Affaire Baupin : après le témoignage de Cécile Duflot, celui d'Emmanuelle Cosse

Affaire Baupin : après le témoignage de Cécile Duflot, celui d'Emmanuelle Cosse BAUPIN - Après Cécile Duflot, c'est l'épouse de Denis Baupin, Emmanuelle Cosse, qui s'est livrée dans le procès que l'ancien député a intenté contre les six femmes qui l'avait accusé d'agressions sexuelles.

[Mis à jour le 8 février 2019 à 15h29] Un procès un peu particulier se termine ce vendredi devant la 17e chambre correctionnelle à Paris. Accusé par six femmes, employées ou ex-employées de EELV, d'agressions sexuelles et de harcèlement, Denis Baupin a obtenu un non-lieu de la part du parquet de Paris, qui a considéré les faits prescrits. L'affaire aurait pu en rester là, mais l'ancien député du parti écologiste a porté plainte pour diffamation contre ces mêmes six femmes, ainsi que contre Mediapart et France Inter, qui avaient révélé l'affaire. Les désormais prévenues se sont succédé à la barre ces derniers jours, délivrant leur version des faits.

Mais ce jeudi, un témoignage un peu particulier est venu animer le procès : celui d'Emmanuelle Cosse, la femme de Baupin. A la barre, l'ancienne ministre écologiste, également militante féministe, a tenu à défendre son mari. "Si à un seul instant j'avais pensé que Denis Baupin puisse être l'homme décrit ici, je n'aurais pas fait ma vie avec lui. Cela aurait été renier ce que je suis, les engagements de ma vie", a-t-elle déclaré, concédant le côté "séducteur" de son mari. Mais, assure-t-elle, "en aucun cas" c'est "un agresseur et un harceleur".

Cosse, Duflot : deux témoignages, deux Denis Baupin

La semaine de procès a été marquée par la révélation des échanges de SMS entre Denis Baupin et les femmes qu'il accuse de diffamation, révélant parfois des messages intimes. Pour les anciennes plaignantes, il s'agit bien de harcèlement, mais pour Emmanuel Pierrat, l'avocat de l'ancien vice-président de l'Assemblée national, tous ces échanges se sont faits de manière consentante. Des deux côtés.

C'est également l'avis d'Emmanuelle Cosse. "Il aimait envoyer des SMS, aimait avoir ce jeu de séduction. La différence, c'est entre la séduction et le harcèlement. C'est la question du consentement", a-t-elle avancé. Ce témoignage intervient juste après celui de Cécile Duflot, autre figure du parti écolo et ancienne amie d'Emmanuelle Cosse. A la barre, l'ancienne ministre révélait que Denis Baupin avait tenté de l'agresser sexuellement, dans sa chambre d'hôtel, à Sao Paulo.

"Laisse toi faire"

Alors qu'elle était en train d'allaiter sa fille, Cécile Duflot dit recevoir un SMS de son collègue. "Je tire mon lait, parce que je ne veux pas arrêter d'allaiter ma fille, quand je reçois un SMS de Denis Baupin qui me demande mon numéro de chambre parce qu'il a un truc à me dire. (...) Sans lâcher mon tire-lait, je lui réponds. Dix secondes plus tard, il est à ma porte. J'ai tout de suite vu son regard", a-t-elle raconté à la barre. "J'étais vulnérable, j'avais un bébé. (...) Je ne comprends même pas comment il a pu croire qu'il y avait une ouverture", précise-t-elle, très émue.

Puis, l'ancienne députée en est venue à la scène en tant que telle. "Il me regardait bizarrement. Il m'a dit 'je sais que tu en as autant envie que moi'. Il me caresse et met sa main sur mon cou, il me dit 'laisse toi faire'.  J'ai eu un bon réflexe je lui ai donné un coup de pied dans le tibia. Je l'ai poussé dehors et j'ai claqué la porte", s'est-elle rappelé, expliquant ne pas avoir eu conscience, à l'époque, qu'elle avait affaire à "un agresseur sexuel".

Le témoignage de Cécile Duflot est donc venu compléter celui des six autres femmes, prévenues dans ce procès, occasionnant la révélation de certains échanges de SMS entre elles et Denis Baupin, absent des débats et représenté par Emmanuel Pierrat. Sandrine Rousseau, arrivée chez les Verts en 2009, a été la première à s'exprimer à la barre. Elle explique, suite à l'agression présumée dont elle prétend avoir été victime de la part de Denis Baupin, avoir gardé une distance qui ne laisse pas la place à une quelconque ambiguïté avec le député de l'époque. Ce n'est pourtant pas ce que semble avoir compris Baupin au regard de son échange de messages avec Sandrine Rousseau. "Moi qui espérais avoir perçu une ouverture. Bon, en tout cas, sache que si tu changes d'avis, tu me siffles, et je suis ton homme, ou tu veux quand tu veux (smiley)", lui avait-il écrit, à l'époque.

Des "SMS d'incitation sexuelle"

S'en suit un déjeuner en tête à tête, puis de nouveau échanges de SMS ponctués de smileys de la part de l'employée d'EELV. Un détail sur lequel s'est appuyé maître Pierrat pour discréditer le propos de Mme Rousseau. "Envoyer des smileys à son supposé agresseur, c'est étonnant…", a-t-il lancé suite à son témoignage. Avec Elen Debost, deuxième accusée à être passée à la barre, le contexte est différent. Tout part d'une mégarde de la part de celle qui est également entré chez EELV en 2009. Croyant s'adresser à son ancien compagnon, Elen Debost envoie un premier SMS à Denis Baupin.

La conseillère de l'époque demandera de la discrétion de la part de l'ancien vice-président de l'Assemblée nationale, suite à son erreur d'aiguillage. "J'ai quoi en échange ?", lui répond-il. Viennent ensuite des "SMS d'incitation sexuelle" et, bien qu'elle se sente menacée, Elen Debost parvient à répondre à Baupin sur le ton de la légèreté. Un "mécanisme de défense", explique-t-elle. Dans les échanges exhumés par maître Pierrat, les mots "caresses ", "doigts",  "courbes" sont cités, incitant l'avocat à parler de consentement entre Baupin et Debost. "Je vais arrêter de répondre à Me Pierrat", lance cette dernière. Ce vendredi, les débats ont donc repris, toujours sans Denis Baupin.