Qu'a vraiment dit la députée LFI Danièle Obono sur le Hamas ? Pourquoi la justice est saisie
La France insoumis s'emmêle à nouveau les pieds dans le tapis au moment de qualifier le Hamas. Après le refus de Jean-Luc Mélenchon de considérer le groupe islamiste palestinien comme un "groupe terroriste" - une qualification reconnue par l'Union européenne et donc le France -, c'est la députée Danièle Obono qui est épinglée. Tout part d'un communiqué du parti évoquant les "forces palestiniennes" pour parler du Hamas et accusé de renvoyer dos-à-dos le groupe islamiste et Israël. Invitée à clarifier sa position sur le sujet au micro de Sud Radio, la députée de Paris déroule une réponse dont une phrase, polémique, est retenue et mise en avant dans les médias.
.@Deputee_Obono : "Oui, le Hamas est un mouvement de résistance. Cest un groupe politique islamiste qui a une branche armée, et qui résiste à l'Israël"https://t.co/QKa5Efuc2W pic.twitter.com/iMVJOem2xE
— Sud Radio (@SudRadio) October 17, 2023
Ce qu'a dit Danielle Obono sur le Hamas
Sans passer par quatre chemins, le journaliste Jean-Jacques Bourdin questionne Danièle Obono sur le refus de son parti de qualifier le Hamas de groupe terroriste. Dans une première tentative souvent interrompue, l'élue répond que le Hamas est "un groupe politique islamiste, qui a une branche armée, qui s'inscrit dans les formations politiques palestiniennes, qui a pour objectif la libération de la Palestine et qui résiste à une occupation."
"Est-ce que le Hamas est un mouvement de résistance ?" rétorque alors le journaliste non sans insister. C'est là que les mots de la députée dérapent : "Oui, qui se définit comme tel et qui est reconnu comme tel par les instances internationales". La phrase mis en exergue par le média suffit à relancer la polémique.
Les explications de Danièle Obono sur ses déclarations
Face à la polémique qui enfle sur les réseaux, la députée parisienne s'est fendue d'un communiqué publié sur X (ancien Twitter) pour clarifier sa position, et celle de sa formation. Danièle Obono explique avoir dit "que le Hamas est un groupe politique islamiste qui déclare inscrire son action dans la résistance à l'occupation de la Palestine" se dédouanant d'avoir assimilé le groupe terroriste à une mouvement de résistance.
Assez de manipulations, stop aux polémiques ! pic.twitter.com/mKtdnNhqb5
— Députée Obono (@Deputee_Obono) October 17, 2023
Précisant encore sa position et rappelant qu'elle ne soutien pas le Hamas, Danièle Obono a ajouté : "C'est un fait. Ni une excuse, ni un soutien, ni une caution pour ses crimes de guerre abjects contre les civils israéliens".
Darmanin dénonce une "apologie du terrorisme
Le Hamas, un mouvement de résistance ? Non ! cest un mouvement terroriste. Je saisis le procureur de la République pour apologie du terrorisme. https://t.co/Z9jmpDnNmi
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 17, 2023
Seulement l'explication de Danièle Obono ne semble pas suffire à calmer la polémique qui est remontée jusqu'au gouvernement et au ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin a d'ailleurs eu une réaction imminente pour condamner les propos de Danièle Obono rapportés dans les médias. Le ministre a rappelé le caractère terroriste du Hamas et a annoncé saisir le procureur de la République pour "apologie du terrorisme".
Elizabeth Borne insiste à l'Assemblée
La Première ministre Élisabeth Borne a par ailleurs pointé La France insoumise lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Depuis le 7 octobre, les voix de la France insoumise manquent à la condamnation unanime de la barbarie terroriste. Elles manquent à l'unité nationale. Vous avez tenté de justifier vos ambiguïtés, mais ce matin, la réalité est apparue au grand jour. La justice est saisie, elle tranchera. Mais en entendant ces propos, je pense à ces jeunes tués lors d'une fête, à ces massacres dans les kibboutz, je pense à ces femmes, ces hommes, ces personnes âgées et ces enfants enlevés. Pour vous ce ne sont pas des actes terroristes, pour moi, vous vous excluez du champ républicain", a-t-elle déclaré.
Le PS s'indigne aussi
Le gouvernement et la majorité présidentielle ne sont pas les seuls à avoir dénoncé le passage de la députée à la radio et les propos rapportés dans les médias. La gauche, qui s'était déjà désolidarisée des élus LFI lors de la sortie de Jean-Luc Mélenchon, pointe de nouveau le parti de la Nupes. Le patron du parti socialiste Olivier Faure a assuré que "la gauche ce n'est pas ça" et dénoncé des "déclarations scandaleuses rendent invisibles et inaudibles nos positions sur le cessez-le-feu, sur le siège de Gaza, la solution à deux États" sur X. Une réaction timide en comparaison à celle de son opposant en interne et maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui estime que "la gauche claire ne peut pas travailler avec des personnes qui tiennent de tels propos".
Cette nouvelle polémique intervient alors que les socialistes tiennent un conseil national ce mardi soir et doivent décider de l'avenir et du maintien du parti à la rose au sein de la coalition Nupes. Le parti communiste français a déjà pris ses distances avec LFI après le premier scandale sur la qualification du Hamas, sans quitter la coalition mais en votant à l'écrasante majorité pour la mise en place d'un "nouveau rassemblement de la gauche et des écologistes".