Incendie du Cuba Libre à Rouen : le détail de la peine prononcée
CUBA LIBRE - Cinq ans de prison dont trois ferme ont été prononcés à l'encontre des deux gérants du Cuba Libre, un bar de Rouen où 14 personnes ont péri dans un incendie en août 2016.
[Mis à jour le 22 octobre 2019 à 16h45] Le jugement du procès des deux gérants du Cuba Libre, un bar du centre-ville de Rouen, est tombé ce mardi 22 octobre. Plus de trois ans après les faits, un incendie dans lequel quatorze jeunes avaient perdu la vie, Nacer et Amirouche Boutrif, 48 et 40 ans, ont été condamnés à cinq ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Rouen. La peine des deux frères, jugés pour "avoir involontairement causé la mort" des victimes, est non aménageable et sans mandat de dépôt.
Les juges ont considéré qu'ils avaient "violé plusieurs obligations de prudence ou de sécurité imposées par la loi et le règlement". "Ces violations sont à l'origine de l'incendie qui est la cause directe et certaine" des décès, a précisé la présidente du tribunal citée par l'AFP. Pour rappel, le parquet avait requis, à l'issue du procès, quatre ans de prison ferme, évoquant "une somme de manquements en matière de sécurité" imputable aux deux gérants.
Le parquet s'était appuyé sur le dossier de l'enquête qui avait démontré plusieurs "négligences", au-delà de l'origine accidentelle de l'incendie. Le procureur de la République de Rouen Pascal Prache avait également condamné "l'association de deux co-gérants qui ont essayé de se faufiler entre les dispositions réglementaires selon le principe du pas vu, pas pris", évoquant un "drame épouvantable".
Un revêtement inflammable, une issue de secours verrouillée...
Pour expliquer les circonstances de l'incendie, il y a cette victime, les bras chargés d'un gâteau d'anniversaire, descendue au sous-sol de l'établissement, transformé illégalement en piste de danse. Les bougies, de type feux de Bengale, auraient frotté contre les parois de cet escalier étroit et bas de plafond, selon le témoignage des trois rescapés de l'incendie. Problème, la matière utilisée, le polyuréthane, censée amoindrir le bruit de la musique, est extrêmement inflammable, comme l'a révélé l'enquête.
Mais surtout, il y a la porte de secours, verrouillée ce soir-là et étrangement montée à l'envers. "Je sais ce que j'ai fait, je me rends compte des conséquences. Que je sois puni, c'est tout à fait normal", avait notamment déclaré Nacer Boutrif lors du procès. La plupart des victimes, venues fêter les 20 ans d'Ophélie, avaient entre 18 et 25 ans. La plus âgée avait 41 ans.