"Vous avez de l'humour"... Premières piques entre Wauquiez et Retailleau, candidats à la présidence de LR
Laurent Wauquiez est en colère. Les indiscrétions de la presse politique laissant entendre qu'il était furieux de la candidature de Bruno Retailleau à la présidence de LR ne sont pas des rumeurs déplacées. C'est même assez clair : sa mauvaise humeur et son agacement à l'égard de son nouveau rival transparaissent de l'interview qu'il a accordée au Figaro ce jeudi 13 février. Interview qu'il a même sans doute sollicitée, après un conseil stratégique du parti organisé dans la matinée.
"Pour que la droite se reconstruise, il faut travailler ensemble. Jusqu'ici, nous avons été complémentaires entre, d'une part, l'action des ministres au gouvernement et, d'autre part, le travail de refondation que j'ai conduit au parti", estime-t-il dans le journal, usant d'un passé dans l'emploi de sa conjugaison, qui ne laissera pas indifférent Bruno Retailleau. "Le parti a besoin de tout sauf d'une guerre des chefs et j'ai tout fait pour l'éviter", insiste-t-il.
Autre petite pique adressée à son adversaire dans la course à la présidence de LR : "La France a besoin que Bruno Retailleau réussisse à reprendre la main sur la délinquance et l'immigration. La France a besoin d'un ministre de l'Intérieur à temps plein", dit-il. Et pour que les choses soient bien comprises, le patron des députés LR fait un récit singulier de son action politique récente : "En juin, j'ai pris mes responsabilités en partant aux législatives. Je suis allé au combat pour défendre nos idées alors que notre parti était en situation de blocage après le départ d'Éric Ciotti. Ma famille politique, depuis, m'a confié à l'unanimité la mission de conduire sa refondation", acte-t-il.
Pas sûr que Bruno Retailleau ait la même vision de ce feuilleton et du rôle providentiel de Laurent Wauquiez. Le Parisien rapporte en tout cas que le ministre a évité la dispute publique, et a gardé son sang froid ce matin en réunion du parti, malgré une ambiance électrique. "Qui a parlé de la guerre ? Pas moi !", a lancé le ministre de l'Intérieur, qui a jugé que tout le monde devait respecter les "statuts" et "les règles" du parti pour la candidature à la présidence.
Si Laurent Wauquiez est furax, c'est qu'il pensait qu'un deal le liait avec Bruno Retailleau. Les deux hommes ont récemment dîné ensemble, et selon les indiscrétions de Politico et BFMTV, Laurent Wauquiez aurait clarifié sa manière de voir les choses : "Il y avait un accord entre nous, à toi d'incarner la droite au gouvernement, à moi de reconstruire notre famille politique". Le ministre de l'Intérieur n'a visiblement pas considéré qu'il devait se lier les mains. "S'il a oublié, ou s'il veut mentir c'est son problème", s'est agacé un proche de Laurent Wauquiez, auprès de Politico.
Il parait qu'en politique, les amitiés vont et viennent, se font et se défont... Le ministre, en ce début d'année 2025, n'est pas dupe des tensions qui émergent avec sa propre candidature. Preuve en est, sa réponse pleine d'ironie à un journaliste de BFMTV qui lui demandait hier si Laurent Wauquiez l'avait appelé pour "le féliciter" de l'annonce de sa candidature : "Vous avez de l'humour !" Quant au ressentiment du patron des députés, Bruno Retailleau sait qu'il ne s'agit que d'un obstacle mineur, voire passager. "Si une élection est une source de division, il faut faire autre chose et aller planter des navets", résume un membre de l'entourage de Bruno Retailleau à BFMTV.