Greenpeace : la centrale de Tricastin dangereuse ?

Greenpeace : la centrale de Tricastin dangereuse ? Des activistes de Greenpeace ont infiltré la centrale nucléaire de Tricastin le 15 juillet à l'aube. Après y avoir affiché plusieurs banderoles, ils demandent sa fermeture immédiate.

 05h20 : les activistes de Greenpeace pénètrent dans la centrale nucléaire de Tricastin. Armés de banderoles dénonçant le laxisme du gouvernement, les vingt-neuf écologistes se dispersent sur les lieux. Une dizaine atteint les structures de chargement des réacteurs nucléaire en vingt minutes, tandis que d'autres s'affairent à afficher leurs deux posters géants sur les murs de la centrale. On y lit les slogans "François Hollande : président de la catastrophe ?" et "Tricastin : accident nucléaire ". Des messages qui leur valent les applaudissements des employés présents, selon Greenpeace. Quelques heures plus tard, les forces de l'ordre arrivent : les 29 activistes sont arrêtés.

"Tricastin est l'une des centrales les plus dangereuses"

Les membres de Greenpeace sont formels : "la centrale du Tricastin est une de celles qui connaît le plus de risques de sûreté et d'agressions externes naturelles ou humaines". Un bilan retranscrit dans un rapport intitulé "50% de nucléaire : 5 centrales à fermer en priorité" publié par l'ONG. Ils recensent cinq parcs nucléaires nuisibles : Blayais (Gironde), Bugey (Ain), Fessenheim (Alsace), Gravelines (Nord-Pas-de-Calais), et Tricastin (vallée du Rhône). Dans une infographie détaillée, ils décrivent de manière concise les caractéristiques de la centrale nucléaire de Tricastin : quatre réacteurs, entourés d'une population de plus d'un million de personnes, un site de plus de trente ans d'activité... Pour Greenpeace, la centrale présente un fort danger pour les populations alentours de par son ancienneté, autant au niveau des aéroports voisins, que des risques d'inondations et de contamination.

Des défauts d'entretien mal surveillés

En 1998, une vingtaines de fissures ont été découvertes sur le réacteur n.1 construit il y a trente-trois ans. Ces "défauts de revêtements" pourraient entrainer une rupture de la cuve en cas d'un violent choc thermique. Greenpeace prévient aussi du danger aggravé en cas d'accident : le combustible MOX utilisé dans la centrale qui "renforce la réactivité et la puissance thermique résiduelle des réacteurs et des piscines". Le combustible composé de plutonium et d'uranium est l'un des plus toxiques. L'ONG précise notamment la vulnérabilité des parois des réacteurs. Les "parois simples", comme possède la centrale, ne sont que de 6 mm d'épaisseur et ne protègent pas adéquatement les réacteurs des menaces extérieures.

Les risques sont multiples

Pour éviter que l'histoire ne se répète après l'incident survenu à Fukushima en 2011, l'Autorité de sureté nucléaire (ASN) a soumis à EDF un ensemble de mesures afin de prévenir les risques d'inondations. Le site de la centrale de Tricastin est exposé aux crues du Rhône, à la défaillance des digues et aux séismes, pouvant provoquer des lourdes inondations. La centrale est notamment exposée aux incendies, de par sa géo-localisation proche des forêts. Le rapport de Greenpeace souligne aussi les risques liés à la chute d'avions : trois aéroports se situent à proximité du site, ils accueillent sept millions de passagers par an.

La solution selon Greenpeace : fermer la centrale

Alors que les centrales nucléaires sont conçues pour durer une trentaine d'années, de nombreuses pièces essentielles à leur bon fonctionnement ne peuvent être remplacées. Par exemple, la cuve des réacteurs et leur enceinte de confinement, détériorées dans le cas de la centrale de Tricastin, sont trop radioactives pour être changées. Les activistes, en envahissant les lieux, ont demandé la fermeture immédiate de la centrale jugée trop dangereuse. Ils interpellent François Hollande, l'implorant de faire "preuve d'autorité en faisant un choix : annoncer la fermeture du Tricastin et d'autres centrales dans la foulée". Ils reviennent sur sa promesse de réduire le nucléaire à 50% d'ici à 2025.

EN VIDÉO - Greenpeace dénonce les risques au Tricastin
"Nucléaire: Greenpeace dénonce des risques au Tricastin"