pouvoir. Il évoque ainsi le coût de la puissance énergétique du barrage et celui du pouvoir étatique chinois : aujourd'hui, ce barrage est devenu l'un des arguments de puissance pour le gouvernement chinois, malgré ses conséquences sociales, écologiques ou sur le patrimoine.
L'ouvrage, paru en 2006, est issu d'une exposition qui tourne depuis 2000, principalement entre les Etats-Unis et l'Europe. En 2006, les photos de Steven Benson seront exposées en Corée du Sud ou encore au Danemark.
"Ces photos parlent d'un monde qui n'existe plus"
L'Internaute : D'où vous est venue cette idée de reportage ?
Steven Benson La première fois que j'ai entendu parler du barrage, c'était lors de mon séjour en Chine comme professeur à l'Ecole de journalisme de l'Université populaire de Chine, en 1996. Je me posais alors beaucoup de questions sur la perception qu'a l'homme de l'espace et du temps. Or, si les hommes qui ont décidé de la construction du barrage avaient vécu sur les bords du Yangtsé, ils n'auraient pas pris cette décision. Ça, c'est l'espace. S'ils avaient imaginé connaître de leur vivant une éventuelle catastrophe provoquée par le barrage, ils auraient également refusé sa construction. Ça, c'est le temps. J'ai donc voulu déconstruire cet immense ouvrage public et lui redonner une échelle humaine.
Que racontent vos photos ?
Ces clichés racontent des histoires d'individus que j'ai croisés lors d'un voyage sur les rives du fleuve Yangtsé en 1999, pour témoigner de ce qu'y était la vie quotidienne avant que 13 grandes villes, 140 communes et 1 342 villages ne soient inondés. C'est étrange de penser que le 10 juin 2003, ces photos sont devenues, en quelque sorte, historiques : elles parlaient d'un monde qui n'existait plus. Et ce, non pas à cause d'une éruption du Vésuve par exemple, mais bien par la faute d'une décision prise par des hommes.
Steven Benson, photographe engagé
Depuis 25 ans, Steven Benson parcourt la planète pour photographier, enseigner, exposer. Après des études à Détroit, il occupe de 1985 à 1990 le poste de directeur de l'Institut d'art contemporain de Détroit. Au cours des années 90, Steven Benson a notamment enseigné à l'Université populaire de Chine, à l'Universitat Duisburg-Essen en Allemagne ou encore à l'Ecole de l'image des Gobelins à Paris. De nombreuses expositions lui ont été consacrées, dont deux en France, l'une au Centre Georges Pompidou en 1979 (il avait alors 23 ans), l'autre au Centre des Bords de Marne (Le Perreux), en 2004. Ses photos sont également présentes dans des expositions permanentes à l'Institut des arts de Détroit, au Musée Fine-Art à Houston ou encore à la Bibliothèque nationale de France.
Titre : "Le coût du pouvoir en Chine. Le barrage des Trois Gorges et la vallée du Yangtsé"
Auteurs : Photographies de Steven Benson, textes de A.D. Coleman et Dai Qing
Prix : 31,37 euros (39,95 dollars) avant le 31 juillet 2006 ; puis 39,22 euros (45,95 dollars)
Où l'acheter : par Internet, sur le site de Steven Benson
Et aussi :
Les photos de la construction du barrage des Trois Gorges en Chine
L'histoire du barrage des Trois Gorges
L'inauguration du barrage