Thomas Fabius : "vol" à Las Vegas, gains "suspects", ce qui est reproché au fils de Laurent Fabius

Thomas Fabius : "vol" à Las Vegas, gains "suspects", ce qui est reproché au fils de Laurent Fabius Le fils Fabius dans la tourmente - A cause de chèques en bois faits à des casinos, Thomas Fabius, le fils du ministre des Affaires étrangères, est sous le coup d'un mandat d'arrêt. Mais s'il perd à Las Vegas, il semble avoir une chance intrigante ailleurs. Voire suspecte pour la justice.

[Mis à jour le 30 octobre 2015 à 16h20] Rien ne va plus pour Thomas Fabius, le fils aîné de Laurent Fabius. Ses ennuis judiciaires le rattrapent et c'est aujourd'hui le numéro 2 du gouvernement français qui s'expose à certaines contrariétés. Car le jeune homme traine avec lui une réputation de flambeur et plusieurs affaires sont aujourd'hui devenues si embarrassantes qu'elles pourraient toucher par ricochet le ministre des Affaires étrangères. La justice s'est notamment penchée récemment sur des flux financiers "suspects" et une chance qui ferait pâlir n'importe quel amateur de jeu, révèle Le Point. Cette fois, c'est en effet l'amateur de jeu qui fait l'objet des soupçons. Il faut dire que Thomas Fabius est particulièrement verni. Le fils du ministre des Affaires étrangères a ses habitudes dans les établissements de jeu de la République de Chypre du Nord, mais parcourt depuis des années les casinos à travers le monde. Le Point a révélé mercredi soir qu'entre avril 2011 et avril 2012, il a ainsi remporté pas moins 13 millions d'euros de gains. Le tout en perdant dans le même temps "seulement" 5 millions d'euros.

L'hebdomadaire indique que l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) juge cette veine très suspecte, ajoutant que "selon les experts", pour se constituer un tel pactole - c'est à dire un bénéfice de 8 millions d'euros -, il faut en général compter sur une mise de 20 à 25 millions d'euros. L'OCRGDF enquête depuis 3 ans sur le "cas" Fabius. Car des mouvements financiers réalisés par le jeune homme ont de quoi intriguer. En 2011, d'abord, ceux réalisés afin de décrocher une ligne de crédit de 200 000 euros dans un grand casino de Marrakech. Puis, en juin 2012, l'achat d'un appartement de 7,3 millions d'euros, effectué via une société immobilière laisse perplexes les enquêteurs, d'autant que pour compléter l'opération, 4 millions d'euros sont laissés en gage à la banque. Une somme qui proviendrait directement de clubs de jeux anglais. 

Un mandat d'arrêt pour "vol" à Las Vegas

Selon les informations du Point, Thomas Fabius est aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt pour une dette de jeu aux Etats-Unis, contractée dans plusieurs casinos de Las Vegas entre le 15 et le 16 mai 2012. Le procureur du Nevada a déposé une plainte contre lui pour "chèques sans provision" et "vol" en 2013. L'hebdomadaire évoque des chèques en bois signés par Thomas Fabius pour un montant de 3,2 millions d'euros, tous libellés lors d'une nuit de folie passée à Las Vegas. Jeudi 29 octobre, le procureur local a confirmé l'information à l'AFP. Un porte-parole du bureau du procureur du comté de Clark, dans l'Etat occidental du Nevada où se situe Las Vegas a précisé que ce mandat était limité au territoire amércain, ce qui signifie que tant que le fils des affaires étrangères ne met pas les pieds aux Etats-Unis, il ne sera pas inquiété. Mais s'il s'y rend malgré tout, il risque de s'y faire arrêter.

"Thomas Fabius, les casinos et les dettes : une longue histoire"

Thomas Fabius a perdu des centaines de milliers d'euros en une seule nuit dans les casinos de Las Vegas. Fait étonnant, le 16 mai 2012, c'est aussi le jour où son père, Laurent Fabius, a été nommé par François Hollande ministre des Affaires étrangère. 

Ce vendredi 30 octobre, le Front national a publié un communiqué pour demander la démission pure et simple de Laurent Fabius, car, selon le parti de Marine Le Pen, "il n’est pas envisageable que des considérations personnelles, qui peuvent constituer autant d’éléments de pression, ne viennent perturber l’action d’un ministre naturellement amené à discuter et négocier très régulièrement avec les Etats-Unis sur des sujets de la première importance".

Laurent Fabius embarrassé

Ce n'est pas tout. Le fils de Laurent Fabius aurait même contracté une dette de 1,9 million d'euros au casino de Monte-Carlo en février 2012, mais l'établissement de jeu n'aurait jamais réclamé sa créance. Mieux, le casino a remboursée le fils du ministre à hauteur de 700 000 euros. 

"Est-ce par égard pour un client VIP à qui l'on déroulait le tapis rouge, jusqu'à mettre à sa disposition un jet privé, ou par crainte d'un imbroglio diplomatique avec Paris ?" s'interroge Le Point. L'enquête a, en réalité, révélé que Thomas Fabius a bénéficié d'un remboursement pour "incident de jeu". Comme le raconte Valeurs Actuelles, le jeune homme, criblé de dettes, est parvenu à dépenser ces 700 000 euros alors qu'il avait dépassé son crédit maximal. Le casino ne l'ayant pas empêché de jouer - ce qu'il aurait dû faire -, ses mises ont dû être annulées. Une instruction est en cours, confiée aux juges Roger Le Loire et René Cros sur cette affaire. Une commission rogatoire internationale de la France a été exécutée et renvoyée aux juges.

Mais pour Valeurs Actuelles, il y a lieu de se poser des questions ; "Sur le Rocher, on se demande si certaines personnalités françaises ne sont pas intervenues pour étouffer l’affaire…", écrit ainsi l'hebdomadaire. Pour son père, ministre des Affaires étrangères en plein exercice, voilà qui pourrait devenir gênant.

Thomas Fabius et la justice : une vieille histoire

L'hebdomadaire indique en outre que l'OCRGDF a récupéré une note de Tracfin, l'organisme de Bercy chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent, en début d'année, concernant des versements provenant de sa tante. D'abord 235 000 euros, puis 315 998 euros. Il pourrait s'agir d'un simple prêt, mais les enquêteurs suspecte le rapatriement d'un héritage non déclaré. 

Thomas Fabius a en tout cas déjà eu maille à partir avec la justice. Il a déjà été condamné par un tribunal en juin 2011, pour abus de confiance. Au coeur de l'affaire : le détournement de 90 000 euros investis par un  homme d'affaires dans le lancement d'une entreprise de cartes à puce. Après avoir plaidé coupable, Thomas Fabius sera sanctionné de 15 000 euros d'amende, dont 10 000 avec sursis. La plainte sera abandonnée par la partie civile.

Thomas Fabius, né en 1981, est le premier fils de Laurent Fabius et de la productrice Françoise Castro, qu'il avait épousée en 1981 et dont il est aujourd'hui divorcé. Il a un petit frère, Victor (né en 1983).