Mort d'Al-Baghdadi : Daesh a un nouveau chef, Al-Hachemi

Mort d'Al-Baghdadi : Daesh a un nouveau chef, Al-Hachemi AL BAGHDADI - Daech vient de confirmer la mort d'Al-Baghdadi et a annoncé l'avènement d'un nouveau chef : Al-Hachemi. Les Américains avaient déjà procédé à une vérification ADN du cadavre d'Al-Baghdadi.

[Mis à jour le 31 octobre 2019 à 17h51] Daech a officiellement reconnu la mort d'Abou Bakr Al-Baghdadi, ainsi que celle de l'ancien porte-parole du groupe islamiste, ce jeudi 31 octobre. Selon l'AFP, l'Etat Islamique a appelé à venger la mort de son chef par le biais d'un message audio. Le message en question a été posté sur l'application Telegram, d'après Le Figaro, qui en a rapporté un extrait : "Ô musulmans, Ô moujahidines, soldats de l'EI (...), nous pleurons le commandeur des croyants Abou Bakr al-Baghdadi". Les autorités américaines avaient déjà déclaré s'attendre à des représailles et se tenir prêts à cette éventualité.

Un nouveau leader a dores et déjà été nommé, il s'agit d'Abou Ibrahim Al-Hachemi Al-Qourachi, inconnu en dehors des rangs du groupe djihadiste. Al-Hachemi s'est autoproclamé calife, c'est-à-dire prophète et successeur de Mahomet. Il affirme être originaire de la même région que ce dernier. Avant lui, Al-Baghdadi était le premier djihadiste à s'être présenté comme un calife en 2014. Rita Katz, directrice du SITE Intelligence Group, qui publie les communiqués d'organisations terroristes islamistes, a fait posté plusieurs messages sur son compte Twitter. "Nous devons nous attendre à un message de la part de ce nouveau leader de l'EI dans un avenir proche. Cependant, je ne pense pas que Daech publiera des discours vidéo de ce nouveau chef (ou en tous cas pas en montrant son visage)", a-t-elle déclaré.

Dimanche 27 octobre, Donald Trump avait annoncé le succès du raid américain qui a abouti au décès du chef de l'Etat Islamique Abou Bakr Al-Baghdadi, se fendant d'un discours éloigné des codes diplomatiques standards. "Il est mort comme un chien, comme un lâche. Il est mort après avoir couru dans un tunnel sans issue, gémissant, pleurant et criant", a-t-il déclaré lors de son allocution télévisuelle. Dans ce discours, le président américain expliquait avoir suivi l'opération militaire en direct depuis la "situation room" de la Maison Blanche, comme s'il regardait "un film".

Le Pentagone tempère la version de Trump

Un scénario qui a réveillé le scepticisme de plus d'une personne, depuis ceux -notamment le gouvernement russe- qui ont douté de la neutralisation d'Al-Baghdadi, à ceux qui pensaient que Donald Trump ne pouvait avoir suivi l'opération en direct depuis la situation room, le soupçonnant même d'avoir plutôt fait une partie de golf. Rapidement, le Pentagone avait pris ses distances avec la version du président, le secrétaire à la Défense Mark Esper lui-même avait déclaré ne pas disposer des "mêmes détails" que lui. De même, le général Mark A. Milley a déclaré lundi face à la presse ne pas avoir les "mêmes informations" que Donald Trump. Tous deux ont néanmoins émis l'hypothèse que Donald Trump se soit entretenu avec des soldats de l'opération.

Le Pentagone a diffusé ce jeudi des images du raid lors duquel Al-Baghdadi est mort :

Cependant, le New York Times a mené son enquête, et il semble peu probable que Donald Trump ait pu voir ou entendre Al-Baghdadi dans ses derniers instants. Selon les sources militaires du média, Trump a effectivement pu assister à l'opération en direct, mais uniquement selon des vues aériennes semblables à celles qui viennent d'être publiées par le gouvernement américain, ne permettant pas d'entendre le chef de Daech "gémir" ou "pleurer", par exemple. Le commando de la force Delta était effectivement équipé de caméras placées sur le buste des soldats, mais celles-ci ne permettaient pas de diffusion en direct et ont dû être visionnées a posteriori. Quant au chien désormais célèbre qui a participé au succès de cette intervention, New York Times n'a pas pu déterminer s'il était ou non équipé d'une caméra. Le président américain a en tout cas souhaité lui rendre un hommage sur Twitter, publiant un photomontage grossier. Ce dernier a été très commenté sur les réseaux sociaux, d'aucuns fustigeant la liberté avec laquelle Donald Trump diffuse de fausses images.

Bilan de l'opération Delta Force

Les Etats-Unis ont confirmé que l'homme qui s'est fait exploser au moyen d'une veste piégée était bien Al-Baghdadi, grâce à une comparaison ADN entre le cadavre et l'ADN connu du chef de l'EI, qui avait été prélevé lors de son séjour en prison américaine en 2004. Avant l'opération, des espions kurdes avaient réussi à se procurer un vêtement du chef de Daech ainsi qu'un prélèvement sanguin, qui avaient permis de confirmer les informations selon lesquelles Al-Baghdadi était présent dans le bâtiment ciblé. Donald Trump a fait l'objet de critiques à ce sujet, ayant présenté l'opération comme étant strictement et uniquement américaine, sans aide d'autres gouvernements. Or, d'après les médias américains, les services militaires kurdes et irakiens ont été déterminants pour mener à bien cette mission.

Au cours de cette intervention, les Etats-Unis ont déclaré avoir sauvé onze enfants et arrêté deux soldats de Daech, qui ont été placés en sécurité pour être interrogés par les autorités américaines. En plus du chef de Daech, deux enfants qui l'accompagnaient ont trouvé la mort au moment où Al-Baghdadi s'est donné la mort. Un autre homme et quatre femmes ont été tués. "Conformément aux lois de la guerre", la dépouille d'Al-Baghdadi a été immergée dans la mer dans les 24h suivant sa mort, selon les propos du général McKenzie, afin d'éviter que la tombe du calife autoproclamé ne devienne un lieu de pèlerinage. Pour la même raison, le bâtiment ciblé par l'opération a été détruit, comme le montrent les images diffusées par les Etats-Unis.

Donald Trump considère que le décès d'Al-Baghdadi est l'une des plus grandes réussites militaires des Etats-Unis depuis des années. Selon les informations de médias américains, l'opération aurait débuté dans l'ouest de l'Irak, d'une base aérienne, d'où seraient partis des hélicoptères. Ils auraient atterri à Baricha et créé des entrées à travers les murs latéraux du bâtiment où étaient réfugiés le leader de l'Etat islamique et sa famille. Selon Donald Trump, Al-Baghdadi aurait tenté de fuir à travers un tunnel, mais aurait activé une veste explosive, se donnant la mort et tuant dans ce geste deux enfants.

Qui était Abou Bakr al-Baghdadi ?

Le chef de Daesh, considéré par les membres du groupe terroriste Daesh comme cafife Ibrahim", s'appelait en réalité Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri. Cet homme né à Falloujah en 1971 était un ancien membre d'Al-Qaïda en Irak. C'est lui qui avait été désigné successeur d'Abou Omar al-Baghdadi à la tête du groupe Etat islamique en 2010. En 2014, il s'autoproclamera commandeur des musulmans, mais son autorité ne sera en réalité jamais reconnue que par une partie des salafistes djihadistes.