Affaire Bétharram : l'audition de Bayrou tourne au bras de fer avec l'insoumis Vannier
- Dans le cadre d'une commission d'enquête, le Premier ministre François Bayrou a livré ce mercredi 14 mai sa version des faits sur ce qu'il savait ou non des violences physiques et sexuelles perpétrées sur des élèves au sein de l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram. Des violences qui font l'objet de plus de 200 plaintes auprès du parquet de Pau.
- En début de commission d'enquête, François Bayrou a commencé par réaffirmer sa position. "Je maintiens l'affirmation qui est la mienne : je n'ai pas eu d'autres informations que celles qui étaient dans la presse, en dehors des informations que j'ai eues lors d'une discussion avec le juge Mirande, et je n'ai bénéficié d'aucune information privilégiée."
- Le Premier ministre n'a par la suite pas manqué de remettre en cause l'objectivité de la commission d'enquête, ainsi que certains témoignages assurant qu'il avait été alerté sur les violences, notamment celui de la professeure Françoise Gullung.
- Député insoumis, Paul Vannier a particulièrement été pris pour cible par le Premier ministre. "Vous ne cherchez pas la réalité, vous la déformez tout le temps, et vous apparaissez dans ce livre", La Meute, qui dénonce les méthodes au sein du clan insoumis. Et François Bayrou d'accuser à une dizaine de reprises : "C'est toujours la même méthode, vous essayez de reformuler les propos", "Je ne me laisserai pas avoir par votre méthode" et "vos formulations malveillantes".
- Face aux questions des députés insoumis, après cinq heures d'audition, François Bayrou a regretté : "Vous ne m’avez interrogé que sur moi, sur ma responsabilité [...] dans l’affaire pour protéger des pédocriminels. [...] J’aurais préféré parler des victimes. [...] Il s’agissait d’une chose : de me coincer, pour m’obliger à démissionner."
- Enfin, François Bayrou a plaidé pour la création d'une "autorité indépendante" sur les violences contres les enfants. "On a tous une part de responsabilité."
- À l'issue d'une audition qui aura finalement duré 5h30, François Bayrou s'est dit satisfait. "On a eu la possibilité d'apporter des preuves. Fait par fait, accusation par accusation, on a pu montrer que tout était sans fondement", a-t-il remarqué, avant d'évoquer "un moment libérateur".
14/05/25 - 23:44 - "Ce soir, le Premier ministre a attaqué la commission d’enquête", dénonce Paul Vannier
FIN DU DIRECT - Pris à partie à de nombreuses reprises par François Bayrou durant la commission d'enquête, l'insoumis Paul Vannier a estimé mercredi sur X : "Ce soir, le Premier ministre a attaqué la commission d’enquête et calomnié la lanceuse d’alerte Mme Gullung. Il a entretenu l’omerta." Et le député corapporteur LFI de dénoncer le comportement du locataire de Matignon : "Il ne répond pas, élude et confirme ses mensonges en revenant sur nombre de ses déclarations devant les députés et les victimes. Savait-il ? Oui. A-t-il agi ? Non. Ou alors pour ne lire que la conclusion des rapports qu’il commandait."
14/05/25 - 23:10 - François Bayrou se réjouit d'"un moment libérateur"
À l'issue de sa longue audition devant la commission d'enquête parlementaire, François Bayrou s'est exprimé devant la presse. Presse qu'il n'a d'ailleurs pas épargnée. "Toute la presse a écrit que ça allait être l’endroit où on allait juger la responsabilité du gouvernement [...] et que grosso modo, c’était fini pour moi", a-t-il estimé. "Il y a des accusations auxquelles je n'ai pas pu répondre. On a eu la possibilité d'apporter des preuves. Fait par fait, accusation par accusation, on a pu montrer que tout était sans fondement", a-t-il analysé, saluant "un moment libérateur" pour lui. Il a cependant une nouvelle fois regretté l'absence des victimes dans les questions qui ont été posées.
14/05/25 - 22:30 - Fin de l'audition de François Bayrou
L'audition de François Bayrou ne devait initialement durer que 1h45. Très vite, la présidente de la commission, Fatiha Keloua Hachi, avait toutefois annoncé qu'il était question de "prendre le temps" nécessaire. C'est finalement au terme de 5h30 de longs échanges entre les parlementaires et le Premier ministre que l'audition s'est terminée.
14/05/25 - 22:02 - François Bayrou veut une "autorité indépendante" sur les violences contre les enfants
Toujours devant la commission d'enquête, François Bayrou prône la création d'une "autorité indépendante" sur les violences contre les enfants. "On a tous une part de responsabilité, tous, quel que soit le département dont on est originaire", a-t-il estimé.
14/05/25 - 21:45 - Les victimes de Bétharram ont été "utilisées comme une arme politique contre moi", estime François Bayrou
"Les victimes sont absentes [de la Commission] parce que les victimes, personne ne s’en est occupé sauf moi", estime François Bayrou interrogé sur l'absence de témoignages de victimes durant la commission d'enquête. Et le Premier ministre d'affirmer : "On les a utilisées comme une arme politique [contre moi]. Les victimes quand je les ai reçues, personne ne les avait reçues et elles ne s’étaient pas rencontrées entre elles."
Après cinq heures d'audition, François Bayrou regrette, en réponse aux interventions des députés insoumis : "Vous ne m’avez interrogé que sur moi, sur ma responsabilité, sur ce que j’avais fait ou pas fait, sur le soupçon d’être intervenu - soupçon insupportable - dans l’affaire pour protéger des pédocriminels. Toute l’audition a tourné autour de ça." Et de renchérir : "J’aurais préféré parler des victimes. Je connais très bien plusieurs des victimes, personnellement, et qui ne disaient rien. Je connais ma fille aussi. Il s’agissait d’une chose : de me coincer, pour m’obliger à démissionner."
14/05/25 - 21:22 - Les députés de la commission posent désormais leurs questions
Outre les rapporteurs, 25 autres députés participent également à la commission d'enquête. C'est à présent leur tour de poser leurs questions à François Bayrou. S'en suivra une dernière salve de questions à nouveau posées par Paul Vannier et Violette Spillebout.
14/05/25 - 21:08 - Pour François Bayrou, il n'y a pas eu "d'omerta"
Employant le terme d'omerta, la corapporteure Violette Spillebout a vivement fait réagir François Bayrou. "Si le juge d’instruction et le gendarme n’interviennent pas [dans la foulée de l’arrestation du père Carricart ndlr.], ce n’est pas parce qu’il y a une omerta !" Et le Premier ministre de questionner : "Carricart est remis en liberté mais la saisine du juge d’instruction demeure. Pourquoi il n’y a eu aucun acte d’instruction ? Un magistrat et un gendarme sont intimement convaincus que la personne est coupable, pourquoi ils ne font rien ?" François Bayrou dénonce des propos "insultants pour toute une communauté". "On n’est pas sous l’emprise d’une mafia ! Ce n’est pas vrai que les juges cesseraient d’agir !"
14/05/25 - 20:56 - "On a un Premier ministre qui pratique la diversion", regrette Alexis Corbière
Au micro de franceinfo mercredi soir, le député écologiste Alexis Corbière dénonce : "On a un Premier ministre qui pratique la diversion." Et de remarquer : "François Bayrou fait des commentaires extrêmement longs pour ne pas répondre à des questions toutes simples."
14/05/25 - 20:42 - "Ce 14 mai n’est pas un aboutissement, c’est une étape", estime le porte-parole des victimes de Bétharram
En parallèle de l'audition de François Bayrou en commission d'enquête, le porte-parole du collectif des victimes de Bétharram a assuré mercredi soir face à la presse : "À celles et ceux qui espéraient que cette audition permettrait de tourner la page, nous répondons que ce 14 mai n’est pas un aboutissement, c’est une étape." Et de poursuivre : "Nous, les victimes, on ne rentre pas dans ce jeu politique, on s’y refuse catégoriquement." Évoquant toutefois un Premier ministre "un peu malmené" par les parlementaires, il a estimé : "Ce que je pense, avec la plupart des victimes, c’est qu’il y a une responsabilité collective."
14/05/25 - 20:33 - Accusée d'affabulation par François Bayrou, Françoise Gullung réagit
Accusée plus tôt par le Premier ministre d'avoir "affabulé sous serment" au sujet du père Carricart, l'ex-professeure de mathématiques de Bétharram a réagi mercredi soir auprès de l'AFP, dont Le Figaro se fait notamment l'écho : "Malheureusement pour lui, il fait erreur."
14/05/25 - 20:16 - Après une nouvelle attaque contre Paul Vannier, François Bayrou repris par la présidente de la commission
Le Premier ministre s'en prend à nouveau au député insoumis Paul Vannier. Il dénonce cette fois-ci sa "malhonnêteté". Il est repris dans la foulée par la présidente de la commission, Fatiha Keloua Hachi. "Vous allez très loin [...] Le travail de nos rapporteurs" est "sérieux".
14/05/25 - 20:11 - Témoignage du gendarme Hontangs : "Soit il ment, soit il affabule", déclare François Bayrou
Le gendarme Alain Hontangs a affirmé, lors de son audition par la commission, qu'au moment de la présentation de l’ex-directeur de Bétharram au juge d’instruction Christian Mirande, le 26 mai 1998, ce dernier l'attendait devant la porte de son bureau et lui aurait indiqué : "La présentation est retardée, le procureur général demande à voir le dossier, il y a eu une intervention de M. Bayrou." Ce que nie le Premier ministre. "Soit [Alain Hontangs] ment, soit il affabule. Je veux bien accepter l’idée qu’il affabule [...] La mémoire, au bout de 30 ans, elle vous trompe", a tenté de justifier François Bayrou, reconnaissant toutefois une intervention du procureur général. "Pour quelles raisons ? Je n’en sais rien. [...] J’affirme que je ne suis pas intervenu et que ceux qui m’en ont accusé ont conduit une manipulation."
14/05/25 - 19:47 - "Je ne me souviens de rien", plaide François Bayrou
Après une courte pause, la commission d'enquête a repris. François Bayrou est questionné sur le père Carricart, ex-directeur de Bétharram mis en examen pour viol et tentative de viol sur mineur en février 1998 avant de se suicider en 2000, ce qui a mis fin à l'action pénale. "Est-ce que j’ai pu le croiser ? Oui. Est-ce que j’ai eu des conversations avec lui, est-ce que j’ai eu une relation personnelle ? Non", déclare François Bayrou qui assure n'avoir encore une fois jamais entendu parler des faits dont le père Carricart a été accusé avant que cela sorte "dans les journaux". Alors que Violette Spillebout avance que le juge Christian Mirande affirme l'avoir rencontré en 1998 pour évoquer un viol, le Premier ministre élude, affirmant n'avoir aucun souvenir de cette discussion qui remonte à près de trente ans. Et d'insister au sujet de leur conversation qui aurait duré plusieurs heures : "Je ne me souviens de rien."
14/05/25 - 19:23 - Suspension de 5 minutes avant les questions des députés
La commission a débuté un peu avant 17 heures ce mercredi. Alors qu'elle devait durer 1h45, à 19h23, soit plus de deux heures après, elle se poursuivait encore. Une suspension de 5 minutes a été demandée. Les questions des députés devraient suivre.
14/05/25 - 19:17 - L'insoumis Paul Vannier évoque une "contradiction très importante" de François Bayrou, le ton monte
Dans un compte-rendu daté du 7 octobre 1996, le directeur de Notre-Dame de Bétharram note "qu’il va falloir mener une réflexion sur la violence demandée par François Bayrou", qui était alors ministre de l'Éducation nationale. Preuve que François Bayrou était au courant de ce qu'il se passait à Bétharram ? "J’ai compris que quelque chose n’allait pas, je considère que c’est un élément très positif", estime celui qui est désormais Premier ministre. Et Paul Vannier de rebondir : "J’ai du mal à vous suivre. C’est une contradiction très importante, vous nous avez dit plus tôt que les conclusions du rapport d’inspection étaient positives." Bottant en touche, François Bayrou préfère tâcler : "Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage."
Mais le député LFI insiste : "Ce que ce compte rendu nous apprend, c’est que vous aviez une relation directe avec le directeur de Bétharram, alors que vous étiez ministre." Pour François Bayrou, s'en est trop : "J’avais des rapports avec lui non pas sur le fonctionnement de l’institution", corrige-t-il, avant d'attaquer une énième fois depuis le début de la commission d'enquête son interlocuteur, lui reprochant de "déformer" la réalité, une méthode typique des insoumis selon lui. François Bayrou cite le livre La Meute, sur LFI. "Vous ne cherchez pas la réalité, vous la déformez tout le temps, et vous apparaissez dans ce livre", assène François Bayrou.