Sarah Halimi : pourquoi son meurtrier présumé ne sera pas jugé

Sarah Halimi : pourquoi son meurtrier présumé ne sera pas jugé SARAH HALIMI - Reconnu pénalement irresponsable, l'homme suspecté d'avoir tué Sarah Halimi, 65 ans, en 2017 a agi sous le coup de bouffées délirantes dues à une surconsommation de cannabis.

"Irresponsable", car sous l'empire de la drogue. L'homme suspecté du meurtre de Sarah Halimi en 2017 ne sera pas jugé aux assises, la justice l'ayant reconnu pénalement irresponsable. Gros consommateur de cannabis, l'individu était "en proie à une bouffée délirante", selon la justice. Les parties civiles ont vivement critiqué cette décision très attendue de la cour d'appel de Paris et envisagent le pourvoi en cassation, selon l'avocat des enfants de Sarah Halimi.

L'affaire avait ravivé le débat autour de l'antisémitisme dans certains quartiers, suscitant jusqu'à la réaction d'Emmanuel Macron dans un discours au Vel d'Hiv. "Malgré les dénégations du meurtrier, la justice doit faire toute la clarté sur la mort de Sarah Halimi", avait déclaré le chef de l'État en 2017.

Dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, le suspect, K. Traoré s'est introduit chez Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi, sa voisine de 65 ans, dans un immeuble de Belleville dans le XXe arrondissement de Paris. Le jeune homme de 27 ans aurait défenestré la victime après l'avoir rouée de coups. L'éventuel caractère antisémite du meurtre avait déclenché un premier bras de fer juridique avant d'être écarté et que la question de la responsabilité pénale de K. Traoré soit remise en question.

"Ce que j'ai commis, c'est horrible"

Tous les témoignages recueillis lors du procès en appel concordent à dire que le jeune homme, consommateur régulier de cannabis depuis de nombreuses années, a agi lors d'une "bouffée délirante" liée à une forte consommation le jour du meurtre. Mais les experts divergent sur les conclusions à en tirer: abolition du discernement, synonyme de fin des poursuites judiciaires, ou simple altération, ouvrant la voie à un procès.

"Ce que j'ai commis, c'est horrible. Je regrette ce que j'ai fait et je présente mes excuses", avait conclu K. Traoré. Auparavant, il avait relaté les heures précédant les faits, durant lesquelles il s'était senti "pourchassé par des démons", avait vu un "exorciste" sur les conseils d'un ami et fumé. L'avocat général avait requis en faveur de l'irresponsabilité pénale. La décision de la cour d'appel met fin à la détention du suspect. Elle ordonne son hospitalisation complète et a prévu des mesures de sûreté pour 20 ans, comprenant l'interdiction d'entrer en contact avec les proches de la victime et de retourner sur les lieux.