Discours Hollande : la vidéo de son intervention sur Cahuzac à l'Elysée [VIDEO]

Discours Hollande : la vidéo de son intervention sur Cahuzac à l'Elysée [VIDEO] François Hollande s'est exprimé sur l'affaire Cahuzac à la sortie du Conseil des ministres ce mercredi 3 avril 2013, vers 12h30. Discours, décisions, déclarations... Tout ce qu'il faut savoir.

[Mis à jour le 3 avril 2013 à 13h26] Le séisme provoqué par les aveux de Jérôme Cahuzac a poussé le président de la République à s'exprimer à peine une semaine après son intervention sur France 2. François Hollande, qui doit partir ce mercredi après-midi pour le Maroc en vue d'une visite d'Etat, a pris la parole dans les salons de l'Elysée à la sortie du Conseil des ministres, peu après 12h30. Une prise de parole présidentielle très courte, mais qui était très attendue alors que la droite et la presse pointent les "complaisances" du gouvernement envers son ancien ministre, pourtant coupable d'avoir détenu un compte à l'étranger.

François Hollande a d'abord condamné la "défaillance d'un homme" qui "doit nous rendre plus intransigeants". "C'est un choc ce qui vient de se produire car c'est un grand manquement à la morale républicaine [...]. C'est une faute impardonnable, un outrage fait à la République [...], d'autant que les faits reprochés sont eux-mêmes intolérables", a souligné le chef de l'Etat qui promet que "toute la lumière sera faite et que c'est la justice qui poursuivra son travail sans entrave et en toute indépendance". Le président de la République a aussi tenu à insister sur le fait que "Jérôme Cahuzac n'a bénéficié d'aucune protection autre que celle de la présomption d'innocence". "Et il a quitté le gouvernement à ma demande, dès l'ouverture d'une information judiciaire", ajoute-t-il.

François Hollande estime donc qu'il est "amené à prendre trois décisions, qui vont dans le sens des engagements [qu'il] avait pris devant les Français". "D'abord renforcer l'indépendance de la justice. C'est le sens de la réforme du Conseil supérieur de la Magistrature. Cette réforme sera votée au Parlement dès cet été. Elle donnera aux magistrats les moyens d'agir en toute liberté, en toute indépendance, contre tous les pouvoirs", affirme le chef de l'Etat. "Ensuite, lutter de manière impitoyable contre les conflits entre les intérêts publics et les intérêts privés et assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires." Selon François Hollande, "le gouvernement soumettra là encore au Parlement dans les semaines qui viennent un projet de loi dans cette direction". "Enfin les élus condamnés pour fraude fiscale ou corruption seront interdits de tout mandat public", termine François Hollande au chapitre des décisions avant de conclure : "La République, c'est notre bien le plus précieux, elle est fondée sur la vertu, l'honnêteté, l'honneur. La défaillance d'un homme doit nous rendre, encore plus exigeants, plus intransigeants et je le serai. Parce que je sais ce que ça représente pour les Français, cette blessure. L'exemplarité des responsables publics sera totale. C'est mon engagement, je n'en dévierai pas et les Français doivent en être certains."

"Affaire Cahuzac : François Hollande s'exprime"

Une vive condamnation, trois décisions

Le chef de l'Etat a donc procédé en deux temps lors de cette brève allocution. D'abord une condamnation ferme des actes et du mensonge de son ancien ministre en utilisant des mot forts comme "outrage", "faute impardonnable", "faits intolérables". Une manière de bien se distinguer désormais d'un socialiste tombé dans l'opprobre et de veiller à ne pas cautionner l'amalgame fait entre Cahuzac et la majorité. Dans un second temps, le président de la République a semble-t-il tenu à montrer qu'il était décidé à agir avec trois décisions. Il a d'abord rappelé la réforme du Conseil supérieur de la Magistrature censée renforcer l'indépendance de la justice. Il a ensuite demandé que le patrimoine des ministres, députés et sénateurs soit publié et contrôlé. Il a également tenu à ce que toute condamnation d'un élus condamnés pour fraude fiscale ou corruption provoque de fait son inéligibilité. Deux annonces dont on ne connait pas encore les modalités d'application à l'avenir.

Ce mardi 2 avril, Jean-Marc Ayrault s'était déjà exprimé lors du 20 heures de France 2. Le Premier ministre a affirmé qu'il n'avait "aucune raison de ne pas croire" son ministre du Budget, à l'époque ou celui-ci niait l'enquête de Médiapart sur son compte en Suisse. Le chef du gouvernement disait aussi se sentir "trahi" par Jérôme Cahuzac, après que celui ci ait avoué aux juges, mais aussi sur son blog jerome-cahuzac.com l'existence d'n compte de 600 000 euros. Il lui a aussi demandé de "prendre ses responsabilités" et de renoncer à sa carrière politique.

Au Parti socialiste, le député et patron du groupe PS à l'Assemblée Bruno Le Roux a été l'un des premiers à réagir par communiqué. "Le président de la République a eu les mots qu'il faut : l'exemplarité des responsables publics a été, est et restera notre ligne de conduite. Le Président de la République a pris les décisions qu'il faut : renforcement de l'indépendance de la justice, lutte impitoyable contre les conflits d'intérêts, inéligibilité de tout responsable public condamné pour fraude fiscale ou corruption", a déclaré ce proche de François Hollande.