L'heure d'été, c'est cette nuit. Mais quand exactement ?
[Mis à jour le 29 mars 2015 à 00h31] C'est une heure fantôme mais qui intrigue. Nous vivons à présent le 40e passage consécutif à l'heure d'été depuis sa mise en place de 1976. Le premier changement d’heure 2015 arrive donc dès ce week-end : au cours de cette nuit du samedi 28 mars au dimanche 29 mars, nous allons manipuler les aiguilles, indique le ministère de l'Ecologie. Comme le précise la formule habituelle en ce début de printemps : dimanche, à précisement 2 heures du matin, il sera déjà 3 heures. Cette nuit ou dimanche en matinée, il faudra donc avancer les aiguilles de soixante minutes sur les montres, horloges, smartphones, comtoises, tocantes et autres coucous... Une modification du temps qui n'est pas du goût de tous.
Conséquence logique de cette manipulation, nous allons bénéficier d’une heure de soleil supplémentaire en soirée. Les amateurs de terrasses seront néanmoins heureux de ce décalage. En revanche, la conséquence la moins agréable du passage à l'heure d'été se situe dans nos lit : nous allons perdre une heure de sommeil la nuit prochaine. Pourquoi ce changement d'heure ce week-end ci plutôt qu'un autre ? Ce sont les derniers week-ends de mars et d'octobre qui ont été choisis depuis 1980 en France pour faire valser les aiguilles. Et en 1998, l'ensemble des pays membres de l'Union européenne se sont mis d'accord pour adopter ce schéma. Aujourd'hui, les 28 Etats-membres de l'UE basculent à l'heure d'été le même jour. D'ailleurs, le retour à l'heure d'hiver (G.M.T. +1) est programmé pour le dernier week-end d'octobre 2015. Le dernier changement d'heure de l'année aura donc lieu le dimanche 25 octobre 2015 à 3 heures. Ce jour-là, il faudra reculer les montres de 60 minutes. On gagnera une heure de sommeil, mais on perdra une heure de luminosité en soirée.
Pourquoi changer d'heure ? Pour faire des économies
Cette étonnante manip’ des aiguilles nous aide à faire des économies d'énergie, selon les pro-changement d'heure. En effet, si la lumière du jour concorde mieux avec les heures d’activité humaine maximales, le coût en chauffage ou en électricité recule. Concrètement, on allume moins les lampes s’il fait jour de 20 heures à 21 heures que s’il fait jour de 5 heures à 6 heures du matin. Selon l’ADEME (l’agence de conseil de l’Etat spécialisée dans les questions d’énergie), le changement d’heure permet d’économiser chaque année l’équivalent en électricité de la consommation d’une ville de 800 000 ménages. Il permet également de réduire les pointes de consommation d'électricité en début de soirée, qui est traditionnellement le moment où les installations (centrales, réseaux...) sont le plus sollicitées. Pour donner un exemple, à Paris, le coucher du soleil sera repoussé dès demain de 19h15 à 20h17 (les deux minutes supplémentaires sont attibuées à l'allongement naturel du jour) : ce dispositif permet de baisser la consommation d'énergie, particulièrement forte entre 20 heures et 21 heures. Ce raisonnement est vigoureusement contesté par l’Association Contre l'Heure d'Eté double (ACHED). Pour ce groupement, qui réunit scientifiques et profanes, le passage aux ampoules basse consommation et la généralisation de la climatisation rendent caduc ce raisonnement inventé à l'époque du "tout pétrole" et des bulbes anciennes génération.
Changement d'heure : tout comprendre en une vidéo de 2 minutes.
L'histoire du changement d'heure : comment s'est-il imposé ?
Dès le XVIIIe siècle, l'homme politique et inventeur américain Benjamin Franklin s'est désolé des heures de soleil "perdues" au petit matin. Il proposait notamment de réveiller les citoyens plus tôt dans la matinée, notamment en tirant quelques coups de canon destinés à reveiller les dormeurs (heureusement, il n'était pas très sérieux dans sa demande). Mais le changement d'heure en tant que tel a été imaginé par un scientifique néo-zélandais, Georges Vernon Hudson, en 1895. Le concept a été appliqué pour la première fois pendant la Première guerre mondiale. D’abord en Allemagne et en Autriche-Hongrie, avant de gagner la France et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. La mesure abandonné à la fin du conflit avant d'être rétablie entre 1940 et 1945. L’heure d’été a été "ressuscitée" pendant la crise pétrolière, au milieu des années 1970. Au moment où l'on entend le fameux slogan "on n'a pas de pétrole, mais on a des idées" sur les ondes, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing et le Premier ministre Jacques Chirac autorisent une première transition - en mars 1976 - semant la confusion chez les frontaliers. En effet, à l’époque, la Suisse ou la Belgique ne pratiquent pas ce saut sur leurs horloges et la circulation des trains et des avions en est perturbée. Depuis, l’ensemble des pays de l’Union européenne ont harmonisé les dates des changements d’heure. De quoi graver ce cérémonial dans le marbre pour pas mal d’années…
Un problème de santé publique ?
Selon un sondage OpinionWay pour "Comprendre Choisir" publié il y a quelques jours, 19 % seulement des Français sont favorables au changement d'heure. Les autres se montrent indifférents, tandis que la moitié environ sont clairement hostiles... Peu étonnant, quand on sait que des questions se posent sur son impact sur la santé publique. Ses détracteurs l'accusent de provoquer perturbations du sommeil, dépressions ou de troubles cardiaques. Les conclusions sur ce point demeurent pour l'instant contradictoires : une étude suédoise pointait en 2008 une augmentation du risque d'infarctus et de crise cardiaque. Plus effrayant encore : le recul de la luminosité en automne serait responsable d'accidents de voiture impliquant des piétons. La Sécurité routière explique que la moitié des décès de piétons se concentrent sur les mois hivernaux. Ces chiffres sont là aussi sujets à caution. Le changement d'heure rencontre par ailleurs une vive opposition chez les éleveurs, les vaches étant très sensibles à l'heure de leur traite.
Un impact sur les élections départementales ?
Le passage à l'heure d'été intervient le même jour que le deuxième tour des élections départementales. Dans la plupart des cas, les bureaux de vote ferment leurs portes à 18 heures. Le zones où l'on peut voter jusqu'à 19 heures ou 20 heures sont nettement plus rares et concernent principalement les grandes villes de l'Hexagone. Prudence, donc, pour ceux qui veulent faire leur geste citoyen ! En effet, avec le changement d'heure, cette heure arrivera "plus tôt" que prévu en se basant sur l'heure d'hiver, à laquelle nous sommes habitués depuis 5 mois. Il faudra donc ne pas oublier de se présenter devant l'urne avant la fermeture... à l'heure d'été. Au premier tour, un électeur sur deux s'était déplacé. Qu'en sera-t-il au second ?
Si jamais votre téléphone n'arrive pas à se régler tout seul, voici les trucs et astuces pour qu'il indique la bonne heure :