Grand débat national : les "quatre axes" retenus par Philippe

Grand débat national : les "quatre axes" retenus par Philippe

DEBAT NATIONAL - Lors de son discours ce lundi matin au Grand Palais, Edouard Philippe a tiré les conclusions du grand débat, évoquant "quatre axes" retenus avant les annonces concrètes.

[Mis à jour le 8 avril 2019 à 17h11] Le chef du gouvernement, participait, avec une bonne partie de ses ministres, à la conclusion générale du grand débat national ce lundi matin sous la nef du Grand Palais, à Paris. L'occasion pour Edouard Philippe de prendre la parole devant un parterre de citoyens, de représentants d'associations et de partenaires sociaux, de maires et de directeurs d'administration.

Point d'annonces concrètes pour l'instant donc, mais des pistes de travail pour le gouvernement afin de calmer cette fronde des gilets jaunes qui s'affaiblit certes, mais qui ne disparaît pas pour autant après 21 week-ends de mobilisation. Le Premier ministre, dans une logique de clarté apportée à un grand débat qui en manque parfois cruellement, a distingué "quatre axes" : "une immense exaspération fiscale", "une exigence de fraternité, de proximité, de lien quotidien", "une exigence démocratique" et "une exigence climatique".

"Nous devons baisser plus vite les impôts"

"Nous devons baisser plus vite les impôts", a-t-il notamment lancé en référence à l'"exaspération fiscale". Edouard Philippe, dans son discours, a également tenu à se satisfaire publiquement du succès du grand débat national porté par sa plateforme en ligne, qui a montré une réponse des Français aux "exemples de violence dont d'autres se complaisent chaque samedi". Selon les décomptes officiels, plus d'1,5 million de personnes ont participé à ce grand débat, 10 000 réunions locales ont été organisées et 16 000 cahiers de doléances ont été remis aux autorités.

L'institut de sondage Opinion Way s'est chargé d'étudier l'ensemble des contributions effectuées sur Internet, sur le site officiel du grand débat national. La synthèse a été consultée par France Info, partenaire de l'institut, qui rend compte des principales conclusions. Sans surprise, le sujet de la fiscalité est l'un des plus mis en avant par les contributeurs. 34,7% des participants au grand débat en ligne souhaitent que l'impôt sur le revenu soit payé par tous, 28,2% souhaitent un système fiscal plus simple, 27,8% réclament des impôts plus élevés pour les plus aisés, 11,8% veulent la suppression des niches fiscales. Surprise : seulement 10,3% demandent le rétablissement de l'ISF, une revendication forte des gilets jaunes. Par ailleurs, pour réduire les dépenses publiques et financer la redistribution sociale, 52% des contributeurs sont favorables à l'instauration de "contreparties" aux différentes allocations de solidarité. A noter également : 22% sont d'accord pour reculer l'âge de départ à la retraite et 24% considèrent qu'il faut augmenter la durée légale du temps de travail.

Moins d'impôt mais aussi moins de parlementaires

Les contributeurs ont également fait émerger plusieurs revendications concernant nos institutions démocratiques. 57% souhaitent que le vote devienne obligatoire, 69% demandent aussi que le vote blanc soit réellement pris en compte. 42% voudraient que le recours au référendum d'initiative partagée, effectif depuis quelques années, soit facilité avec des seuils plus bas, et 5,8% voudraient l'associer au RIC (référendum d'initiative populaire) réclamé par les gilets jaunes. Par ailleurs 86% des contributeurs demandent une réduction du nombre de parlementaires, 42,2% sont favorables à l'introduction de la proportionnelle aux élections législatives.

Sur la transition écologique, 59% des contributeurs demandent à ce qu'elle soit financée par le budget général de l'Etat. 32% estiment ne pas pouvoir se passer de leur voiture, 55% considèrent que l'augmentation des taxes sur le diesel et l'essence n'est pas une solution.

Les contributeurs ne sont pas des gilets jaunes

Les différents compte-rendus effectués doivent donner lieu à des annonces, attendues fin avril, et présentées directement par Emmanuel Macron. Mais avant même la prise de parole du président, des critiques émergent. D'abord parce que le dispositif initié par le gouvernement pour répondre à la crise des gilets jaunes n'a pas vraiment convaincu les manifestants du samedi. Ce qui en ressort n'est donc pas l'expression de leurs revendications, elles seraient même noyées dans celles des classes aisées. "L'Observatoire des débats", un organisme indépendant, a déjà dressé le profil sociologiques des participants, notamment grâce à leur réseau de 100 observateurs, qui ont assisté à 300 réunions publiques. Ceux qui ont participé au grand débat sont ainsi 54% à faire face "facilement" au coût de la vie grâce à leurs revenus, 10% répondent même "très facilement". Un public "distinct de la population mobilisée aux ronds-points", indique L'Observatoire des débats au Monde.

Le grand débat au Grand Palais

Ce lundi 8 avril 2019, Edouard Philippe annonçait, sous la nef du Grand Palais à Paris, les conclusions faites par le gouvernement du grand débat national. S'il ne s'agissait pas encore d'annoncer les mesures concrètes issues de ce grand débat, le Premier ministre a tout de même listé les priorités au travers de "quatre axes" : "une immense exaspération fiscale", "une exigence de fraternité, de proximité, de lien quotidien", "une exigence démocratique" et "une exigence climatique".

Edouard Philippe a détaillé certains de ces axes au Grand Palais. "Nous devons baisser plus vite les impôts", a-t-il déclaré à propos de cette "exaspération fiscale". A demi-mot, le chef du gouvernement a fait son mea cupla sur la mesure, qu'il a lui-même portée, réduisant la vitesse sur les routes secondaires à 80 km/h. "Je voulais sauver des vies, on m'a accusé de vouloir remplir les caisses. Je dois apprendre à composer avec l'incompréhension ou le rejet de certains de nos concitoyens", a-t-il concédé.

Concernant le climat, Edouard Philippe a estimé, grâce aux conclusions du grand débat national, que les Français étaient "prêts à changer de comportement". "Les Français, à la différence de nombreux autres peuples, ne sont pas climatosceptiques, mais ils ne veulent plus que des taxes leur disent quoi faire. Message reçu cinq sur cinq", a-t-il ajouté.

Grand débat : les mesures seront annoncées par Macron

Initiateur de ce grand débat national pour une sortie de crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron aura à charge d'annoncer les mesures prises en conséquences des conclusions évoquées plus haut. Des annonces prévues au plus tôt pour la mi-avril et qui pourraient s'étaler jusqu'à l'été. Un exercice que l'on annonce périlleux pour le chef de l'Etat, y compris dans son propre camp. Richard Ferrand, macroniste de la première heure et président de l'Assemblée nationale craignait récemment que "toute réponse apportée par l'exécutif et le législatif [soit] par avance jugée insuffisante".