Pourquoi change-t-on d'heure ?

Pourquoi change-t-on d'heure ? A quoi sert vraiment le changement d'heure ? Alors que dans la nuit de samedi à dimanche, les Français gagnent une heure de sommeil, mais chamboulent leur rythme biologique, la question du "pourquoi" s'est plus que jamais posée.

Le changement d'heure a eu lieu ce week-end dans toute la France. Et il fait gagner une heure de sommeil à tous les Français puisque dans la nuit de samedi à dimanche, à 3 heures, il sera 2 heures. Le but : réduire la consommation d'énergie. Depuis le choc pétrolier de 1973, le gouvernement cherche en effet à profiter d'une heure d'ensoleillement en plus en soirée en été pour réduire l'usage de la lumière artificielle, mais aussi réduire le chauffage. Depuis 1998, c'est une directive de l'Union européenne qui harmonise le changement d'heure. Selon les derniers chiffres disponibles, qui remontent déjà à 2009, le changement d'heure a permis d'économiser 440 GWh en éclairage, soit la consommation d'une ville de 800 000 familles. Le ministère de l'Environnement parlait à la même époque de 44 000 tonnes de CO2 émises en moins.

Mais avec le progrès technologique, notamment le développement des lampes basse consommation, comment distinguer avec précision les économies liées au changement d'heure et celles qui seraient le fait d'équipements plus performants ? Selon les opposants au changement d'heure, le décalage des montres et horloge aurait un impact minime sur toutes ces économies. Pire, l'énergie gagnée le soir serait perdue le matin et inversement en hiver : en se couchant plus tard par rapport au soleil, le changement d'heure fait s'éclairer et se chauffer plus tard des millions de Français et même d'Européens.

L'impact du changement d'heure sur les routes est aussi débattu. Les pro-changement évoquent une meilleure visibilité sur le réseau routier en fin de journée, réduisant les risques d'accident. Les anti-changement rétorquent que c'est le matin que la lumière manque aux automobilistes rendant le trajet "domicile-travail" plus accidentogène. Pire, la fatigue qu'induirait le changement d'heure serait elle aussi génératrice d'accidents. La Sécurité routière a communiqué l'année dernière sur les risques accrus pour les piétons après le changement d'heure d'hiver. la luminosité baissant, en particulier le soir, une "surmortalité" peut ainsi être observée entre novembre et janvier.

Changement d'heure : une cause perdue ?

Plus globalement, le changement d'heure est accusé de plusieurs maux sur la santé et le comportement. Difficulté d'adaptation et troubles chrono-biologiques entraineraient concrètement fatigue, troubles du sommeil, troubles de l'appétit, irritation voire dépression chez certaines populations, notamment chez les plus fragiles, les personnes âgées, les nourrissons et les enfants. Plusieurs études, dont une citée dans un rapport d'information du Sénat en 1997, ont fait état des conséquences néfastes du changement d'heure et de la "chrono-rupture" qu'elle implique. Si Alain Juppé, Premier ministre jusqu'en 1997, a déjà mis en doute l'efficacité du changement d'heure et si François Hollande a promis de rouvrir le débat en 2012, si l'Union européenne elle-même a lancé tout un processus pour mettre fin au changement d'heure en 2018, il n'a pour l'instant pas été ébranlé dans les faits.

Le changement d'heure est en effet harmonisé au niveau européen. Ce sont en effet des directives de 1998 puis de 2000 qui déterminent les dates et heures du changement d'heure pour faciliter les échanges sur le marché commun. La dernière en date est la directive 2000/84/CE du Parlement européen. Les Etats restent bien évidement souverains dans la détermination de l'heure à l'intérieur de leurs frontières. Et revenir en arrière serait d'ailleurs particulièrement ardu. Toute modification entrainerait immanquablement des tractations avec nos partenaires. La France est en outre dans une situation particulière dans l'UE, puisqu'elle est en décalage avec le temps universel d'une heure, ce qui signifie qu'elle se trouve à GMT+1 en hiver et GMT+2 en été. Une difficulté supplémentaire pour remettre les pendules à l'heure ?