François Hollande : les 3 messages cachés de son discours

François Hollande : les 3 messages cachés de son discours Dans son discours le lundi 31 mars, François Hollande a annoncé la nomination de Manuel Valls à Matignon. Mais en lisant entre les lignes, bien des messages pouvaient aussi être détectés.

C'est décidé et c'est confirmé. Manuel Valls est depuis lundi soir le Premier ministre de la France. François Hollande a mis fin aux fonctions de Jean-Marc Ayrault à Matignon et a placé le ministre de l'Intérieur à la manœuvre. Le chef de l'Etat s'en est expliqué à 20 heures à la télévision, via un message enregistré. Pour l'instant, la composition du gouvernement Valls n'est pas encore connue. On annonce une déclaration dans la matinée du mercredi 2 avril et un premier Conseil des ministres décalé à jeudi. D'ici là, le mystère planera encore sur l'équipe qui est en train de se mettre en place mais aussi sur la ligne politique, ou "la feuille de route", qu'elle adoptera. Mais en réécoutant le discours de François Hollande, plusieurs messages cachés peuvent être trouvés.

"Les municipales m'ont fait très mal." C'est, en substance ce qu'aurait pu dire François Hollande mot pour mot, mais qu'il a expliqué d'une autre manière. Le chef de l'Etat a été touché voire frappé par le résultat des municipales. Le remaniement et la nécessité de venir s'expliquer à la télévision en sont les meilleurs preuves. Mais c'est sans doute à la fin de son discours que le chef de l'Etat a été le plus explicite sur la question. François Hollande a fait une allusion aux maires de Toulouse, Angers, Reims, Saint-Etienne, Laval ou encore Quimper. Des maires socialistes, dont des très proches, comme Bernard Poignant, éjectés par la vague bleue. "Je pense aussi à tous ces candidats qui avaient vaillamment changé leur ville et qui n'ont pas toujours eu la récompense de leur mérite", a brièvement indiqué le chef de l'Etat comme si une épine lui avait été plantée au coeur.

"Je ne changerai rien." L'autre information flagrante de ce discours est le maintien du cap fixé. "Il est temps d'ouvrir aujourd'hui une nouvelle étape", a indiqué François Hollande dans le premier paragraphe de son allocution. Mais le chef de l'Etat, qui a annoncé trois grandes missions pour le nouveau gouvernement, a commencé par rappeler la nécessité du "redressement" et a immédiatement cité le pacte de responsabilité, qui est plus que jamais maintenu. "J'ai proposé le pacte de responsabilité, il est prêt", a indiqué le président de la République dont le discours n'a pas bougé d'un iota sur la question : "Moins de charges sur les entreprises, et en particulier sur les bas salaires et en contrepartie, plus d'embauches et plus d'investissement. Le pacte de responsabilité, c'est un acte de confiance pour tous les acteurs économiques". A la fin de son intervention, il a aussi rappelé la nécessité de "mettre en oeuvre le programme d'économies budgétaires". "Je l'ai annoncé", a même ajouté encore François Hollande redisant qu'il ne fallait pas pour autant "fragiliser la croissance". C'est donc bien la politique annoncée dès ses vœux aux français le 31 janvier que le chef de l'Etat entend poursuivre.

"Ecologistes, restez avec moi !" Dans son discours, François Hollande n'a bien évidemment rien dit du maintien ou non des écologistes au sein du gouvernement. Si Cécile Duflot, dont l'animosité avec Valls est connue, a d'ores et déjà annoncé qu'elle quittait l'équipe avec Pascal Canfin, faute de nouvelle nouvelle ligne, certains écologistes pourraient être tentés par le prestige d'un maroquin. Jean-Vincent Placé ou encore François de Rugy pourraient, en solo, se greffer à l'équipe de Manuel Valls. Et François Hollande l'a bien compris, lui qui a besoin des écolos pour garder une majorité à l'Assemblée, mais aussi pour mener les prochaines échéances électorales : les européennes dans quelques semaines, mais aussi les départementales 2015 qui s'annoncent difficiles. Après le pacte de responsabilité, la première réforme à venir citée par le président de la République fut la "transition énergétique". Car l'enjeu de l'économie française, a rappelé François Hollande, c'est " aussi produire différemment". "C'est l'exigence de la transition énergétique qui sera maintenant préparée pour que très vite, la France puisse s'engager, pour qu'elle soit moins dépendante du pétrole comme du tout nucléaire et qu'elle puisse prendre de l'avance sur les industries vertes." Engager "très vite" cette transition énergétique, cela veut dire aussi qu'un ministre pourra très bientôt poser sa signature sur cette réforme. Le rêve absolu pour certains écologistes aujourd'hui.

"Hollande: Valls à la tête d'un gouvernement de combat"

Alors qu'il nomme l'un des hommes politiques les plus à droite de son parti, François Hollande a aussi voulu manifestement envoyer un message à l'aile gauche du PS. En contrepartie du pacte de responsabilité, très pro-entreprises, François Hollande a annoncé un "pacte de solidarité". Ce dernier sera tourné vers "l'éducation, et la formation de la jeunesse, [...] la sécurité sociale avec la priorité donnée à la santé, et [...] le pouvoir d'achat avec une diminution des impôts des Français d'ici 2017 et une baisse rapide des cotisations payées par les salariés". Déjà, les rumeurs qui circulent sur le remaniement ministériel évoquent un pacte entre Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, deux ministres qui représentent l'aile gauche du Parti socialiste.