Franck Attal : qui est l'homme qui peut faire vaciller Nicolas Sarkozy ?

Franck Attal : qui est l'homme qui peut faire vaciller Nicolas Sarkozy ? FRANCK ATTAL - L'Affaire Bygmalion était au cœur de l'émission Envoyé spécial d'Elise Lucet ce jeudi. Une affaire que connaît particulièrement bien Franck Attal. Celui qui organisait les meetings de Nicolas Sarkozy en 2012 a d'ailleurs livré son témoignage.

[Mis à jour le 29 septembre 2016 à 22h59] Franck Attal, l'un des principaux protagonistes de l'affaire Bygmalion, témoigne pour la première fois à la télévision dans l'enquête d'"Envoyé spécial", diffusée ce jeudi soir sur France 2. Et ce qu'il affirme être la vérité met gravement en danger l'ex-président de la République et candidat Nicolas Sarkozy, déjà mis en examen pour "financement illégal de campagne électorale". L'ancien chef de l'Etat est en effet soupçonné d'avoir approuvé un système de fausses factures visant à dissimuler des dépenses effectuées pour sa campagne de 2012, notamment en imputant certaines prestations à l'UMP. L'objectif : ne passer dépasser le plafond légal pour ses comptes de campagne fixé à 22,5 millions d'euros.

VIDEO – L'extrait d'"Envoyé Spécial" déjà diffusé par France 2 avec le témoignage de Franck Attal

Franck Attal est le dirigeant de la filiale de Bygmalion chargée d'organiser les meetings. Lors de son audition par les juges, Nicolas Sarkozy assure ne pas le connaître. C'est pourtant lui qui a accompagné sur scène le candidat d'alors au début de chacun des 44 meetings qu'il tient entre janvier et mai 2012. Franck Attal n'est pas un débutant dans le milieu de l'événementiel, à cette époque, cela faisait déjà plus de quinze ans qu'il évoluait dans ce monde là. Il est chargé d'organiser les meetings sur le terrain, de veiller à ce que tout se passe bien et de gérer les prestataires. "La seule préoccupation de Franck Attal ? Qu'aucun meeting du candidat-président ne dérape", expliquait à L'Express Guy Alves, l'ancien coprésident de Bygmalion. La journaliste Violette Lazard citait dans son livre "Big Magouilles", sorti en 2014, les qualités que Franck Attal s'attribuait : "la rigueur, à la limite de la maniaquerie, l'organisation, la précision". "Il aime tout maîtriser", ajoute-t-elle.

Nicolas Sazkozy était-il au courant de ces fausses factures ?

Aujourd'hui, Franck Attal ne veut pas plonger seul, il ne veut pas assumer en solo la responsabilité du système de double facturation qui aurait été mis en place. Il assure que c'est Jérôme Lavrilleux, le directeur adjoint de campagne de Nicolas Sarkozy, qui est venu le voir après une dizaine de meeting pour mettre en place un stratagème. "Vous allez nous déplacer la facturation", aurait-il demandé à Bygmalion, d'après Franck Attal. "Vous nous livrez les meetings dans les formats habituels et il y aura une partie de la facturation liée aux meetings que vous allez facturer à l'UMP". La société d'événementiel aurait accepté d'aider l'équipe de Nicolas Sarkozy à tricher sur ses comptes de campagne.

"Je réalise que la demande est folle et grave. J'ai une sensation qui me dit 'tu es piégé'", se souvient aujourd'hui Franck Attal devant la caméra de France 2. Il admet également n'avoir jamais discuté de ces fausses factures avec Nicolas Sarkozy en personne, mais estime que sa responsabilité est "limitée". "Oui j'ai continué à livrer des meetings en étant au courant qu'au niveau des facturations les choses ne se faisaient pas de manière académique", affirme-t-il, "et il aurait été noble que des gens qui prétendent aux plus hautes fonctions de l'Etat aient au moins le même comportement que le mien".

Pour Jérôme Lavrilleux, tout ce qu'a déclaré Franck Attal "est exact", à un détail près. "Nous avons eu la discussions non pas à la mi-mars, mais mi-mai. Mais cela ne change rien", a rétabli l'ancien directeur adjoint de campagne sur le plateau de "Quotidien", le 19 septembre dernier. Nicolas Sarkozy, lui, a réfuté les affirmations de Franck Attal devant les juges. "Où est passé l'argent ? J'affirme qu'il n'est pas passé dans ma campagne", aurait-il déclaré selon France 2. L'ancien président était-il au courant du système de fausses factures ? C'est la question à laquelle doivent répondre les enquêteurs. Celui qui est aujourd'hui candidat à la primaire de la droite a refusé de rencontrer les journalistes d'"Envoyé spécial".