Grenoble : ce que signifie la fresque street art de Goin qui fait polémique
Une fresque dessinée par l'artiste Goin dans le cadre du Grenoble Street Art Festival fait polémique. Elle est qualifiée d'anti-police.
[Mis à jour le 27 juin 2016 à 09h29] La fresque de l'artiste de street art Goin est-elle anti-police ? C'est en tout cas ce qu'ont pensé les membres de forces de l'ordre lorsqu'ils l'ont découverte lors d'une patrouille vendredi matin, à Grenoble. Une Marianne à terre tenant un drapeau français déchiré, deux policiers matraque à la main prêts à sévir… Le dessin réalisé près de la gare, jeudi, dans le cadre du Grenoble Street Art Festival suscite la polémique. L'affaire est remontée jusqu'au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui s'est fendu d'un tweet dimanche soir, renvoyant la responsabilité de cette fresque à Eric Piolle, maire de la ville.
Plein soutien aux policiers qui protègent chaque jour les Grenoblois, et qui attendent d'@EricPiolle qu'il leur dise ses regrets #fresque
— Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 26 juin 2016
Si l'artiste Goin est anonyme et n'a toujours pas réagi, l'organisateur du festival a tenu à expliquer l'œuvre. "C'est une allégorie à l'Etat actuel et à l'emploi du 49-3 pour faire passer la loi travail", indique Jérôme Catz au Dauphiné Libéré. Les chiffres qui désignent l'article de la Constitution sont d'ailleurs visibles sur le bouclier de l'un des policiers. "Maintenant, si une œuvre fait réagir, c'est bien. C'est aussi le but de l'art", ajoute l'organisateur. Pour clarifier ses intentions, Goin a ajouté une légende à son œuvre, vendredi, alors que dessin commençait à faire polémique : "L'Etat matraquant la liberté". D'après un journaliste du journal régional, la ville de Grenoble devrait recevoir ce lundi un courrier de la préfecture lui demandant de procéder au retrait de l'œuvre.
Lundi par courrier, la préfecture demandera à la Ville de #Grenoble le retrait de cette oeuvre... Via @LeDL_Grenoble pic.twitter.com/SXpMqXRIs1
— Stéphane Echinard (@Steph_Echinard) 25 juin 2016
"On s'interdit de vouloir gérer la création artistique"
La teneur de l'oeuvre n'est pas la seule raison qui suscite l'indignation. Le festival de street art a en effet été subventionné par la mairie écologiste. "Quand la collectivité locale finance, sur l'agent des contribuables grenoblois, une fresque réalisée dans le cadre d'un festival subventionné à hauteur de 25 000 euros, (...) elle est responsable des messages passés", estime Geneviève Fioraso, ancienne ministre socialiste dans l'opposition à la municipalité, rapporte Le Monde. Jean-Pierre Barbier, président LR du conseil départemental de l'Isère, a de son côté estimé sur Twitter que la fresque était "honteuse". "En tant que politiques, on s'interdit de vouloir gérer la création artistique", répond-on au cabinet du maire, selon le site d'information. "On comprend la réaction de la police et d'autres, mais ça reste une oeuvre d'art, et l'art peut être subversif".
EN VIDEO - Le street art, "une manière de s'approprier son environnement"