Résultat PS : la victoire d'Olivier Faure encore contestée avant le Congrès
Le Congrès du PS se tient du 27 au 29 janvier à Marseille le Congrès. Le parti doit trouver son nouveau cap durant cette réunion mais la réélection d'Olivier Faure est toujours contestée par son adversaire, Nicolas Mayer-Rossignol .
[Mis à jour le 27 janvier 2023 à 14h48] Le Parti socialiste continue de se déchirer. Depuis l'élection censée désigner la tête d'affiche du parti, deux camps s'opposent toujours malgré la fin des votes. Olivier Faure, continue de clamer sa victoire, courte, mais victoire quand même selon lui. En face, Nicolas Mayer-Rossignol ne lâche pas et dénonce des "irrégularités massives" lors du scrutin qui lui ont coûté la victoire.
Ce vendredi 27 janvier jusqu'au 29 janvier se tient donc dans une ambiance délétère le 80ème Congrès du parti de gauche. L'événement est pourtant capital car censé donner un cap politique au PS après l'échec cuisant d'Anne Hidalgo aux présidentielles de 2022 qui avait réuni seulement 1,7% des voix, soit un score historiquement bas pour le parti. Signe de tension accrue, le 23 janvier Olivier Faure a proposé une alliance a Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy – exclue au premier tour – d'intégrer la direction du parti avec des "responsabilités fortes". Les anciens candidats ont tous deux décliné. L'ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a même dénoncé une "situation pathétique". Martine Aubry, maire PS de Lille, a partagé sur BFMTV son "immense tristesse" au regard de la situation. Dans une interview à la Provence, Olivier Faure dit pourtant garder espoir : "La discussion est fluide, les portes ne sont pas fermées, on peut trouver un accord, y compris lors du congrès à Marseille" a-t-il espéré.
Outre cette scission, la place du PS au sein de la Nupes, grande coalition des partis de gauche est aussi au cœur des disputes. Olivier Faure y est favorable, son adversaire Nicolas Mayer-Rossignol plus nuancé sur la question. Une alliance politique qui divise les pontes du parti mais aussi les militants. Dans des témoignages recueillis par France Bleu, plusieurs militants ont fait part de leur égarement sur la situation politique du parti. "Les idées que j'ai aujourd'hui, je ne peux pas les faire évoluer dans la structure Nupes", a déclaré un militant du parti encarté depuis 40 ans. Ce 80ème congrès du PS a une lourde mission devant lui : désigner son leader et trouver sa propre voix.
Pourquoi le résultat de l'élection du PS est-il contesté ?
A quinze minutes d'intervalle, Oliver Faure et Nicolas Mayer-Rossignol ont tous les deux revendiqué la victoire pour prendre la tête du parti dans la soirée du 19 janvier. Depuis, le premier affirme sa victoire et le second soutient que le scrutin a été perturbé par de nombreuses "irrégularités". Durant le week-end, les deux hommes se sont accusés de tricherie et ont exposé plusieurs exemples sur les réseaux sociaux dont des "urnes déplacées dans des pièces fermées, scrutateurs expulsés par la police, bureaux de votes inexistants ou fermés avant l'heure de clôture..." d'après un tweet du maire de Rouen.
Face au résultat, Nicolas Mayer-Rossignol a demandé la saisie de la commission de récolement pour vérifier la sincérité des scrutins et un recomptage des voix a été organisé durant le week-end. Mais la vérification n'a pas été complète selon le candidat défait qui juge Olivier Faure et la direction du PS une nouvelle fois responsables de méconnaître le résultat de l'élection.
"Les travaux de cette commission ont été bloqués alors que seulement 45 de la centaine de fédérations départementales avaient été validées. C'est absolument inacceptable", pestait Nicolas Mayer-Rossignol sur Franceinfo le 22 janvier après un week-end de crise. Critiques face auxquelles Oliver Faure assure que "toutes les fédérations ayant un contentieux ont été vérifiées". Le premier secrétaire réélu du PS balaye aussi les accusations des fraudes lancées par son rival et réduit toute cette affaire au rang de "mauvaise polémiques". Reste qu'à cette polémique le maire de Rouen n'écarte pas de donner des suites en recourant aux "voies judiciaires".
Quels sont les résultats de l'élection au PS ?
Lors du premier tour les adhérents avaient placé Olivier Faure en tête à 49,15 % des voix, contre 30,51 % pour Nicolas Mayer-Rossignol, et 20,34 % pour Hélène Geoffroy. Mais ce sont les résultats du second scrutin qui étaient attendus et qui sont au cœur de la polémique. Dans la matinée du vendredi 20 janvier le PS a officialisé la victoire d'Olivier Faure avec moins de 400 voix d'avance, soit 50,83 % des suffrages, contre 49,17 % pour Nicolas Mayer-Rossignol.
Malgré les critiques de Nicolas Mayer-Rossignol, Olivier Faure a défendu une "réalité électorale" sur Franceinfo le23 janvier : "Il y a eu plusieurs votes qui vont tous dans le même sens : un vote sur l'orientation, où j'ai réalisé un score de 49 %, avec une majorité au conseil national et une majorité des délégués au congrès. [...] Le rapport d'activité a été approuvé à 57 % et seuls 20 % l'ont rejeté. Il y a maintenant le vote pour le Premier secrétaire que j'ai remporté à 51 %, je n'ai aucun doute là-dessus".
Qui étaient les candidats pour prendre la tête du PS ?
Olivier Faure s'est imposé face à ses deux rivaux mais non sans difficulté. Après l'élimination d'Hélène Geoffroy lors du premier tour le 12 janvier, c'est le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol qui s'est incliné face au candidat sortant. Mais la victoire d'Olivier Faure s'est jouée à une très courte avance et n'est pas encore reconnue par tous. Si sa victoire est confirmée, le premier secrétaire devra composer avec une majorité qui n'est pas entièrement convaincue par l'alliance de la Nupes.
- Olivier Faure : premier secrétaire du Parti socialiste depuis 2018, l'homme de 54 ans a rejoint les rangs du PS alors qu'il avait 16 ans et a progressivement gravi les échelons. Il est député de Seine-et-Marne et membre de la direction du parti depuis juillet 2012. Si depuis son élection à la tête du PS, Olivier Faure a fait l'unanimité, en 2022, le leader politique a divisé la gauche en acceptant de s'allier à La France insoumise (LFI) pour former la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) en vue des législatives. Le premier secrétaire du PS est depuis accusé de "subordination" par les cadres du parti, qui dénoncent une "reddition" et un effacement du PS derrière le discours trop radical de LFI. Pourtant, le patron des socialistes soutient que cette alliance était le seul moyen pour le PS de conserver du poids à l'Assemblée nationale.
- Nicolas Mayer-Rossignol : il est le maire de Rouen et le président de la Métropole Rouen Normandie (Seine-Maritime). Ce cadre du PS est entré en politique en travaillant auprès de Laurent Fabius à partir de 2008 à l'agglomération de Rouen, et s'est engagé pour la Région tour à tour en tant que conseiller ou président de Région. Il a aussi servi Laurent Fabius au ministère des Affaires étrangères jusqu'en 2013. Lors de l'élection présidentielle de 2022, Nicolas Mayer-Rossignol a pris part à la campagne d'Anne Hidalgo, et sa candidature à la tête du PS profite cette fois du soutien de la maire de Paris, mais aussi de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et de l'association Régions de France. Comme cette dernière, le candidat ne reconnaît pas la place du PS au sein de la Nupes. Son credo ? Être ni pour ni contre la Nupes, et réformer une "gauche sociale-démocrate, républicaine, humaniste et écologique".
Qui vote pour élire le dirigeant du PS ?
L'élection étant déterminante pour l'avenir du PS, seuls les adhérents du parti étaient invités à participer au scrutin des 12 et 19 janvier 2023. Au total, 41 000 personnes encartées pouvaient s'exprimer dans les urnes. Lors du second tour du scrutin 23 759 adhérents ont participé. Selon le communiqué du PS "12 076 des voix soit 50,83 % des suffrages ont voté pour Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol a obtenu 11 683 voix soit 49,17% des suffrages exprimés". L'issue du vote sera annoncé lors du Congrès de Marseille qui se tiendra les 27, 28 et 29 janvier 2023.