Après la colocation, le partage de tombe

Les grandes métropoles mondiales connaissent toutes des problèmes de logement, de transports ou de circulation. On connait moins en revanche les problèmes de surpopulation… des cimetières ! Touchée par un cruel manque de place, la ville de Londres en est arrivée à proposer aux familles de défunts de partager leurs tombes. Mortel…

En se promenant dans certains cimetières de la ville, on peut désormais trouver un nom sur le coté pile d'une pierre tombale et un autre sur le côté face. Le premier est en général celui d'une personne décédée au XIXe siècle, le second celui d'une dépouille plus récente. "Les familles qui ont accepté ce partage ont obtenu un prix inférieur à celui du marché", explique Gary Burks, un responsable de la ville au Guardian. Sans compter que leur proche dispose désormais d'un monument réversible plutôt original.

Près d'un million de Londoniens sont actuellement enterrés dans la capitale anglaise qui, ceci explique cela, est habitée depuis plus de 2000 ans. Et pour faciliter les choses, la règle veut qu'en Grande-Bretagne on ne réutilise pas les tombes anciennes. Le résultat de l'obsession de l'Empire victorien pour l'hygiène et de la conception qu'ont les Anglais de leur "dernière demeure". Dans une grande partie du pays, la réutilisation des tombes anciennes reste d'ailleurs illégale, mais la ville profite d'une faille juridique sur la remise en état des sépultures après 75 ans.

"Beaucoup de gens disent, 'je ne mets pas mon père dans une tombe de seconde main' ", regrette tout de même Gary Burks, un homme corpulent qui a commencé à travailler au cimetière comme un jardinier et fossoyeur, il y a presque 25 ans. Lui se justifie : "On se bat comme des diables pour rendre le cimetière plus durable". Mais le mot de la fin revient à Julie Rugg, une chercheuse de l'université de York. En soulignant que c'est le Code napoléonien qui a instauré la réutilisation des tombes dans une grande partie de l'Europe, cette spécialiste de la question s'amuse : "Le problème, finalement, c'est que nous n'avons jamais été envahis par Napoléon". Elémentaire.