Ligue du LOL : c'est quoi ? C'est qui ? L'affaire expliquée

Ligue du LOL : c'est quoi ? C'est qui ? L'affaire expliquée

LIGUE DU LOL - Le scandale de la Ligue du LOL a secoué le monde des médias en début d'année 2019, jusqu'à la création du #NotAllMedia, une façon de se désolidariser des pratiques du collectif.

Début février 2019, le monde des médias était secoué par le scandale de la "Ligue du LOL", collectif actif au début des années 2010 regroupant, sur Facebook et Twitter, une trentaines de journalistes et communicants parisiens dont l'objectif était de faire des blagues en privé. Mais certains d'entre eux sont allés plus loin et ont versé dans l'humour noir, les insultes, les menaces et le harcèlement. Les personnes visées étaient principalement des femmes.

Après les premiers témoignages publiés sur les réseaux sociaux entre le 8 et le 10 février, plusieurs membres de la Ligue du LOL ont reconnu les faits et ont présenté leurs excuses. Pour certains d'entre eux, cela a abouti à leur suspension provisoire puis à leur licenciement dans leurs médias respectifs.

Le scandale de la Ligue du LOL, avec son flot de révélations jusqu'à la mi-mars, a abouti à des tensions dans le monde journalistique, à tel point qu'un hashtag, sur Twitter, est né pour se désolidariser clairement des agissements du collectif. Sous ce hashtag, #NotAllMedia, certains journalistes ont également dénoncé, ironiquement, le "camp du Bien", la "presse vertueuse" ou "progressiste" que peuvent représenter, selon eux, les médias cités dans l'affaire de la Ligue du LOL.

La Ligue du LOL, c'est quoi ?

Le scandale de la Ligue du LOL se rapproche d'un phénomène sordide de cour de récré. En résumé, au tournant des années 2010, Twitter et Facebook n'ont pas encore la popularité qu'ils connaissent aujourd'hui et sont perçus comme de nouveaux espaces de liberté et d'échange, aussi révolutionnaires que virulents. Quelques membres pionniers de ces réseaux sociaux, une trentaine de journalistes et communicants parisiens, principalement des hommes sortant d'écoles de journalisme ou de communication, en profitent pour créer la "Ligue du LOL", un espace privé où les blagues douteuses et le trolling frôlent parfois le harcèlement en ligne. Certains membres de la Ligue du LOL iront jusqu'à interpeller en meute et à répétition d'autres utilisateurs, objets de leurs moqueries ou d'attaques plus violentes, comme l'envoi de photomontages pornographies, d'appels au viol ou la publication de canulars téléphoniques. Leurs cibles : des personnes issues des minorités, des femmes... Qui ont brisé le silence et confessé le harcèlement dont elles ont été victimes.

Ligue du LOL : un exemple dans Quotidien

Depuis l'éclatement du scandale lié à la Ligue du LOL, de multiples témoignages ont afflué sous forme de threads sur Twitter. Il y a eu Florence Porcel, youtubeuse, qui a rapporté avoir été harcelée et victime d'un canular téléphonique consistant à lui faire croire à une embauche. Daria Marx, militante féministe et cofondatrice du collectif "Gras Politique", a également témoigné en assurant avoir reçu "des messages souhaitant [s]a mort". Capucine Piot, journaliste, a expliqué avoir fait l'objet de "montages photos/vidéos visant à se moquer" d'elle. Dans la même veine, Nora Bouazzouni, également journaliste, se souvient de "trucs pornos avec [s]a tête dessus, des mails d’insultes anonymes". Voici le témoignage de l'une des victimes dans l'émission Quotidien du 11 février 2019.

Des membres de la Ligue du LOL s'expliquent

Une partie des membres de la Ligue du LOL ont reconnu des faits, se sont expliqués voire, pour certains, excusés sur leurs comptes Twitter. C'est le cas de Vincent Glad (@vincentglad), journaliste de Libération et Brain Magazine, passé par Le Grand Journal de Canal+ et qui s'est illustré  comme un fin observateur du mouvement des Gilets Jaunes sur Facebook. Créateur de la Ligue du LOL, il a expliqué avoir "créé un monstre qui [lui] a totalement échappé".

Une douzaine d'autres autres membres de la Ligue du LOL ont multiplié, pour certains des excuses, pour d'autres des explication, parfois en les retweetant, parfois en niant avoir contribué aux dérapages. Après les révélations et leurs explications, certains membres et ancien membres de la Ligue du LOL ont été mis à pied ou écartés par leur rédaction.

Les noms de la Ligue du LOL traqués

La publication des premiers témoignages, le vendredi 8 février, a provoqué une chasse aux anciens membres de la Ligue du LOL sur les réseaux sociaux. A fortiori depuis le lundi 11 février et la mention de cette affaire dans de nombreux médias suivant Libération, qui a publié le premier article sur le sujet. Sur Twitter, de nombreux anciens membres de la Ligue du LOL ont été interpellés, leurs compte Twitter listés, le nombre de leurs posts supprimés ont été décomptés. Une liste de 33 noms a été publiée dès le 9 février sur la plateforme Pastebin. Attention, rappelons bien que si certains noms sont mis en avant, cela ne signifie pas forcément et à coup sûr qu'ils sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans la Ligue du LOL. Des appels au calme sont d'ailleurs lancés pour éviter "qu'une meute laisse la place à une autre".