Wauquiez : après la polémique sur la PMA, le patron des Républicains assume
LAURENT WAUQUIEZ- Laurent Wauquiez a participé dimanche à une manifestation du mouvement Sens Commun. Il a notamment rappelé son opposition à la PMA en faisant référence au nazisme
Le président des Républicains est intervenu dimanche 18 novembre à Asnières lors d'une journée de débats organisée par le mouvement Sens commun, issu de la Manif pour Tous et appartenant au parti de Laurent Wauquiez. Cette journée de débats s'intitulait "La droite que nous voulons est conservatrice " et Laurent Wauquiez a profité de cette occasion pour réitérer son opposition à la procréation médicalement assistée (PMA). Il a ainsi qualifié cette démarche, qui aide chaque année de nombreux couples à avoir des enfants, d'"engrenage". "Oui c'est un engrenage. Et cet engrenage mènera nécessairement à la marchandisation des gamètes", a-t-il déclaré. Et d'ajouter que "tout ceci a un nom, c'est l'eugénisme " et que "tout ceci a été fait par un régime, c'est le nazisme". Comme pour appuyer sa comparaison, le président de la région Rhône-Alpes a, par la suite, interrogé la foule en insistant : "Tout ceci est sans merci et n'a donc aucune conséquence ?". Une comparaison qui a fait polémique au sein de la classe politique. Malgré tout, dès dimanche soir, Laurent Wauquiez a réaffirmé ses positions dans un tweet.
En rappelant l'horreur de l'eugénisme et du nazisme, j'ai voulu rappeler les leçons de l'Histoire. Nos débats contemporains ne sont évidemment pas les mêmes mais quand on parle d'éthique, il faut être très vigilant sur les chemins que nous ouvrons.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 19 novembre 2018
"Irresponsable" pour Agnès Buzyn, "abject" pour Benjamin Griveaux
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a également utilisé Twitter pour réagir à la polémique suscitée par la déclaration de Laurent Wauquiez. Dans une vidéo de 37 secondes publiée sur son compte, elle a fait part de son indignation et accusé Laurent Wauquiez de "dévoyer le sens des mots". Selon elle, "la fin ne justifie pas les moyens ". Elle a rappelé "qu'aucune politique publique" en France "n'induit de l'eugénisme" avant d'en rappeler la définition. La ministre a par ailleurs souligné "qu'aucun acte médical ne peut conduire à l'eugénisme".
De son côté, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, est également revenu sur la déclaration du président des Républicains dans un tweet publié ce dimanche midi. Il a rappelé que le gouvernement irait "jusqu'au bout" en faveur de la PMA pour toutes. Le débat parlementaire devrait s'ouvrir fin mai-début juin 2019 alors qu'il était initialement prévu en début d'année 2019. Le Parti socialiste a également fait savoir qu'il condamnait les propos "irresponsables et stupides" du responsable des Républicains en réclamant des excuses de la part de Laurent Wauquiez.
La loi sur la PMA reportée
Le texte de loi sur l'ouverture de la procréation médicalement assistée qui devait être examiné au début de l'année 2019 ne le sera pas avant le printemps. Le député LREM Jean-Louis Touraine, également rapporteur de la mission d'information sur la bioéthique, a fait savoir à l'AFP qu'"il y [avait] un décalage de 4 à 5 mois en raison de l'encombrement de calendrier parlementaire". Les associations favorables à la procréation médicalement assistée y voient une autre raison. Il s'agirait en effet "d'une stratégie électorale" selon le terme utilisé par le président de SOS Homophobie, Joël Deumier. Les élections européennes étant prévues le 26 mai 2019, en reportant l'examen du texte de loi, cela éviterait à la droite d'en faire un thème de campagne. L'association Gaylib a dénoncé sur Twitter "un profond manque de courage, de volonté politique et de conviction" en réaction à l'annonce du report.