FN, LR, PS... Les enjeux des régionales 2015

FN, LR, PS... Les enjeux des régionales 2015 Les partis politiques devront tirer les bons enseignements des régionales 2015. A un an et demi de la présidentielle, le scrutin aura valeur de test et de rampe de lancement pour les prétendants.

[Mis à jour le 6 décembre 2015 à 1h11] Les événements tragiques de Paris ont phagocyté l'attention des médias le mois dernier, au moment où la campagne des élections régionales se lançait. Les principaux partis politiques, eux, sont pourtant restés très concentrés sur ce scrutin, dont les résultats serviront d'étalon à 18 mois des présidentielles et livreront un nouveau rapport de force entre formations politiques. Pour les partis de la majorité, à commencer par le parti socialiste, il s'agit de monter que la gauche est capable de se rassembler pour éviter une lourde défaite et une victoire du FN dans une ou plusieurs régions. Les élections intermédiaires étant toujours défavorables au pouvoir en place, les socialistes, à la tête de la quasi-totalité des régions, doivent limiter la casse pour conserver un maillage d'élus locaux et ne pas paraître trop affaiblis. Pour les socialistes, il faudra tout faire pour que les résultats des régionales ne soient pas trop interprétés par le prisme de la politique nationale.

Car François Hollande est d'ores et déjà bien lancé dans sa campagne pour la présidentielle de 2017. S'il n'a pas directement participé à cette campagne, des régionales, fonction présidentielle oblige. Il a plusieurs fois envoyé des signaux à sa majorité et à son électorat de 2012. Sur RTL à la mi-octobre, le chef de l'Etat prévenait : "Une région qui serait dirigée par le Front national cela aurait des conséquences". Très investi dans l'organisation de la COP21 comme l'a laissé entendre son entourage, le président de la République a laissé son Premier ministre monter au créneau dans la dernière ligne droite. Façon de prendre de la hauteur, mais aussi des distances, par rapport au résultat difficile qui s'annonce pour la majorité. façon aussi, diront les mauvaises langues, de laisser Manuel Valls, si populaire il y a encore un an et présenté comme le favori de la gauche pour la présidentielle, aller "au casse-pipe".

Comme lors des départementales, le chef du gouvernement a décidé de focaliser cette campagne sur la lutte contre le FN, allant même jusqu'à appeler les listes de gauche et de droite à la fusion entre les deux tours pour faire barrage au parti de Marine Le Pen là où il pouvait s'imposer. Une position diversement appréciée, notamment dans le nord de la France, sur les terres de Martine Aubry. Outre la "vague bleue" annoncée, une percée du FN pourrait être perçue comme un échec du Premier ministre qui a tant combattu le FN. Mais cette stratégie à contre courant de son parti, dont il est coutumier pourrait aussi être mise à son crédit : si le front républicain se met en place dans une ou plusieurs régions et permet de battre le FN, sa stratégie sera présentée comme salvatrice. Si au contraire les alliances gauche-droite étaient rejetées et le FN élu, Manuel Valls pourra devenir celui qui avait raison avant tout le monde.

Les élections régionales à droite, le calme avant la tempête

L'enjeu est tout aussi grand pour la droite et le centre, unis pour ces élections régionales 2015. Pour créer une dynamique d'alternance, il faudra que les candidats investis par le parti de Nicolas Sarkozy parviennent à s'imposer dans un maximum de régions. La droite républicaine est ressortie affaiblie de la séquence de gestion politique de l'après-attentat, prise en étau entre une gauche remobilisée et présente sur le terrain de la sécurité et le Front national. Si le parti LR ne parvient pas à remporter au moins 8 régions sur 13, d'aucuns considèreront qu'il s'agit d'un revers dans un scrutin qui leur est à priori plus favorable.

Et ce revers pourrait être directement attribué à Nicolas Sarkozy qui cherche encore à retrouver de sa superbe depuis son retour sur la scène politique en 2014. La victoire des départementales aura été éclipsée par des résultats sans doute plus mitigés qu'annoncés et (déjà) par la percée du FN. Mais l'ancien chef de l'Etat ne serait pas le seul prétendant à laisser des plumes dans le combat des régionales si le FN réussissait son pari de prendre une à deux régions. car face au FN, ce sont bien souvent des ténors de la droite, rivaux pour la primaire qui se tiendra en 2016 qui tiennent le haut de l'affiche. Les Bertrand, Estrosi, Wauquiez ont tous quelque chose à perdre ou à gagner lors de ces régionales. François Fillon et Alain Juppé sont eux aussi exposés, mais dans une moindre mesure, l'un soutenant ouvertement la candidate en Ile-de-France Valérie Pécresse, l'autre en ayant poussé sa protégée, Viriginie Calmels, dans le combat en Aquitaine.

Et comme à gauche, du positionnement de tous ces prétendants à l'Elysée face au Front national dépendra en partie leur salut. Car entre ceux qui prônent une droite dure et "assumée" pour contrer le FN et ceux qui estiment qu'elle doit rester attentive au respect de ses valeurs républicaines, voire s'allier avec le Parti socialiste quand le FN est aux portes du pouvoir, il y aura forcément des vainqueur et des vaincus dès ce dimanche soir. Ou tout au plus ceux qui avaient raison et ceux qui avaient tort. De quoi raviver les tensions entre "les droites" dès la fin du scrutin et relancer la guerre des ténors en vue de 2017.

Le Front national, lui, semble focalisé sur l'objectif de Marine Le Pen. Le but est bien sur d'engranger le plus d'élus possibles dans un maximum de conseils régionaux. Mais la présidente frontiste vise principalement à s'imposer dans au moins régions : dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et dans la région PACA. En revanche, si Marine Le Pen est battue lors de ces élections, soit par Xavier Bertrand, soit par Pierre de Saintignon, la présidente du FN enregistrerait une vraie défaite alors qu'elle ambitionne de remporter les élections présidentielles. Ne pas parvenir à s'imposer dans un scrutin local pourrait être perçu comme un coup d'arrêt à la montée en puissance de son parti ces dernières années.

Crédit image : Witt/Sipa