Aubry accuse Valls de mentir, Valls s'amuse d'Aubry

Aubry accuse Valls de mentir, Valls s'amuse d'Aubry La guerre des deux gauches est ouverte : Martine Aubry accuse désormais Manuel Valls de mentir aux Français, le Premier ministre, lui, est prêt au combat.

[Mis à jour le 25 février 2016 à 17h45] Les socialistes n'ont plus d'autre choix que d'accepter le débat sur la ligne politique de leur parti. Il ne s'agit plus de brasser du vent comme lors des fastidieux congrès pour lesquels les uns et les autres feignent d'accepter telle ou telle motion, pour ensuite mieux se détourner de leur contenu. Désormais, la guerre de la gauche est bel et bien ouverte : Martine Aubry, en tête de file des contrariés de la ligne social-libérale de Manuel Valls, poursuit son offensive : après sa tribune dans le Monde pour s'offusquer de la politique gouvernementale, la maire de Lille s'offre un second round. Sur RTL ce jeudi matin, elle assure que le projet de loi sur la réforme du code du Travail n'est "pas de gauche". Au sujet de ce texte, elle déclare : "J'ai lu le blog de Manuel Valls. Je suis prête au débat avec lui. Il y a beaucoup de contre-vérités et de méconnaissances". Et d'ajouter : "J'ai fait des propositions, y compris sur cette question des licenciements, mais on ne me fera pas croire qu'on rendra les entreprises plus compétitives en fragilisant les salariés".

Le crochet du gauche de Martine Aubry peut-il faire vaciller le Premier ministre ? Ce dernier a accepté de monter sur le ring et de lui répondre par média interposé, alors que François Hollande évite soigneusement le sujet. "Je suis chef de gouvernement, je n'écris pas des tribunes de proclamation" a-t-il réagi, selon Le Monde, ajoutant : "Il n'y a pas un début de proposition". "Cette tribune a un avantage : cela oblige tout le monde à clarifier et à assumer. Il faut que tout le monde assume", estime-t-il encore.

Manuel Valls "assume"

A vrai dire, le locataire de Matignon peut se réjouir de la réaction de l'aile gauche du PS. Elle lui donne l'occasion de marquer sa différence, de reprendre le leadership de ce qu'il appelle la "gauche pragmatique", volontiers tournée vers les entreprises, l'initiative individuelle, qui ancre sa matrice sur une politique de l'offre. Grâce à Martine Aubry, c'est lui qui incarne à nouveau cette ligne, alors qu'Emmanuel Macron apparaissait comme le plus à même de porter ce courant de la "deuxième gauche". Le Premier ministre est donc "ravi". Il "va jusqu'à trouver la situation passionnante", écrit même Europe 1, manifestement bien renseigné sur l'état d'esprit de Manuel Valls. Il faut dire que le patron du gouvernement aime l'affrontement. Il s'y prépare depuis des mois. Le 15 février dernier, devant 400 militants réunis à Corbeil-Essonnes, il clamait déjà haut et fort son identité "social-réformiste", considérant qu'il y a "deux attitudes possibles, et souvent on les retrouve à gauche" : "fuir" ou "assumer" les responsabilités. Et de conclure, déjà, en affirmant qu'il existe deux camps de gauche "irréconciliables".

En vidéo - Pourquoi Martine Aubry charge la politique du gouvernement ?

""La gauche moderne, c'est nous" : Martine Aubry sonne la charge contre le gouvernement"

Crédit image - Michel Spingler/AP/SIPA