Nicolas Sarkozy : un retour imminent synonyme de vengeance

Nicolas Sarkozy : un retour imminent synonyme de vengeance Nicolas Sarkozy "montre de plus en plus son appétence" dixit Brice Hortefeux. L'ancien chef de l'Etat aurait reformé son équipe de campagne et voudrait prendre sa revanche sur les "traitres" et les affaires.

L'UMP pourra-t-elle supporter sans risque d'implosion un retour de Nicolas Sarkozy ? Si l'ancien chef de l'Etat décide de revenir en politique, les tensions au sein du principal parti d'opposition seront clairement ravivées. D'abord, parce ce que Nicolas Sarkozy ne reviendra que pour reprendre les rênes et le leadership du parti. Il serait inconcevable pour lui de jouer les seconds rôles. Ensuite, parce que ses proches, ou anciens proches, ne cachent leurs ambitions, comme François Fillon qui sera "candidat quoi qu'il arrive" à la primaire de 2017. Enfin, parce que le parti se remet doucement de la guerre interne de novembre dernier. Les équilibres sont fragiles à l'UMP, les clans et les divergences de plus en plus manifestes. 

Malgré cela, Nicolas Sarkozy compte bien revenir. Les signes de son impatience s'accumulent depuis des semaines. Mais les choses semblent vraiment s'accélérer. Dans son édition de lundi, Le Monde reprend les propos de son plus intime conseiller, Brice Hortefeux, pour qui l'ancien président "montre de plus en plus son appétence". Le quotidien a interrogé plusieurs de ses proches, tous ont le même discours : Nicolas Sarkozy se prépare. "Il est en campagne, ça ne fait aucun doute" lâche un conseiller. "Il n'y a presque plus de conditionnel dans son discours" fait savoir un député. Parmi les indices indiquant de manière évidente des velléités de l'ancien chef de l'Etat : la reformation informelle de son premier cercle de travail, celui qui était chargé de l'appuyer pendant sa campagne de 2012. Ils sont plusieurs à rester en contact avec Nicolas Sarkozy : Emmanuelle Mignon, l'ancienne rédactrice du programme, le conseiller presse Franck Louvrier, Pierre Giacometti, le publicitaire Jean-Michel Goudard, sa "plume" Camille Pascal... Quid de Patrick Buisson, l'homme de la "droitisation" ? Nicolas Sarkozy ne l'aurait plus "dans la tête", c'est en tout cas les mots qu'il aurait prononcés pour rassurer François Baroin.

Vengeance contre François Fillon

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Nicolas Sarkozy s'est affiché le 3 juin dernier avec François Baroin à Londres, avant de rencontrer David Cameron. L'ancien président sait que se montrer avec les plus proches soutiens de François Fillon sont autant de signes à l'attention de son ancien Premier ministre. En clair : les fillonistes sont libres, tellement libres qu'ils fileront dans le camp sarkozyste le temps voulu. C'est en substance une des stratégies de l'ancien chef de l'Etat. S'il revient, il faudra le faire contre François Fillon, qu'il considère aujourd'hui comme un adversaire. "C'est le pire des traîtres, il n'est pas capable de me dire en face ce qu'il dit dans les médias !" se serait emporté Nicolas Sarkozy devant un proche, selon Le Monde. L'ancien homme fort de Matignon avait quelques jours auparavant fait état de "divergences irréconciliables" dans un documentaire diffusé sur France 3 établissant le bilan des années Sarkozy. 

Nicolas Sarkozy adore jouer sa partition lorsqu'il a identifié un ennemi. Face à Dominique de Villepin, il s'était montré impitoyable en 2007. En quelques semaines, tous ses soutiens étaient passés dans son camp. Face à François Fillon, l'ancien chef de l'Etat s'adonne aux même exercice. Le moment venu, certains fillonistes, anciens fidèles sarkozystes, devront faire un choix : Valérie Pécresse, François Baroin, Christian Estrosi... Et Nicolas Sarkozy a de sérieux atouts pour les convaincre.

Vengeance contre les affaires

L'ancien président aime les défis et les belles histoires d'hommes providentiels. Il l'a déjà affirmé, s'il revient, cela sera avant tout pour la France. "Je serai obligé d'y aller. Pas par envie. Par devoir. Uniquement parce qu'il s'agit de la France" avait-il confié à Valeurs actuelles en mars dernier. Nicolas Sarkozy, sauveur du pays ? Voilà des habits qu'il adorerait revêtir. Mais il se drape surtout pour l'heure dans sa probité, qu'il estime baffouée. S'il doit choisir entre De Gaulle ou Montecristo, Sarkozy choisira Dumas.

Toutes les affaires judiciaires dans lesquelles Nicolas Sarkozy est cité pourraient compliquer son retour. Mais pour l'ancien président, cela serait extrêmement injuste. Sa mise en examen dans l'affaire Bettencourt l'a beaucoup affecté, notamment parce que la décision du juge lui semble injustifiée. Voilà qui pourrait pousser l'ancien président à revenir, ne serait-ce que pour faire taire tous ceux qui l'incriminent. Vengeance encore... Beaucoup se souviennent d'ailleurs de l'énergie qu'il avait mise à prendre sa revanche sur ceux qui l'avaient impliqué dans l'affaire Clearstream.

Un retour dès 2014 ?

Désormais, ses proches parlent de l'élaboration d'un "plan de bataille". "C'est un lion dans une cage. Il a tellement envie de rugir qu'on voit les pattes sortir !" explique un député UMP dont les propos sont repris par Le Monde. Pour revenir, il faudra jouer dans le bon timing. Et si les municipales de 2014 prouvaient que l'UMP ne s'est pas encore reconstruite, et que le FN montrait dans le même temps l'étendue de sa force ? Voilà qui permettrait à Nicolas Sarkozy de s'imposer sur la scène publique. Ses amis ne cachent plus leur souhait de lancer un "appel" à l'ancien chef de l'Etat pour qu'il prenne ses responsabilités. L'ancien président projette aussi de publier un livre, qui fera - qui peut en douter ? - beaucoup de bruit.

EN VIDEO : Le retour de Nicolas Sarkozy fera bouger les lignes à l'UMP. Parmi les cadres "sarko-compatibles", Valérie Pécresse estime que Nicolas Sarkozy derva se plier à l'exercice des primaires :

"Valérie Pécresse : "La primaire aura lieu, même si Nicolas Sarkozy revient""

Crédit image : Creative Commons -  European People's Party