Emilie König : qui est cette djihadiste incarcérée dès son retour en France ?

Emilie König : qui est cette djihadiste incarcérée dès son retour en France ? Emilie König a été rapatriée de Syrie mardi 5 juillet par les autorités françaises, en même temps que 15 autres femmes et 35 mineurs. Partie faire le djihad en 2012, elle a été mise en examen et incarcérée dès son arrivée en France.

Emilie König était détenue par les forces kurdes dans un camp de prisonniers au sud-est de la Syrie depuis 2017, avec de nombreuses Françaises parties faire le djihad. Dès 2021, celle qui était apparue dans des vidéos de propagande de l'Etat islamique exprimait auprès de l'AFP son désir de rentrer en France. Les autorités françaises ont finalement organisé son rapatriement mardi 5 juillet, en même temps que celui de 35 mineurs français et de 15 femmes françaises ou mères d'enfants français. Aussitôt, Emilie König, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt, a été mise en examen et placée en détention provisoire, au même titre que sept autres femmes. La Bretonne, désormais âgée de 37 ans, est la plus connue de ces anciennes djihadistes de retour au pays : en 2015, son engagement aux côtés de Daesh lui avait valu d'être ajoutée à la liste noire des "combattants terroristes étrangers" aux Etats-Unis.

"Son état d'esprit, elle m'a autorisé à vous le dire, c'est sa volonté de coopérer avec la justice française", a affirmé l'avocat d'Emilie König, Me Emmanuel Daoud, le 5 juillet sur Franceinfo. "Elle veut faire en sorte de se donner les moyens, si elle convainc les juges, de pouvoir à moyen et long terme reprendre sa vie normale entre guillemets de femme et de maman", confiait l'avocat au JDD ce mercredi. Emilie König est en effet mère de cinq enfants : les deux ainés restés en France en 2012, et les trois cadets nés en Syrie d'un second mariage, rapatriés en France en janvier 2021. Pour l'heure, mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", Emilie König va devoir répondre de ses actes devant la justice : sa participation aux vidéos de Daesh, mais aussi plusieurs appels passés depuis la Syrie à des proches en France pour les convaincre d'attaquer des institutions, interceptés par les renseignements, sont autant d'élément à charge pour l'ancienne djihadiste. Son avocat plaide des "mécanismes d'emprise" au moment de son départ en Syrie.

Qui est Emilie König, une des 16 femmes djihadistes rapatriées en France mardi 5 juillet ?

Les autorités françaises ont rapatrié le 5 juillet 35 mineurs français et 16 mères djihadistes retenus dans un camp syrien. Parmi ces dernières, Emilie König est la figure la plus connue. Partie faire le djihad en Syrie dès 2012, elle a été la première femme à être ajoutée à la liste noire de "combattants terroristes étrangers" des Etats-Unis, en 2015. Le motif : avoir "ordonné à des individus d'attaquer des institutions gouvernementales françaises". 

Pour Emilie König, le processus de radicalisation a commencé avec la rencontre de son premier mari d'origine algérienne, condamné à la prison pour trafic de drogue. Auparavant, la jeune femme avait suivi une scolarité normale à Lorient, un CAP de vente en alternance. Suite à la rencontre de son premier mari, elle s'est convertie à l'Islam, s'est entièrement voilée et a commencé à fréquenter le groupe islamiste nantais Forsane Alizza.

Des vidéos de propagande djihadistes et des appels téléphoniques vers la France

En 2010, Emilie König était épinglée devant la mosquée de Lorient en train de distribuer des tracts appelant au jihad. Deux ans plus tard, elle provoquait un incident avec un vigile du tribunal de Lorient où elle était convoquée, refusant de se dévoiler et postant la vidéo de l'incident sur internet. A cette époque, elle se rendait régulièrement à Paris pour manifester et recruter d'autres jeunes femmes. Elle s'est alors faite remarquer par les autorités françaises qui ont interdit à l'été 2012 "tout mouvement ou transfert de fonds" à son bénéfice. Peu de temps après, elle décidait de partir en Syrie rejoindre son mari, qui s'était engagé aux côtés du futur groupe Daech.

Emilie König s'est alors engagée dans des missions de propagande terroriste. Bien qu'elle ait laissé ses deux enfants derrière elle et que son mari se soit fait tuer, son engagement n'a pas faibli et elle est apparue dans plusieurs vidéos de Daech. Depuis la Syrie, elle a passé plusieurs appels à des proches restés au pays, interceptés par les renseignements, visant à convaincre de s'attaquer à des institutions françaises et à des femmes de soldats français. Elle a épousé un autre Français converti à l'Islam et parti en Syrie, Axel, un Nîmois, avec qui elle a eu trois enfants. Ces derniers ont été rapatriés début 2021 en France.

Quelle est la défense d'Emilie König ?

Mardi 5 juillet, jour du retour d'Emilie König en France, son avocat, Me Emmanuel Daoud, a assuré à Franceinfo la volonté de sa cliente "de coopérer avec la justice française". "Elle aura des explications à donner car la façon dont on l'a dépeinte ne correspond pas à la réalité", confiait également l'avocat. Selon lui, Emilie König a voulu revenir en France pour "s'expliquer et pour tenter le plus rapidement possible, selon une échéance qu'elle ne maîtrise pas, de revoir ses enfants". Plus généralement, Me Daoud a plaidé la nécessité de "permettre à ces femmes d'expliquer leur parcours", ajoutant que certaines "étaient sous emprise et qu'on était dans un contexte particulier" lors de leur départ.

De son côté, Emilie König confiait à l'AFP en avril 2021, depuis la Syrie : "Je ne vois pas pourquoi j'irais en prison. Je trouve que c'est injuste, parce que je n'ai rien fait, je n'ai pas de sang sur les mains." Elle disait vouloir "reprendre une vie professionnelle", reconnaissant que son départ en Syrie avait détruit "toute [s]a vie". Arrivée à Paris, elle a confié à la juge des libertés et de la détention sa volonté de retrouver "une vie de femme". Sa mère, interrogée par Ouest France, estime qu'Emilie König "va être condamnée et c'est normal qu'elle paye sa dette​", même si elle juge que sa fille mérite "une deuxième chance, d'autant qu'elle est revenue à son état normal".