Explosion à Paris : plusieurs témoignages poignants

Explosion à Paris : plusieurs témoignages poignants EXPLOSION PARIS - Entre sentiment de solitude et traumatisme psychologique, les habitants de la rue de Trévise ont témoigné. Les causes de l'explosion ne sont pas encore connues.

[Mis à jour le 14 janvier 2019 à 17h47] Deux jours après la violente explosion survenue dans le neuvième arrondissement de Paris, l'incompréhension domine. Comment une explosion pareille, occasionnant la mort de quatre personnes et les blessures de 50 autres, a-t-elle pu se produire en plein coeur de la capitale ? Plusieurs victimes de cette catastrophe, dont la propriétaire de la boulangerie, ont témoigné et ont fait part de leur désarroi.

Dounia a été interrogée par RMC ce lundi matin. Elle est la mère d'Inès, qui travaille à l'hôtel de la rue de Trévise, situé juste en face de la boulangerie. Sa fille a été grièvement blessée dans l'explosion. Si son pronostic vital n'est plus engagé, la jeune femme est consciente qu'elle ne pourra désormais plus marcher. "C'est elle la première qui a reçu la porte de l'hôtel dans les jambes et avec la panique les gens ont marché dessus", a raconté la mère. La salariée a subi dix heures d'interventions et devait encore retourner au bloc ce lundi. Sa mère dénonce la solitude des familles. "Devant elle , je ne pleure pas mais dans le couloir de l'hôpital j'explose. On est seuls , on est tout seuls, il n'y a personne pour nous soutenir", a t-elle lâché. Elle ne comprend pas non plus pourquoi les pompiers ne sont intervenus que samedi alors que "depuis la veille tout le monde se plaignait des odeurs de gaz".

D'autres habitants de la rue de Trévise sont intervenus au cours d'un reportage diffusé au journal de 20 heures dimanche soir. Marie-Paule, 81 ans, vivait dans son appartement depuis 24 ans. Elle a pu voir, par la suite, les terribles images de l'explosion. Dans son logement, "tout a été soufflé, pulvérisé". Au delà du choc matériel, l'octogénaire a évoqué son traumatisme psychologique. "Maintenant dès que j'entends un boum, une sirène... Hop je saute. J'ai encore ce bruit inimaginable, le souffle", raconte-t-elle. Sans vêtements de rechange et sans aucun papier, Marie-Paule et son mari se sont réfugiés chez leur fille. D'autres habitants ont vu l'appartement dans lequel ils ont passé 40 ans de leur vie partir en fumées et disent "ne toujours pas y croire" .

La propriétaire de la boulangerie qui a été le théâtre de l'incendie a également témoigné. Interrogée par RTL ce lundi matin, elle avoue son incompréhension."On ne sait pas ce qui s'est passé", dit-elle, esquissant une théorie selon laquelle le gaz viendrait "d'un appartement voisin". Et d'expliquer sa chance d'avoir pu échapper au pire : "A une minute près, on y passait". Effectivement, la boulangère était en chemin vers son commerce, avec son mari, quand l'explosion a eu lieu. Du côté du distributeur de gaz GRDF, on reste prudent sur l'explication de l'accident. Christian Buffet, le directeur exécutif de la filiale d'Engie, a fait savoir ce dimanche qu'il était "trop tôt pour identifier la cause de cet accident". Les pompiers, eux, poursuivent leurs opérations rue de Trévise et cela pourrait durer encore "une bonne partie de la semaine".

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Explosion à Paris : rappel des faits

Un incendie dans une boulangerie, probablement d'origine accidentelle, a provoqué une forte explosion de gaz samedi 12 janvier, vers 9 heures, à Paris. La catastrophe s'est produite rue Trévise, dans le 9e arrondissement de la capitale, à proximité des grands boulevards. Le secteur a été bouclé et les habitants ont été invités à éviter la zone du sinistre. 12 immeubles sont condamnés pour une durée d'au moins 48 heures. 

Cause de l'explosion à Paris

La piste de l'attentat n'est pas évoquée. La préfecture privilégierait celle d'une fuite de gaz pour expliquer l'explosion selon France Info. Les pompiers étaient déjà sur place au moment où l'explosion a eu lieu. Une enquête a été confiée à la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) afin d'établir les circonstances de ce drame très vraisemblablement accidentel. Les causes de l'explosion ne sont pas encore connues à ce jour, il serait encore trop tôt, selon GRDF. Dans la presse ce dimanche, Alexandre Vesperini a dénoncé la vétusté du réseau de gaz parisien, le décrivant dans un "état catastrophique". Par ailleurs, Boris Weliachew, architecte spécialisé dans les risques majeurs a aussi estimé sur BFMTV que le "réseau de gaz est très vétuste" à Paris. Il a aussi estimé qu'il l'était "trop lentement, parce que ce n'est pas pris comme quelque chose de prioritaire jusqu'à présent". 

Bilan et victimes de l'explosion à Paris

Le bilan de l'explosion s'élève à quatre morts. Il s'agit de deux pompiers, d'une habitante de l'immeuble et d'une touriste espagnole, a fait savoir la préfecture de Police de Paris ainsi que le ministère des Affaires étrangères espagnol. Les deux pompiers décédés sont le 1re classe Nathanäel Josselin et le caporal-chef Simon Cartannaz, premiers intervenants dans l’immeuble où une fuite de gaz était suspectée, âgés de 27 et 28 ans. Laura Sanz Nombela était quant à elle une mère de famille espagnole de 38 ans, venue à Paris avec son mari pour le week-end. Le corps d'une quatrième victime, une femme a été retrouvé dimanche. Par ailleurs, on recense au moins 49 blessés dont 10 en urgence absolue.