Danièle Obono : tout comprendre à la polémique "Vive la France"

Dénièle Obono est-elle victime de racisme ? Depuis son passage dans "Les Grandes Gueules", mercredi sur RMC, une polémique prend de plus en plus d'épaisseur.

Danièle Obono, députée France Insoumise dans la 17e circonscription de Paris, était l'invitée du "Grand oral des Grandes Gueules" sur RMC, le mercredi 21 juin. Les animateurs se sont autorisés une question étonnante, évoquant se origines gabonaises : "Avec votre parcours, d'être devenue députée, vous dîtes 'Vive la France !' ?". Elle a alors répondu : "Je peux dire 'vive la France'. Mais pourquoi, en soi ? Le 14-Juillet ? Vous voulez que je me mette au garde-à-vous et que je me mette à chanter la Marseillaise ? Non, mais c'est bizarre, je dis comme ça en me levant 'Vive la France !' ? Non, mais je suis allée à l'Assemblée, c'est pas mal, y compris vu d'où je viens". Les animateurs ont alors mentionné une pétition que la députée avait signée en 2012 pour soutenir le groupe ZEP et son titre "Nique la France", qui avait entraîné leur mise en examen pour "injure publique" et "incitation à la haine raciale". "C'est pour vous plus facile de soutenir 'Nique la France' que de dire 'Vive la France', je trouve quand même que pour un député de la République, c'est bizarre", ose un chroniqueur, qui manifestement n'a pas compris le propos de l'élue. Reste que cette séquence (voir ci-dessous) a déclenché une vive polémique, d'abord au sein de l'extrême-droite, puis dans une partie de la classe politique.

Sur Twitter, des hommes politiques de droite critiquent cette réponse de Danièle Obono : "Hallucinant ! La députée France Insoumise défend ceux qui chantent 'nique la France' mais hésite à dire 'vive la France'", écrit l'ancien député LR Thierry Mariani. De son côté, David Rachline a publié : "Cette Mme Obono semble ne pas avoir pris la mesure des siècles d'Histoire de France qui la contemplent et l'obligent. Elle veut pouvoir 'niquer la France' tranquillement ? Alors qu'elle quitte les dorures de la République".

"Danièle Obono agressée"

La France Insoumise est donc monté au créneau pour défendre sa députée. Jean-Luc Mélenchon a écrit sur Facebook : "Amitié, affection et respect pour le sang-froid de Danièle Obono, agressée sur les plateaux de télé par des chiens de garde médiatiques qui ne se rendent même plus compte que leur machisme est teinté d'une forme de racisme insupportable". Dans l'Express, le député FI Alexis Corbière s'indigne du traitement de Danièle Obono dans l'émission : "Je trouve honteux que Danièle Obono soit mise sur le grill sur ce sujet. J'estime que la pétition de 2012 défendait non pas les paroles de cette chanson, mais la liberté d'expression de ses auteurs (…) Je comprends totalement que Danièle réagisse comme ça. Vous aimeriez qu'on vous force à dire 'Vive la France', vous ?"

Des journalistes ont aussi pris position dans cette polémique. Sur Twitter, le fondateur de Mediapart Edwy Plenel fait une comparaison : "Georges Brassens non plus n'aimait pas marcher au pas. Juste mise au point face au déferlement haineux contre Danièle Obono". Sur Libération, une tribune intitulée "De quel droit somme-t-on Danièle Obono de crier 'Vive la France' ?" prend aussi la défense de la députée, estimant que cette polémique a aussi lieu parce que Danièle Obono est noire : "D'autres responsables politiques ont signé la même pétition, en 2012. Noël Mamère, Clémentine Autain, Eric Coquerel, Eva Joly, Olivier Besancenot. On n'a pas souvenir d'avoir entendu un journaliste demander à Noël Mamère ou Clémentine Autain de déclamer son amour sans réserve de la Nation sur un plateau pour justifier (ou expier) sa signature. (...) Si Ferré pouvait 'baiser la Marseillaise' et Renaud 'tringler la République', le chanteur de ZEP (même arabe) peut bien 'niquer la France'. Si Coquerel, Besancenot ou Eva Joly peuvent (doivent ?) rappeler cette saine évidence, Danièle Obono (même noire) le peut aussi."