Des millions pour des copains ? Le RN suspecté, à nouveau, de détournement de fonds
Ce mardi, le parquet européen a annoncé l'ouverture d'une enquête sur le Rassemblement national (RN) et sur les alliés du parti à la flamme à Bruxelles, tous membres l'ex-groupe Identité et Démocratie (ID), avant la création l'année passée du groupe Patriotes pour l'Europe. Ils sont soupçonnés d'irrégularités financières. Le RN est suspecté d'avoir "indûment dépensé" plus de 4,3 millions d'euros entre 2019 et 2024, d'après un rapport de la direction des affaires financières du Parlement européen. Pour "ne pas compromettre les résultats de l'enquête", le parquet européen n'a pas donné davantage de détails, comme indiqué auprès de l'Agence-France-Presse (AFP).
Une partie importante de cette coquette somme a profité à deux sociétés liées à des proches de Marine Le Pen - la cheffe de file des députés RN à l'Assemblée nationale - son ancien conseiller Frédéric Chatillon et son épouse Sighild Blanc. L'agence de communication e-Politics a perçu 1,7 million d'euros après un appel d'offres "purement formel", comprenant de "graves problèmes de conformité", juge Bruxelles. L'entreprise Unanime, elle, a engrangé 1,4 million d'euros pour des travaux d'impression dont la marge est estimée à environ 260 000 euros. Des informations révélées par Le Monde, l'émission allemande Kontraste, le magazine allemand Die Zeit et l'hebdomadaire autrichien Falter.
Les "inspecteurs bruxellois" sont allés plus loin, et ont remarqué plusieurs dons n'ayant "aucun lien" avec les activités politiques du groupe ID, dont fait partie le RN au Parlement européen. Refuge pour animaux, amicale des sapeurs-pompiers, activités anti-avortement en Allemagne... Voilà à quoi auraient servis quelques 700 000 euros distribués en l'espace de cinq ans, toujours selon le même rapport financier. Ces organismes, auxquels on peut rajouter une organisation catholique pour la restauration d'une paroisse, pourraient également être liées à des proches d'eurodéputés du groupe ID.
Marine Le Pen annonce saisir la CEDH
La semaine dernière, la triple candidate à l'élection présidentielle, Marine Le Pen, assurait ne pas avoir eu connaissance de ces nouvelles accusations : "Je ne sais pas ce qu'il en est, je n'ai pas regardé ce dossier", indiquait-elle. Force est de constater que le parti lepéniste se retrouve embourbé dans une nouvelle polémique, après la condamnation de cette dernière dans l'affaire des assistants parlementaires, notamment à une peine d'inéligibilité, qui pourrait la priver de la prochaine élection présidentielle de 2027.
Justement, Marine Le Pen a décidé de saisir la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) - en application de l'article 39 du règlement de la Cour - pour réclamer notamment "la levée en urgence de la mesure d'exécution provisoire de la peine d'inéligibilité prononcée par le tribunal correctionnel de Paris le 31 mars 2025", peut-on lire dans son communiqué, en date du mardi 8 juillet 2025. Cette dernière évoque un "risque d'atteinte majeure et irrémédiable à ses droits et à ceux des électeurs que constituerait l'impossibilité, pour elle, de se présenter aux élections à venir".