Tendances des municipales (2e tour) : quel bilans dans les grandes villes ?

Tendances des municipales (2e tour) : quel bilans dans les grandes villes ?

Pas de résultat sur le 2e tour des élections municipales avant 20h ce dimanche 28 juin. Que sait-on pour le moment sur le scrutin, alors que le dénouement approche ?

Évaluation des tendances et diffusion des estimations des résultats du second tour des élections municipales en France, que dit la loi exactement ? Selon l'article L. 52-2 du code électoral, "aucun résultat d'élection, partiel ou définitif, ne peut être communiqué au public par la voie de la presse ou par tout moyen de communication au public par voie électronique, en métropole, avant la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire métropolitain". Toute personne diffusant des informations la veille ou le jour du scrutin, avant la fermeture des derniers bureaux de vote, qu'elle soit journaliste ou non, sur un média ou sur les réseaux sociaux, encourt une peine de 75 000 euros d'amende. Objectif : éviter que les électeurs ne soient influencés dans leur vote par les premiers résultats annoncés et ne changent leur intention initiale.

Ce dimanche, les Français sauront enfin qui sera maire de leur commune pour les six prochaines années. La crise du coronavirus a bouleversé considérablement ces élections municipales, mais le verdict est bien pour ce soir. Les premières estimations dans les principales villes de France tombent à 20h, avec la publication des enquêtes "sortie des urnes" et les projections effectuées par les instituts de sondage sur les principales chaînes d'informations. Que sait-on déjà sur cette élection ? Le taux de participation à ce second tour des municipales à 17h s'élève à 34,67% sur le territoire français. Il s'agit du premier chiffre important de ce dimanche, qui donne une vraie tendance et indication sur ce scrutin, décidément bien singulier. Ce dimanche pourrait marquer un taux d'abstention record. Cela apporte une confirmation : de nombreux électeurs ont préféré ne pas se rendre dans leur bureau de vote, manifestement de crainte de s'exposer au coronavirus. L'abstention de ce second tour des municipales est donc bien différente de celle habituelle, elle dépasse le cercle des abstentionnistes traditionnels.

Comment les résultats sont-ils calculés dès 20h ?

Comment les instituts de sondages parviennent-ils à livrer dès 20 heures une estimation dans les grandes et moyennes villes de France, des résultats du deuxième tour des élections municipales ? Première possibilité : ces estimations sont établies à partir des premiers dépouillements réalisés dans les petites communes et villes de moyenne taille, où les bureaux de vote ferment à 18 heures ce dimanche. Selon une méthode gardée secrète, chaque institut de sondages établit une liste de bureaux à travers la France, sélectionnés car censés être représentatifs à la fois de la population et de l'orientation politique de l'ensemble des Français. Des enquêteurs doivent remonter les résultat du dépouillement de chacun de ces bureaux de vote à son institut. Autre possibilité : des sondages effectués toute la journée auprès d'électeurs à la sortie des bureaux de vote. Grace à ces données, les sondeurs sont ainsi en mesure d'extrapoler pour proposer des estimations fiables à 20h.

Dans le détail, pour établir les résultats des municipales, les dépouillements doivent suivre un déroulement bien précis, fixé par le code électoral. Dans chaque bureau de vote, il doit y avoir un président, au moins 2 assesseurs et un secrétaire dits "membres du bureau". Mais il faut désigner des scrutateurs parmi les électeurs pour dépouiller les bulletins. Le dépouillement se fait sous l'œil des délégués des candidats et des électeurs (s'il y en a), et sous la surveillance des membres du bureau. Il débute par un décompte des électeurs via les feuilles d'émargement. Cette mission est donnée aux membres du bureau. Le nombre d'enveloppes est ensuite compté et doit être égal aux émargements, sans quoi l'écart devra être mentionné dans le procès-verbal. Les enveloppes sont ensuite regroupées par groupes de 100 (dans les bureaux comptant plus de cent électeurs), elles-mêmes réparties dans des "enveloppes centaines" cachetées et signées. Les enveloppes de centaine sont ensuite réparties à des tables de dépouillement. A chaque table, un scrutateur doit ouvrir chaque enveloppe une à une, déplier le bulletin et le donner à un autre scrutateur, chargé de lire à voix haute le nom du candidat (ou nom de la liste présentée) y figurant. Les noms sont notés sur des feuilles prévues à cet effet par au moins deux scrutateurs. Une fois remplies, ces feuilles de pointages sont signées et remises au bureau avec bulletins et enveloppes. A la fin des opérations, on peut ainsi déterminer le nombre de suffrages exprimés, blancs et nuls et surtout le nombre de suffrages obtenus par chaque liste des candidats aux municipales.

Attention, les estimations diffusées ce soir ne prennent pas en compte les bulletins nuls. De quoi parle-t-on? C'est le décret du 8 mars 2001 qui liste les bulletins qui doivent être jugés "nuls", autrement dit qui n'entreront pas dans le résultat de l'élection. Attention donc pour ces élections municipales à ne pas se tromper. D'abord, les bulletins différents de ceux fournis par l'administration seront rejetés, comme les bulletins faisant figurer le nom d'un candidat ou d'une liste qui n'est pas dans la liste des candidatures officielles validée par le Conseil constitutionnel. Suivent les bulletins sans enveloppe ou avec une enveloppe non réglementaire, les bulletins qui étaient accompagnés d'un autre bulletin ou de tout autre document dans l'enveloppe, les bulletins sur lesquels les noms des votants ont été ajoutés, ou des signes de reconnaissance ont été ajoutés, les bulletins portant des injures pour les candidats ou pour des tiers, les bulletins manuscrits ou raturés. "Ces bulletins ainsi que les enveloppes non réglementaires sont contresignés par les membres du bureau de vote et annexés au procès-verbal", selon l'article 66 du code électoral.

Ce dimanche soir, plusieurs élections de 2e tour des municipales seront scrutées de très près, compte tenu de l'incertitude mise en avant cette semaine par les instituts de sondage. Il faut attendre ce soir et les premiers résultats pour savoir si les sondages se confirment, mais pour rappel, voici les principaux enjeux de ces municipales, avec les tendances qui s'étaient dégagées dans les enquêtes sondagières (attention, les sondages publiés il y a plusieurs jours n'ont pas valeur de pronostics, ils donnent juste des indications sur l'état de l'opinion le jour du sondage). A Paris, les derniers sondages publiés cette semaine donnaient tous Anne Hidalgo en tête. Au Havre, Edouard Philippe a été donné début juin par Ifop (pour Paris-Normandie) en tête avec 53% des intentions de vote ; à Marseille, c'est l'inconnue Michèle Rubirola qui a été donnée en mesure de l'emporter par BVA (pour Europe 1), à Lille, c'est la maire sortante Martine Aubry qui était donnée victorieuse par Ifop (pour La VDN) mais dans un scrutin serré ; à Lyon, c'est les écologistes, candidats également inconnus du grand public, qui ont été donnés devant LR pour les métropolitaines par Ifop (pour Lyon Capitale) ; à Toulouse, c'est l'EELV Antoine Maurice, encore un nouveau visage, qui a été donné en mesure de l'emporter par BVA (pour La Tribune et Europe 1). Il ne s'agit que de rappels. Les électeurs feront-ils mentir les sondeurs ? Réponse à partir de 20h.

Pour les dernières infos sur le scrutin, rendez-vous sur notre grand direct consacré aux résultats des municipales 2020.