"Islamophobie d'Etat", cette réforme portée par Attal sur le voile met le feu à son parti
De l'eau dans le gaz. Selon toute vraisemblance, le camp présidentiel entre en zone de turbulences sur un sujet hautement inflammable : le port du voile dans l'espace public. À l'origine des divergences : une série de propositions chocs qui seront portées par le président du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l'Assemblée nationale, Gabriel Attal, lors d'une convention sur les thématiques régaliennes, organisée lundi prochain par le parti Renaissance (les macronistes).
Selon les informations du Parisien, l'ex-Premier ministre propose d'interdire le voile dans l'espace public pour les mineurs de moins de 15 ans. "Notamment car cela porte gravement atteinte à l'égalité homme-femmes et à la protection de l'enfance", confie-t-on dans les couloirs du parti, précise le quotidien. Celui qui porte également l'étiquette de député des Hauts-de-Seine ne compte pas s'arrêter là.
Il envisage aussi de créer un délit de contrainte au port du voile contre les parents qui contraindraient leurs jeunes filles mineures. Enfin, il souhaite renforcer la lutte contre le séparatisme avec une deuxième loi séparatisme appelée "loi contre l'entrisme Islamiste", après celle de 2021. Dans les faits, une telle loi pourrait créer un délit de communautarisme - complémentaire du délit de séparatisme - en sanctionnant l'appel à refuser les lois de la République ou le souhait d'imposer des règles contraires à celles de la République.
"Appliquons la loi plutôt que de dévoyer la laïcité contre les musulmans"
Ces révélations n'ont pas manqué de faire réagir les oppositions. Sans grande surprise, elles fustigent Gabriel Attal. Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella y voit une volonté de "tenter désespérément de faire parler de soi et d'exister". Cela "vaut bien quelques revirements à 180 degrés", lance-t-il sur X en partageant une vidéo d'un précédant débat entre les deux hommes dans lequel Gabriel Attal reproche au parti à la flamme de vouloir "courser les femmes qui portent le voile pour leur retirer leur voile ou les verbaliser".
À gauche, la colère est illustrée par le député socialiste (PS) de l'Essonne, Jérôme Guedj, toujours sur X. "Il a osé… Piétiner la lettre et l'esprit de la loi de 1905 pour courir après la droite et l'extrême-droite", regrette l'élu. "Appliquons la loi (y compris l'article 31 qui punit toute pression pour forcer ou empêcher l'exercice de sa foi) plutôt que dévoyer la laïcité contre les musulmans", abonde-t-il.
Si ces critiques émanant d'autres familles politiques peuvent apparaître comme attendues, Gabriel Attal est critiqué jusque dans son propre camp pour ses prises de position et ses futures propositions. Et les mots utilisés pour qualifier les intentions de l'ancien locataire de Matignon sont pour le moins saignants. Politico révèle ce mercredi 21 mai qu'un député du même camp, "familier de ces sujets" sensibles jugeait la proposition d'interdire le port du voile dans l'espace public pour les moins de 15 ans pas "adaptée".
Selon lui, Gabriel Attal risque même de "donner des arguments" à la thèse de "l'islamophobie d'Etat". Pour rappel, Gabriel Attal avait déjà marqué les esprits en 2023 avec l'annonce de l'interdiction du port de l'abaya à l'école pour faire respecter "le sanctuaire laïc que doit constituer l'école". Il occupait alors le poste de ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse.