Cardinal Barbarin : relaxé, mais l'affaire n'est pas terminée

Cardinal Barbarin : relaxé, mais l'affaire n'est pas terminée BARBARIN - Pour le cardinal Barbarin, condamné en première instance puis relaxé en appel pour ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat, la séquence judiciaire n'est pas achevée. Les parties civiles ont pris la décision de se pourvoir en cassation.

[Mis à jour le 30 janvier 2020 à 15h42] Le procès en appel du cardinal Barbarin s'est conclu par une relaxe, alors qu'il avait été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis. Le primat des Gaules était jugé une seconde fois pour de pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat, qui a reconnu - et dont le procès s'est ouvert il y a quelques semaines - des faits de pédocriminalité sur de jeunes scouts entre 1971 et 1991. Un des avocats du cardinal Barbarin, Me Jean-Félix Luciani, s'est félicité de cette décision de la Cour d'appel de Lyon, déclarant : "Cette injustice est aujourd'hui réparée, (...) le cardinal Barbarin est innocent."

Mais d'injustice, les parties civiles en voient une autre, et ont annoncé leur décision de se pourvoir en cassation. Le répit accordé au cardinal Barbarin aura donc été de courte durée, puisqu'un troisième procès devra avoir lieu à la Cour de cassation. Maître Sauveyre, avocat de Stéphane Hoareau (une supposée victime du père Preynat) dans le procès Barbarin, a annoncé au Progrès cette décision. "Le prochain épisode est classique, après la Cour d'appel, c'est la Cour de cassation. Puisqu'on a visiblement une interprétation d'un tribunal qui nous donne raison, et de la Cour d'appel qui nous donne tort, et bien c'est la Cour de cassation qui va les départager," a-t-il expliqué sommairement au micro du Progrès. Et d'ajouter : "Donc ce sera le dernier volet... Ou peut-être pas, si la Cour de cassation casse l'arrêt."

La possibilité d'un pourvoi en cassation avait déjà été évoquée par les parties civiles comme étant une option, à l'issue du procès en appel. François Deveaux, une supposée victime du père Preynat et président de l'association La Parole libérée, avait estimé que le parquet n'avait pas fait preuve d'une "écoute très attentive", considérant que la "décision en première instance, confirm[ait] la matérialité des faits". L'association envisageait "clairement un pourvoi en cassation parce que c'est une décision qui est capitale".

La justice considère que le cardinal Barbarin est innocent

"Je n'ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles", avait-il soutenu lors de son premier procès en janvier 2019, qui avait donc vu le tribunal de Lyon le condamner à six mois de prison avec sursis. Ce jeudi 30 janvier, la justice a donc finalement donné raison au cardinal Barbarin, estimant qu'il n'était pas coupable de s'être tu. Le procureur général Joël Sollier avait réclamé la relaxe, évoquant la dissociation entre le "cas individuel" du Primat des Gaules et les "fautes morales et pénales" imputables à l'Église face à la pédocriminalité qui y a régné. Le procureur avait ajouté que le cardinal Barbarin n'avait jamais voulu, de quelque manière que ce soit, entraver la justice et que les victimes présumées du père Preynat pouvaient porter plainte elle-même si elles le souhaitaient. Exiger du cardinal de dénoncer des faits datant de plus de 30 ans, revenait, selon le procureur, à entrer dans une "conception extensive" du droit, faisant "courir le risque d'ajouter de l'injustice à l'injustice". Les juges ont manifestement été sensibles à cet argumentaire.

"Il n'y a pas d'infraction qui peut être reprochée" à Barbarin

Avant même que le relaxe soit prononcée - qui semblait de plus en plus probable, l'un des avocats des parties civiles se disait malgré tout satisfait de la peine prononcée en première instance. "Cette procédure a eu le mérite d'exister, on nous a dit qu'on avait raison", a déclaré maître Sauvayre, cité par l'AFP, évoquant "une condamnation qui avait un vrai sens, ne serait-ce que symbolique". Pour l'avocat du cardinal Barbarin, Jean-Félix Luciani, "il n'y a pas d'infraction qui peut être reprochée" à son client. "Pour nous le cardinal n'a pas à dénoncer une infraction à la place d'un homme qui n'est pas en incapacité de le faire. Ce n'est pas raisonnable car toute la hiérarchie du clergé et tous les proches des victimes pourraient être poursuivis", avait-il soutenu, également cité par l'AFP.