François de Rugy : un déjeuner avec Philippe... Avant un retour ?

François de Rugy : un déjeuner avec Philippe... Avant un retour ? DE RUGY - Dix jours après son départ du gouvernement, François de Rugy aurait déjeuner avec le Premier ministre Édouard Philippe. Faut-il y voir le signe d'un retour de l'ancien ministre ?

[Mis à jour le 26 juillet 2019 à 11h14] François de Rugy et Edouard Philippe, le chef du gouvernement, auraient déjeuné ensemble ce jeudi 25 juillet, selon le Figaro. Dix jours après la démission du premier nommé de son poste de ministre de la Transition écologique, et deux jours après la parution de deux rapports semblant l'innocenter de la plupart des accusations dont il a fait l'objet, les deux hommes se seraient rencontrés dans un restaurant parisien. Ce rendez-vous pourrait à nouveau alimenter les rumeurs sur un éventuel retour de François de Rugy au gouvernement, alors que la possibilité avait déjà été entrouverte par les réponses évasives de l'intéressé et d'autres membres du gouvernement à ce sujet.

Interrogée la veille, après le Conseil des ministres, Sibeth Nidaye, la porte-parole du gouvernement, est restée elle aussi plutôt vague sur un éventuel retour de François de Rugy dans l'équipe gouvernementale. Elle a rappelé que ce n'était pas à elle "de décider des remaniements ministériels". Avant d'ajouter : "On a des résultats qui disent globalement que François de Rugy n'a transgressé aucune règle établie". Elle a toutefois invité l'ex-ministre à clarifier la défiscalisation de ses cotisations à Europe Écologie-Les Verts, dont il aurait illégalement bénéficié avant de rembourser les montants en 2014 et 2015. Les rapports de l'Assemblée nationale et du gouvernement étaient plutôt favorables à Rugy sur ce qui concerne les dîners controversés organisés à l'hôtel de Lassay ou le coût des travaux dans son logement de fonction.

François de Rugy : quelle est la probabilité d'un retour au gouvernement ?

François de Rugy s'est estimé "blanchi" lors de son passage sur France 2 mardi 23 juillet. "D'un point de vue juridique, rien ne lui est reproché. Aucune règle n'a été enfreinte. C'est un homme droit, honnête, et intègre" a appuyé sur RTL Pierre-Olivier Sur, l'un de ses avocats. Il a ajouté que l'ancien ministre se sentait "prêt à revenir". Lui-même n'avait pas complètement fermé la porte à un retour au sein du gouvernement, sur France 2. "Je ne suis pas venu pour parler de mon avenir", avait simplement éludé François de Rugy en ajoutant que "cette question ne lui [appartenait] pas". Certains souhaiteraient pourtant sa réintégration. "Ce retour est envisageable et je le souhaite vivement. Pour que ce gouvernement fasse sa révolution face à l'urgence écologique, il faut des ministres avec une réelle culture écolo. François de Rugy était le dernier ministre écolo de ce gouvernement. C'est la première fois depuis plus de sept ans que nous 'n'avons aucun membre écolo dans un gouvernement" a regretté auprès du Huffington Post le député François-Michel Lambert, qui a quitté LREM il y a quelques mois.

Mais après sa démission le 16 juillet dernier, une réintégration de François de Rugy au sein gouvernement dans les semaines ou les mois à venir reste très incertaine. Il a été remplacé dès le lendemain de sa démission par Élisabeth Borne, qui est devenue ministre des Transports et de la Transition écologique. "Cette histoire d'intérim d’Élisabeth Borne et de retour de Rugy, c'est du feuilletonage", a tranché un parlementaire de La République en Marche, interrogé par le Huffington Post. "Cela me paraît très compliqué. Et je ne vois rien se passer avant la rentrée", renchérit un autre. "Il faut tourner la page. D'autant qu'on ne peut pas dire que son charisme ait ébloui les Français. La transition écologique doit être incarnée par des battants", a encore jugé un "macroniste de la première heure". Même la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa a émis des réserves. "Je crois qu'on ne peut pas plaider pour la transparence d'un côté et fustiger cette transparence de l'autre" a-t-elle déclaré sur RTL.

François de Rugy est toujours en conflit avec Mediapart

Malgré les résultats des enquêtes, François de Rugy est-il aussi "blanchi" qu'il le dit ? Pas selon Mediapart, déjà à l'origine des premières révélations. Le journal d'investigation en ligne a en effet exprimé plusieurs réserves sur la façon dont les enquêtes ont été menées. Sur Twitter, le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi a dénoncé un rapport "de cinq pages, dont deux seulement sur le sujet", une "liste d'invités non publique" ou encore qu'aucun des invités aux dîners n'aient été interrogés dans le cadre de l'enquête. Mediapart a également publié de nouveaux éléments, estimant notamment que tous les dîners contrôlés par l'Assemblée relevaient en fait du privé. Le média s'appuie sur des photos et des témoignages parfois contradictoires de témoins et cite parmi les invités la productrice de cinéma Vanessa Djian, le patron de la discothèque parisienne des Bains-Douches Jean-Pierre Marois, ou les journalistes Alexandre Kara et Guillaume Dasquié. Selon Mediapart, c'est Séverine Servat de Rugy qui est le lien entre tous ces invités.

Certains membres de la rédaction de Mediapart voient également dans de récentes décisions du gouvernement et de l'Assemblée nationale un aveu de désapprobation envers François de Rugy. "Matignon et l'Assemblée vont faire évoluer les règles, suite à nos révélations des derniers jours. Edouard Philippe reconnaît en creux qu'il y a un problème", a constaté Marine Turchi, une journaliste de Mediapart, alors qu'elle était interrogée par franceinfo. Le gouvernement a en effet décidé dans une circulaire de soumettre "à l'approbation du secrétariat général du gouvernement" tous les travaux dans les logements de fonction des ministres au-delà de 20 000 euros. Et Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale, d'annoncer ce mardi 23 juillet la création d'un groupe de travail pour "renforcer les règles et procédures budgétaires de la présidence de l'Assemblée nationale".

En attendant, François de Rugy est toujours occupé. Il redeviendra en août député de la première circonscription de Loire-Atlantique, un mandat qu'il a laissé à son suppléant lors de sa nomination à la présidence de l'Assemblée nationale en 2017. Lors de sa démission, il avait également annoncé qu'il consacrerait du temps à préparer sa défense après avoir porté plainte contre Mediapart. Le 23 juillet, toujours sur France 2, l'ancien ministre a confirmé cette plainte et était toujours remonté contre le journal. "Il n'y aurait jamais dû y avoir d'affaire Rugy" a-t-il affirmé, "en revanche, il y a une affaire Mediapart".