Résultats du FN : Marine Le Pen encore pénalisée par le "plafond de verre"

Résultats du FN : Marine Le Pen encore pénalisée par le "plafond de verre" Le Front national peut-il faire mieux aux élections régionales que lors des départementales ? Le résultat du parti de Marine Le Pen ce dimanche doit encore être analysé en considérant son isolement sur l'échiquier politique.

Jusqu'où ira l'ascension du Front national ? Le parti de Marine Le Pen n'est pas parvenu à conquérir le moindre département lors des élections de mars dernier. Avec 31 binômes de conseillers départementaux seulement (sur 2014 candidats), les espoirs de victoire du "premier parti de France" ont été bien déçus. Pour cette élection régionale, les ambitions frontistes sont bien plus fortes. Le mode de scrutin, qui garantit presque la présence du parti frontiste au second tour dans une triangulaire, permet à Marine Le Pen d'imaginer une vague d'élus qui feront leur entrée dans presque tous les conseils régionaux, car la désignation de leurs membres se fait de manière proportionnelle sur les résultats obtenus lors de l'élection régionale.

Sur les bases des résultats des derniers scrutins, le FN peut se projeter dans une France des régions comportant des dizaines d'élus de son parti. Mais les frontistes doivent aussi modérer leurs ardeurs : la proportionnalité n'est pas absolue, mais conditionnée à la "prime majoritaire", qui offre de fait 25 % d'élus à la liste de candidats arrivée en tête au soir du second tour. La répartition des sièges à la proportionnelle ne se fait donc que sur 75 % de ceux-ci. Par ailleurs, pour être vraiment "le premier parti de France", il faut s'imposer dans la majorité des scrutins, et là encore, les cadres d'un FN savent que "le plafond de verre" demeure toujours un énorme obstacle. Le parti de Marine Le Pen est extrêmement isolé et si la position de la droite sur le ni-ni a mis à mal le "front républicain" - que la gauche ne considère plus aussi impératif qu'auparavant non plus -, des digues existent toujours. Car en réalité, le "front républicain" n'est pas décidé par les formations politiques et encore moins par leurs chefs. Ce sont les électeurs qui choisissent de reporter leurs voix sur le candidat qu'ils pensent être le meilleur. Les analyses des derniers scrutins montrent que les électeurs du FN sont en général assez disposés à voter pour la droite au second tour, mais la réciproque est beaucoup moins vraie. Dans des triangulaires, la question se pose différemment, certes. Mais le coeur du problème pour le parti de Marine Le Pen, c'est qu'il ne dispose pas de réserves de voix pour faire significativement mieux d'un tour sur l'autre, contrairement à ses adversaires de la droite et de la gauche. Tant que Marine Le Pen jouera la carte de l'extrême singularité, son parti demeurera marginalisé. Car parmi les sympathisants de gauche et de droite, les électeurs expriment encore majoritairement l'envie de glisser n'importe quel autre bulletin que le sien dans les urnes.