Démission de Michèle Rubirola : Benoît Payan, nouveau maire de Marseille ? Séisme sur la canebière

Démission de Michèle Rubirola : Benoît Payan, nouveau maire de Marseille ? Séisme sur la canebière DEMISSION DE RUBIROLA. Coup de théâtre à Marseille : Michèle Rubirola quitte son fauteuil de maire, et propose que son premier adjoint, Benoît Payan, prenne sa place.

[Mis à jour le 15 décembre 2020 à 18h01] Les élections municipales à Marseille sont décidément bien singulières et pourraient inspirer tout bon scénariste de série télé politique. Portée en tête du 2e tour, puis élue dans la difficulté lors du premier conseil municipal le 4 juillet dernier, Michèle Rubirola a décidé de démissionner de son poste de maire de la cité phocéenne. L'édile a tenu une conférence de presse ce mardi 15 décembre pour rendre publique sa décision, depuis la mairie de Marseille. Elle a martelé qu'elle avait porté "le projet de la gauche" en tant que "militante" et que son élection avait permis de "tourner la page d'une période trouble dans l'histoire de Marseille, une page d'affairisme, de clientélisme". Michèle Rubirola démissionne en proposant pour prendre sa place son premier adjoint, comme l'autorise la règlementation. "Je reste une femme engagée au service de ma ville. Si je change de place dans l'équipe, je ne la quitte pas. Je serai toujours aux côtés de mon équipe".

Une démission pour raison de santé

Michèle Rubirola a justifié sa démission par des soucis de santé et un état de fatigue peu conciliables avec la charge de diriger la deuxième ville de France. "Pour être maire de Marseille, il faut se donner à 300%, je ma suis donné à 150%", a-t-elle déclaré. L'édile s'était déjà absentée de longues semaines, au début de l'automne, après une intervention chirurgicale, laissant à son premier adjoint Benoît Payan le soin d'assurer l'intérim.

Benoît Payan nouveau maire de Marseille ?

"Je souhaite que Benoît Payant me remplace à la mairie de Marseille", a pris soin de préciser la maire démissionnaire en annonçant son départ, parlant de "binôme" et de "duo qui interpelle". Le scénario le plus probable est donc que cette démission propulse le premier adjoint de Michèle Rubirola à la tête de la municipalité de Marseille. Il fut lui-même candidat aux municipales avant que les tractations ne conduisent à la coalition des écologistes, des communistes, des Insoumis et des socialistes, avec comme tête de liste Michèle Rubirola. Le socialiste prendrait son fauteuil, une fois que les élus de majorité auront bien acté cette décision, le 21 décembre, ce qui pourrait être une formalité. La maire démissionnaire deviendrait quant à elle première adjointe. Les élus Jean-Marc Coppola et Olivia Fortin ont indiqué que "l'ensemble des 44 élus du groupe Printemps marseillais" soutenait la démarche de Michèle Rubirola. Mais tout reste possible, les 101 élus du conseil municipal pourraient bien se lancer dans des négociations passant outre les consignes partisanes actuelles pour redistribuer les cartes.

Vers une nouvelle élection municipale ?

Cette situation a déjà suscité des commentaires acerbes dans les rangs de l'opposition de la droite et du centre, qui considèrent que le vote des Marseillais est en partie floué au profit de petits arrangements. "En l'espace de six mois seulement, elle aura été dévorée par sa majorité.(...) Dans une ville particulièrement en souffrance face aux crises du COVID 19, dont les difficultés sont déjà grandes, cet épisode supplémentaire de la vie politique est désastreux En fin de compte, Michèle Rubirola est la première victime du Printemps Marseillais. J'espère de tout cœur que Marseille ne sera pas la seconde !" a réagi dans un communiqué Renaud Muselier, le président du conseil régional de PACA.

Le sénateur de Marseille du Rassemblement national, Stéphane Ravier, ancien candidat aux municipales de 2020, a demandé à l'antenne de France Info le tenue d'un nouveau scrutin. "Cela donne encore une image de la classe politique marseillaise particulièrement délétère, et ça n'est pas acceptable" estime pour sa part Alexandra Louis, députée LREM des Bouches-du-Rhône, sur France Info, ajoutant : "On se croirait encore dans un mauvais remake de la série 'Marseille' ou de 'House of Cards'. Beaucoup de ses concitoyens se sentent un peu dupés".

"Cette affaire est une pantalonnade. Le Printemps marseillais n'aura duré que six mois pour nous plonger dans l'automne à Marseille. C'est une véritable catastrophe pour notre ville et pour les Marseillais. Michel Rubirola est une militante, une femme de conviction, qui était faite pour faire ce qu'elle a fait toute sa vie, à savoir militer et être proche des gens. Mais elle n'était pas du tout rompue à l'exercice du pouvoir, quel qu'il soit", a ajouté sur France Info le député Guy Teissier, également élu d'opposition à Marseille. Lionel Toyer-Perreaut, maire LR des 9e et 10e arrondissements, se montre bien plus dur dans les colonnes de La Provence : "C'est un scandale politique, un hold-up. Avec cette histoire de switch, elle propose un petit arrangement entre amis ce qui me semble très éloigné des valeurs prônées pendant la campagne par le Printemps marseillais", estime-t-il.