Discours de Glucksmann : "nous tiendrons tête" au RN, clame le candidat
Arrivé en troisième position du scrutin ce dimanche, Raphaël Glucksmann a appelé à combattre le Rassemblement national, arrivé en tête de ces élections européennes.
Les résultats officiels des élections européennes 2024 ont été dévoilés ce dimanche à 20 heures. Raphaël Glucksmann, tête de liste du parti socialiste/Place publique, est arrivé à la troisième position du scrutin avec environ 14% des voix. Dans son discours quelques minutes après le premier résultat, le candidat a toutefois avoué qu'il n'avait "pas l'âme à la fête" puisque le Rassemblement national est arrivé en tête des suffrages avec près de 33% des voix selon les premières estimations. Il a reconnu que "nous vivons un moment de bascule, un moment historique", parlant même de "vague qui ébranle profondément nos démocraties" pour désigner le score du RN.
Dans son discours, Raphaël Glucksmann a ainsi appelé à "tenir tête" au parti représenté par Jordan Bardella lors de ces élections : "Dans des institutions, des ennemis de l'Europe œuvreront à la déconstruction de ce trésor commun qu'est la construction européenne et la démocratie. Et bien nous, nous leur tiendrons tête en Europe et nous leur tiendrons tête en France", a-t-il asséné, avant d'ajouter : "Nous sommes à un niveau qui nous oblige, nous oblige face à l'histoire et qui nous condamne à un combat inlassable".
"Nous serons des combattants": Raphaël Glucksmann réagit à sa 3e place aux élections européennes avec 13.9% des suffrages pic.twitter.com/8ZfAJfCQKB
— BFMTV (@BFMTV) June 9, 2024
Rallier les déçus des uns et des autres pour refonder la gauche ?
Il s'agit d'une demi-victoire pour Raphaël Glucksmann et la liste Parti socialiste-Place publique. L'ex-journaliste a réussi à devancer LFI, qui avait obtenu la troisième place du scrutin lors des dernières élections de 2022. Lors de son discours, il a annoncé "se préparer à la suite" et "travailler" pour "faire émerger un nouvel espace politique en France et en Europe". Pourrait alors se poser, en vue de la prochaine présidentielle de 2027, la question de la refonte de gauche, autour d'une ligne sociale-démocrate.
Glucksmann s'est régulièrement attiré les foudres des autres listes de gauche pendant la campagne. "Au Parlement européen, les socialistes votent pour la PAC, pour les accords de libre-échange et pour les méga-camions" indiquait Marie Toussaint, tête de liste EELV sur France 2 le mois dernier. "Vous ne luttez pas contre l'extrême droite. Vous faites de moi votre cible principale, c'est le cas depuis six mois, vous avez l'extrême droite à 40% (addition des estimations du RN et de Reconquête). Allez, lâchez-moi un peu les baskets, concentrez-vous sur l'extrême droite" lançait la tête de liste du Parti socialiste à Manon Aubry, son homologue insoumise, lors d'un débat le 27 mai dernier.
"Remodeler en profondeur la social-démocratie européenne"
Jeudi 30 mai, lors d'un grand meeting de campagne au Zénith de Paris, Raphaël Glucksmann a pu tester la popularité de sa "social-démocratie rénovée" auprès de ses partisans. Une manière pour lui de prendre la température, un avant goût de son discours du 9 juin au soir, après les résultats des Européennes ? Peut-être bien. une chose est sûre, s'il souhaite appeler à refonder la gauche, cela pourrait fortement ressembler à ce genre de rassemblement. Boris Ballard, Patrick Kanner ainsi que la vice-présidente de l'Assemblée, Valérie Rabault étaient présents, au même titre que de nombreux élus.
De plus, le candidat PS-Place publique a réussi à réunir des historiques, des hommes et des femmes ayant participé à la campagne de François Hollande en 2012 au même titre que des jeunes militants, et surtout, militantes avec un "e". En effet, les femmes étaient présentes en nombre lors de ce meeting. D'autres socialistes comme Anne Hidalgo (maire de Paris), Nicolas Schmidt (patron des socialistes européens) et Olivier Faure, premier secrétaire du PS ne boudaient pas leur plaisir à la vue de ce rassemblement qui pourrait redonner un peu d'allant à une gauche moribonde depuis la fin de l'ère Hollande. "On est en train vraiment de remodeler en profondeur la social-démocratie européenne en lui faisant épouser le logiciel de l'écologie politique. Une nouvelle offre politique qui dominera la gauche européenne pendant les décennies à venir" avait-il également martelé, dimanche 2 juin sur BFMTV.
Il y a cinq ans, le journaliste et homme politique était déjà le candidat de l'alliance formée par le Parti socialiste et Place publique pour les élections européennes. L'accord renouvelé entre les deux forces politiques "intervient alors que l'Europe doit s'affirmer pour faire face à des défis historiques en matière de protection et que la montée de l'extrême droite menace ses valeurs fondatrices" a écrit le PS dans son communiqué. Place publique, parti co-fondé par l'eurodéputé Raphaël Glucksmann en 2018, a déclaré de son côté vouloir "agir pour construire une Europe démocratique, solidaire et écologique". La tête de liste socialiste souhaite empêcher le duel que veulent instaurer la majorité présidentielle et le Rassemblement national.
Favoriser l'agriculture européenne et plafonner les prix de l'énergie
Le projet de Raphaël Glucksmann vise à faire de l'Europe une "puissance politique et budgétaire" grâce à une série de mesures, dont le "paquet fiscal" permettant de taxer les entreprises polluantes, les plus riches et les superprofits. Le candidat indiquait également au Monde son objectif de "lever l'impôt" et de taxer "les plus hauts patrimoines". Sur le plan économique, la tête de liste PS-Place publique souhaite aussi relocaliser des productions en Europe qu'elles soient industrielles ou agricoles. Pour favoriser l'agriculture européenne, Raphaël Glucksmann veut bâtir une "nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) juste et durable". Autre investissement en vue : celui prévu dans la prévention des pandémies et la production de médicaments.
Le programme de Raphaël Glucksmann compte évidemment un volet social qui défend la transformation écologique et sociale pour atteindre la "justice sociale". Pour protéger le pouvoir d'achat des Européens, le candidat dit vouloir plafonner les prix de l'énergie et combattre les géants mondiaux pour réduire les prix des logements. Alors que la tête de liste veut faire de la guerre en Ukraine un des sujets phares de la campagne, elle est favorable à l'augmentation des livraisons d'armes à l'Ukraine et plus largement à la construction d'une défense européenne.