Journalistes : pourquoi paient-ils moins d'impôts ?

Journalistes : pourquoi paient-ils moins d'impôts ? Les journalistes disposent d'une niche fiscale : ils peuvent réduire le montant de leurs revenus imposables. Pourquoi un tel avantage ? Explications.

La Cour des comptes a publié un rapport mercredi 18 septembre dans lequel elle critique les aides accordées par l'Etat à la presse écrite. Et remet notamment en question la niche fiscale dont bénéficient les journalistes de tous les médias, de la presse écrite à la télévision, en passant par la radio et le Web. En quoi consiste cette aide de l'Etat ? Tout journaliste peut déduire le montant de 7 650 euros de son revenu imposable, ce qui diminue le montant de son impôt sur le revenu. Cette niche figure à l'article 81 du Code général des impôts, qui explique que cette somme constitue des " allocations spéciales destinées à couvrir les frais inhérents à la fonction ou à l'emploi ". En clair, à la base, cet avantage fiscal doit permettre de couvrir des frais professionnels non remboursés par les employeurs.

Cette niche existe depuis 1934 : les journalistes pouvaient alors retrancher 30 % de leurs revenus pour le calcul de l'impôt. En 1996, le gouvernement d'Alain Juppé a décidé de supprimer cet avantage fiscal, parmi d'autres : face à la mobilisation des journalistes, des négociations ont été menées avec les syndicats. Sous Lionel Jospin, l'avantage fiscal réapparaît, mais sous une forme plus limitée que la précédente version : désormais, les journalistes peuvent retirer 50 000 francs (soit 7 650 euros aujourd'hui) de leur revenu imposable. Ce qui permet de limiter l'aide accordée aux salaires les plus élevés dans les médias, qui ne peuvent plus déduire un pourcentage mais un montant fixe.

Si aujourd'hui la Cour des comptes plaide pour la suppression de cette niche, qui est une aide indirecte à la presse, les syndicats de journalistes ont déjà leurs arguments : outre la mise en avant des frais professionnels considérés comme étant peu remboursés par les employeurs, ces organisations mettent généralement en avant les faibles niveaux de salaires dans cette profession malgré un niveau d'études élevé. Et la précarité est courante dans le métier : cette niche fiscale est également défendue par les syndicats comme une aide pour soutenir les pigistes, ces journalistes indépendants.

Selon la Cour des comptes, cette niche fiscale coûte 60 millions d'euros par an à l'Etat.

EN VIDEO – Ces derniers jours, la Cour des comptes a aussi tiré la sonnette d'alarme quant aux finances de la Sécurité sociale.

"Sécu : la Cour des comptes tire la sonnette d'alarme"