Débat Biden - Trump : "désastre", "naufrage", le président flanche en direct avant la présidentielle américaine

Débat Biden - Trump : "désastre", "naufrage", le président flanche en direct avant la présidentielle américaine Le premier débat majeure de l'élection présidentielle américaine 2024, qui aura lieu en fin d'année, a donné lieu à un pilonnage de mensonges de Donald Trump face à un Joe Biden lent, faible et embrouillé...

Joe Biden peut-il encore être candidat à la présidentielle américaine de novembre 2024. La question se pose dans le camp démocrate après un débat face à Donald Trump catastrophique pour le locataire de la Maison Blanche. Le président de 81 ans, qui avait réclamé que ce face-à-face avec son prédécesseur républicain se tienne tôt dans la campagne, a raté une occasion cruciale de rassurer les millions d'Américains devant leurs écrans sur sa vitalité et sa santé.

Sur scène, Joe Biden est souvent apparu confus, mâchant ses mots et s'emmêlant plus d'une fois les pinceaux. Donald Trump, condamné au pénal fin mai, a lui largement imposé son style, multipliant les exagérations et les contre-vérités, notamment sur l'immigration, sans intervention des deux journalistes de CNN animant la soirée.

Fait notable, l'ancien président, qui n'a jamais reconnu sa défaite face à Joe Biden en 2020, ne s'est pas engagé durant l'émission à reconnaître sans conditions le résultat de son duel face au démocrate le 5 novembre. Il s'est également délesté une nouvelle fois de toute responsabilité dans l'attaque menée par ses partisans contre le Congrès à Washington, le 6 janvier 2021.

"Sans conteste un désastre" pour Joe Biden

Sur le fond, les candidats ont longuement évoqué les questions d'inflation, d'immigration et de soutien à l'Ukraine. Joe Biden, à la voix souvent enrouée devant les caméras de CNN - son camp a indiqué qu'il était enrhumé - a attaqué sur un sujet qu'il sait délicat pour le milliardaire, en lui reprochant son action "terrible" contre le droit à l'avortement.

Il a aussi accusé Donald Trump de "mentir" en affirmant que l'immigration clandestine faisait flamber la criminalité. Mais depuis que les campagnes présidentielles américaines sont entrées dans l'ère de la télévision, il y a plus de 60 ans avec le débat entre John F. Kennedy et Richard Nixon, la forme compte autant que le fond.

AFP
Le président américain Joe Biden lors du débat présidentiel face à Donald Trump dans les locaux de CNN à Atlanta en Géorgie, le 27 juin 2024 © AFP - ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Joe Biden a tenté la méthode Coué à la sorti du débat, pas vraiment très loin du déni. "Je pense que nous nous en sommes bien sortis", a balayé le démocrate lors d'un arrêt dans un restaurant de Géorgie après l'émission, affirmant qu'il est "dur de débattre face à un menteur". Selon un sondage de CNN conduit auprès de téléspectateurs le verdict est pourtant sans appel : deux tiers d'entre eux ont jugé que Donald Trump avait remporté le match.

Les réactions affligées et les appels à se retirer venant de démocrates anonymes se sont répandus dans la presse à peine le débat terminé. "La prestation de Joe Biden pendant le débat était décevante, il n'y a pas d'autre façon de le dire", a reconnu Kate Bedingfield, ancienne directrice de la communication de la Maison Blanche durant ses premières années de mandat. "Ce fut sans conteste un désastre", a estimé le politologue Larry Sabato à l'AFP. De ce côté de l'Atlantique, Le Monde analyse également ce matin le "naufrage" du candidat démocrate, "apparu à plusieurs reprises dépassé, butant sur les mots, incapable de suivre le fil de sa pensée".

Envoyée pour tenter d'éteindre l'incendie, la vice-présidente américaine Kamala Harris a elle même été contrainte de concéder que Joe Biden avait été "lent au démarrage" mais qu'il avait "fini en force".

Le débat Trump-Biden, un tournant dans la campagne

La républicaine Nikki Haley, ancienne rivale de Donald Trump aux primaires et dont les voix sont particulièrement courtisées par les deux candidats, est allée jusqu'à suggérer que Joe Biden ne serait pas "le candidat des démocrates à l'élection", exhortant les républicains à "rester sur leurs gardes".

Joe Biden peut-il se retirer, de gré ou de force, à quelques mois de l'élection américaine du 5 novembre ? Un tel scénario est dans les faits extrêmement peu plausible et Joe Biden devrait, sauf énorme surprise, être investi par son parti pour la présidentielle de novembre durant la convention démocrate de Chicago mi-août.

La contre-performance de Joe Biden marque pourtant très probablement un tournant dans une campagne jusqu'ici extrêmement serrée : les deux candidats sont au coude-à-coude dans les Etats susceptibles de faire basculer l'élection. Il est toutefois très difficile de dire si le débat fera radicalement bouger les lignes, dans un pays où la polarisation politique est extrême.

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L'ancien président américain Donald Trump lors du débat présidentiel face à Joe Biden dans les locaux de CNN à Atlanta en Georgie, le 27 juin 2024 © AFP - ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Donald Trump encore menacé par la justice

L'enjeu n'en est pas moins énorme : si l'un des deux candidats arrive à séduire quelques électeurs indépendants, cela pourrait suffire à lui donner l'avantage en novembre, tant le scrutin s'annonce serré.

Une autre grande inconnue pèse toutefois sur le scrutin : Donald Trump devrait être fixé dans deux semaines sur sa peine dans son procès à New York. L'ancien président républicain risque en théorie la prison dans cette affaire, même si ce scénario paraît très peu probable.

La Cour suprême des Etats-Unis, largement remaniée par l'ancien magnat de l'immobilier, doit aussi décider prochainement si Donald Trump dispose d'une immunité pénale afin d'obtenir l'annulation des poursuites à son encontre sur ses tentatives d'inverser illégalement les résultats de la présidentielle de 2020. Il pourrait être fixé sur son sort dès vendredi.

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