L'habile manœuvre de Bayrou pour tenter d'éviter une censure dès la rentrée
François Bayrou parti pour rester à la rentrée ? Conscient du risque de censure, le Premier ministre a choisi d'ouvrir le débat sur le budget 2026 après le début des vacances parlementaires, mais plusieurs semaines avant l'arrivée du texte à l'Assemblée nationale. Un délai précieux durant lequel, malgré leurs congés, les élus vont discuter de la position à adopter et trancher quant au dépôt et au soutien ou non d'une motion de censure. Mais les mesures annoncées mi-juillet ont déclenché un véritable tollé chez l'opposition, notamment à l'extrême droite de l'échiquier politique.
Maintenant que l'heure est venue, Sébastien Chenu - le vice-président du RN - confirmait sur BFMTV que le parti à la flamme votera la motion de censure "si François Bayrou veut faire les poches des Français". "Si François Bayrou ne revoit pas sa copie, nous le censurerons", avait également prévenu Marine Le Pen, après la présentation du plan du locataire de Matignon, il y a désormais trois semaine de ça. Pourtant, le Palois a peut-être trouvé la parade en ce début du mois d'août, grâce à un texte sur la politique énergétique.
"Il doit être poussé au cul par tous les énergéticiens"
Le cabinet de Marc Ferracci - ministre de l'Industrie et de l'Energie - aurait tenté de publier en fin de semaine dernière le décret de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Problème, François Bayrou a "de nouveau reporté" sa sortie, révèle Politico ce lundi 4 août 2025. Le Premier ministre n'a pas fait ça pour rien, loin de là : cela permet d'ores et déjà de repousser l'examen du texte au mois de septembre. Il a demandé la reprise des concertations des parlementaires sur le sujet "probablement lors de la deuxième quinzaine d'août", indique justement le ministère des Relations avec le Parlement, auprès de Politico.
Un coup bien pensé par François Bayrou. Si le décret est publié dès cet été : c'est "censure direct à la rentrée" du RN, rappelait auprès du média le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy. Ce qui laisse donc un peu de répit au Premier ministre, pas un boulevard non plus. Initialement, la publication de cette fameuse "PPE" était prévue pour la semaine dernière, vendredi 1er août et ce, "sur décision du Premier ministre", révèle l'équipe du ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie.
Le ministère des Relations avec le Parlement assure auprès de nos confrères que des "points devaient encore être arbitrés". Pour un conseiller de l'exécutif, "ils considèrent" plutôt "qu'il y a un gros risque politique" : celui de la censure. En effet, sur le sujet, d'autres groupes parlementaires que le RN souhaitent que la proposition de loi soit réexaminée, sans quoi, François Bayrou pourrait sauter. Si Marc Ferracci considère "qu'il faut désormais avancer", dans l'entourage du locataire de Matignon, on estime que ce dernier "doit être poussé au cul par tous les énergéticiens", des propos rapportés par Politico. En attendant, le Palois gagne du temps.