Fatima E, la mère voilée du conseil régional, porte plainte
Fatima E, une mère voilée, a été violemment prise à partie par l'élu du Rassemblement national Julien Odoul vendredi dernier, lors du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. La maman, qui déclare être traumatisée, porte plainte pour "violences en réunion" et "incitation à la haine".
[Mis à jour le 16 octobre 2019 à 22h42] Elle a violemment été prise à partie, vendredi dernier, lors d'une séance du conseil régional de Bourgogne-France-Comté. En cause : le voile qu'elle portait. Alors qu'elle accompagnait la classe de son fils en sortie scolaire, Fatima E fait l'objet d'une agression verbale de la part de l'élu du Rassemblement national Julien Odoul. Ce dernier a réclamé qu'elle retire "son voile islamique" lors de la séance publique du conseil régional. Ce mercredi soir, franceinfo rapporte que cette maman, qui affirme être traumatisée par cet événement dans un entretien au collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), a finalement décidé de porter plainte pour "violences en réunion" et "incitation à la haine".
Une première plainte pour "violences en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique sur mineur et majeur à caractère raciales" a été déposée ce mercredi devant le parquet de Dijon, a expliqué Me Sana Ben Hadj Younes ce mercredi. Une autre plainte pour "incitation à la haine" sera déposée dans les jours à venir, cette fois-ci devant le parquet de Paris. Elles viseront toutes les deux directement Julien Odoul, élu RN, ainsi qu'une femme ayant invectivée la maman voilée dans les couloirs du conseil régional, précise franceinfo.
"J'avais les larmes", raconte la mère voilée
"La seule chose que j'ai vue, c'était la détresse des enfants. Ils étaient vraiment choqués et traumatisés", a déclaré la a Fatima E au CCIF. "Le matin on a fait une visite au musée, et ensuite on est arrivés au conseil régional, où il était prévu qu'on y reste une dizaine de minutes, pour regarder comment ça se passe", raconte-t-elle, avant de décrire l'instant où l'élu RN l'a directement ciblée, lui demandant expressément de sortir ou de retirer son voile. "J'entends quelqu'un dire : 'Au nom de la laïcité'. Puis j'entends des personnes qui commencent à crier, s'énerver. Franchement, j'étais là sans être là. J'avais les larmes qui commençaient à monter." Fatima E raconte que beaucoup de conseillers l'ont tout de même soutenue, lui demandant de rester et de ne pas donner raison à Julien Odoul. "Mais quand j'ai vu mon fils en train de craquer, je leur ai dit que je ne pourrai plus rester. [...] Je tremblais de la tête aux pieds et je me sentais en train de tomber. Je ne voulais pas craquer devant les enfants, donc je suis sortie", explique-t-elle.
Fatima E affirme avoir "peur de tout"
Fatima E. se dit "fatiguée" et semble encore très affectée par l'événement. Elle indique avoir également été interpellée par Karine Champy, une élue exclue du FN, dans les couloirs de l'assemblée. "J'ai peur de tout. Parfois le visage de cette dame me revient, j'ai des frissons et je tremble. Sincèrement, ils ont détruit ma vie… [...] Aujourd'hui, j'ai une opinion négative de ce qu'on appelle la République. Et je trouve que le ministre de l'Éducation a dit quelque chose de honteux, lorsqu'il a parlé du voile", ajoute-t-elle. Jean-Michel Blanquer, avait affirmé que celui-ci "n'est pas souhaitable dans notre société" dimanche.
Après la prise à partie de la mère voilée, la polémique
La vidéo de la prise à partie de la maman voilée lors du conseil régional a en effet fait le tour des médias, et n'a pas manqué de déclencher une nouvelle polémique sur le port du voile dans la classe politique. Les membres de la majorité eux-mêmes ne sont pas d'accord sur le sujet. Si Jean-Michel Blanquer s'est plutôt positionné contre le port du voile en sortie scolaire, Sibeth Ndiaye a pris son contrepied, fustigeant la démarche de Julien Odoul et affirmant qu'elle n'avait "pas de difficulté à ce qu'une femme voilée participe à une sortie scolaire."Ce mercredi, lors de sa conférence de presse aux côtés d'Angela Merkel, Emmanuel Macron s'est lui aussi exprimé sur ce sujet sensible. Le président de la République a appelé à ne pas "stigmatiser nos concitoyens" et à "lutter contre le communautarisme".