Attentat de Magnanville (Yvelines) : l'hommage à Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider
MAGNANVILLE - La police nationale leur rend hommage aux forces de l'ordre tuées lundi soir à Magnanville, dans les Yvelines. Leur noms et leurs photos ont été diffusés.
[Mis à jour le 14 juin 2016 à 17h55] Deux policiers ont été assassinés à l'arme blanche à leur domicile ce lundi soir, à Magnanville, dans les Yvelines. Leur fils de 3 ans a été libéré, choqué mais indemne, et leur assassin a été abattu par le RAID après plusieurs heures de négociations, vers minuit. Les deux victimes sont Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant du commissariat des Mureaux, et Jessica Schneider, 36 ans, également fonctionnaire du ministère de l'Intérieur. La police nationale a décidé "en accord avec leurs familles", de diffuser leur photo pour leur rendre un hommage sur le réseau social Twitter.
En accord avec leurs familles, ns rendons hommage au Cdt JB. SALVAING et sa compagne adj administrative J. SCHNEIDER pic.twitter.com/7C1QQOw1nS
— Police Nationale (@PoliceNationale) 14 juin 2016
Le jeune enfant des victimes, Mathieu, a été hospitalisé à Necker, à Paris, où il est entouré de ses grands-parents. La piste d'un attentat terroriste, visant directement des officiers de police, a été rapidement confirmée ce mardi matin, François Hollande, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve ayant de concert utilisé ce terme dans la journée et le procureur de la République de Paris François Molins indiquant que le tueur connaissait la profession de ses victimes.
Ce nouvel acte terroriste sur le sol français intervient sept mois jour pour jour après l'attentat de Paris du 13 novembre, au Bataclan et au Stade de France. Dans la nuit de lundi à mardi, Daesh a revendiqué le double homicide via son agence de presse Amaq. L'organisation terroriste indiquait dans son communiqué qu'un "combattant de l'Etat islamique a tué à l'arme blanche un chef-adjoint de la police des Mureaux ainsi que sa femme fonctionnaire de police dans la ville de Magnanville".
L'Etat islamique revendique l'attentat de Magnanville en France (Amaq) pic.twitter.com/uRq4MtAEKt
— David Thomson (@_DavidThomson) 14 juin 2016
Rappel des faits
Les faits se sont déroulés à partir de 20h30, allée des Perdrix, dans la petite ville du 78. Le père de famille, Jean-Baptiste S., aurait d'abord été surpris par son agresseur, Larossi Abballa, qui s'était dissimulé derrière un portail au moment ou sa "cible" rentrait chez elle. Touché par plusieurs coups de couteau, l'officier de police aurait fait preuve de courage face à son assassin, selon le Figaro qui a eu accès aux premiers éléments de l'enquête. Le policier aurait en effet réussi à se dégager et aurait pris soin d'alerter ses voisins et les riverains et leur aurait ordonné de fuir et d'aller prévenir ses collègues, alors qu'il était déjà lourdement blessé. Son assaillant est parvenu à le rattraper pour lui asséner de nouveaux coups dans le torse.
Larossi Abballa aurait ensuite pénétré dans le pavillon pour prendre en otages la compagne du policier, Jessica S. et leur fils de trois ans. Le RAID a rapidement été déployé sur place et un périmètre de sécurité établi tandis qu'une négociation était entamée avec le ravisseur. Lors des négociations qui ont duré plusieurs heures, Larossi Abballa a confirmé avoir prêté allégeance à Daesh depuis trois semaines et affirmait disposer d'armes et d'explosifs pour faire une "surprise" aux policier s'ils tentaient d'aller le déloger. Ce sont ces menaces de "tout faire exploser" qui ont inciter les policiers à intervenir.
Le RAID a lancé l'assaut vers minuit et a abattu le forcené. En pénétrant dans le logement, ils ont découvert le corps d'une femme, la compagne du policier tué, avec une blessure au cou faite par une lame tranchante. L'enfant a quant à lui été retrouvé sain et sauf, mais en état de choc. Dans le pavillon, les enquêteurs ont découvert une liste de cibles à abattre comme des policiers, journalistes, rappeurs, avec plusieurs noms de personnalités publiques. Trois téléphones portables ont été retrouvés ainsi que trois couteaux, dont un ensanglanté posé sur la table. Un Coran, une djellaba blanche et deux livres intitulés "La croyance authentique" et "L'explication des trois fondements" ont été retrouvés dans le véhicule du meurtrier, garé à proximité du pavillon.
L'assaut des forces de police a été confirmé vers 00h10 par le ministère de l'Intérieur, alors qu'une explosion avait été entendue quelques minutes plus tôt par des témoins. La mort des deux policiers a été confirmée dans la foulée par la préfecture. Dans un communiqué diffusé dès 00h30, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a immédiatement fait part de son "infinie tristesse" et adressé ses "sincères condoléances" aux proches des victimes, tout en assurant "les collègues du policier décédé et de sa compagne de son entier soutien". Dans son communiqué, il a salué le "sang-froid" des hommes du RAID qui ont "sauvé le petit garçon du couple". Bernard Cazeneuve s'est aussi rendu sur place ce mardi matin, aux commissariats des Mureaux et de Mantes-la-Jolie, après une réunion de crise à l'Elysée. François Hollande a quant à lui pris la parole en milieu de matinée ce mardi pour dénoncer un "acte incontestablement terroriste".
Le terroriste était sous surveillance
Le terroriste présumé est présenté depuis ce matin comme Larossi Abballa, un homme de 25 ans déjà condamné par le passé pour participation à un projet terroriste. En 2013, il avait écopé de trois ans de prison dont six mois avec sursis pour une affaire d'acheminement de djihadistes vers le Pakistan et l'Afghanistan. Selon le Point, il aurait par ailleurs suivi à l'époque un entrainement militaire dans le Val d'Oise. Il y a quelques semaines, son nom avait été repéré dans l'entourage d'un homme parti s'installer en Syrie. Il était donc sous surveillance de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et même placé sur écoutes depuis le mois de mars selon France Info. Une surveillance qui ne l'aura manifestement pas empêché de passer à l'acte.
Larossi Abballa a aussi posté des messages sur un compte Facebook ainsi qu'une vidéo en live depuis le lieu de l'attentat. Selon le spécialiste des réseaux djihadistes David Thomson, des photos de ses victimes ont brièvement circulé. Il a aussi laissé sur le réseau social un "long message de revendication" dans lequel il appelle à "tuer les policiers, les gardiens de prisons, les journalistes, les rappeurs" en citant plusieurs personnalités.
Lire aussi : Le message terrifiant du terroriste sur Facebook
Trois personnes ont été placées en garde à vue ce mardi. Des hommes âgés de 27, 29 et 44 ans selon le procureur de Paris François Molins. Ces trois personnes sont des membres de l'entourage de Larossi Abballa. L'un d'eux figure parmi les huit membres d'une filière jihadiste.