Georges Tron en prison : l'ancien ministre ne peut pas compter sur un aménagement de peine

Georges Tron en prison : l'ancien ministre ne peut pas compter sur un aménagement de peine GEORGES TRON - Plus de deux après avoir été acquitté, Georges Tron a finalement été condamné en appel à de la prison ferme, pour viol et agression sexuelle en réunion.

[Mis à jour le 18 février 2021 à 12h33] Presque dix ans après avoir démissionné du gouvernement Fillon, Georges Tron est donc en prison, depuis le jugement de la cour d'assises d'appel, ce mercredi soir. Le maire LR de Draveil (Essonne) a été reconnu coupable de viol et d'agression sexuelle en réunion sur la personne de Virginie Ettel, ancienne adjointe à la mairie, et a été condamné pour cela à cinq ans de prison, dont deux avec sursis. Fait marquant de ce procès, la cour et les jurés sont allés au-delà de la réquisition du parquet, qui avait demandé cinq ans d'emprisonnement dont trois avec sursis contre Georges Tron, avec la possibilité pour ce dernier de purger sa peine non pas derrière les barreaux, mais en liberté avec un bracelet électronique.

"Qu'apporterait le fait que Georges Tron soit incarcéré pendant deux ans ? Je me suis posé la question. Je n'ai pas trouvé la réponse", a jugé l'avocat général Jean-Christophe Muller, avant que la cour ne se retire pour onze heures de délibération et n'impose à l'ancien secrétaire d'Etat à la Fonction publique de la prison ferme, qui ne pourra pas faire l'objet d'un aménagement de peine lui permettant d'échapper à plusieurs mois de prison. Le code pénal prévoit qu'un aménagement de peine, transformant l'incarcération en prison à une privation de liberté alternative, n'est possible que si ladite peine de prison est inférieure à deux ans. Pour se justifier, la cour a dit avoir retenu la "contrainte morale" exercée par l'édile en raison du lien de subordination qui existait avec sa victime, mais aussi "sa persistance à nier", ainsi que "les pressions exercées sur les témoins et les victimes".

La contrainte, noeud de l'affaire enfin dénoué

L'ex-adjointe à la culture de Georges Tron, Brigitte Gruel, qui comparaissait pour les mêmes faits, a été condamnée à deux ans d'emprisonnement avec sursis. Les deux prévenus, désormais inscrits au fichier des délinquants sexuels, ont en revanche été acquittés pour les viols et agressions sexuelles en réunion présumés sur la deuxième plaignante, Eva Loubrieu. Cette affaire tient là son épilogue, deux ans après l'acquittement de la cour d'assises du tribunal de grande instance de Bobigny, où l'on se souvient des plaidoiries d'Eric Dupont-Moretti, qui défendait alors Georges Tron.

Le parquet avait fini par faire appel et cette fois, la crédibilité de la plaignante, ancienne employée de la municipalité, a été retenue et surtout, la contrainte sous laquelle Virginie Ettel a participé aux ébats sexuels mettant aux prises Georges Tron et Brigitte Gruel au sein de la mairie de Draveil au tournant des années 2010 a bien été établie, contrairement à il y a deux ans.

Virginie Ettel a toujours maintenu sa version en soutenant avoir notamment subi une pénétration digitale et des caresses à l'occasion d'un déjeuner dans un château de la ville. Selon la victime, Georges Tron aurait également profité de séances de réflexologie plantaire, que l'homme politique ne s'est jamais caché de pratiquer, pour commettre les faits "par surprise" et instaurer un "climat hypersexualisé". "Georges Tron et Brigitte Gruel avaient conscience de cette contrainte exercée et, par suite, [du] défaut de consentement [de Virginie Ettel]", a expliqué la cour, qui s'est également appuyée sur "les déclarations précises et invariables" de Mme Ettel, "la nature des actes subis", et sur la "détérioration manifeste de son état psychologique" l'ayant conduit à deux tentatives de suicide. Des témoignages d'ancienne collaboratrice de Georges Tron, mais aussi celui d'une ancienne maîtresse, a fini de convaincre les jurés.