EDF : moins d'électricité produite, des risques de coupures cet hiver ?

EDF : moins d'électricité produite, des risques de coupures cet hiver ? EDF. Le groupe a annoncé la réduction de ses prévisions de production d'électricité pour 2022, en raison d'un arrêt plus long de quatre réacteurs. Des coupures d'électricité sont-elles à prévoir pour cet hiver ?

[Mis à jour le 4 novembre 2022 à 14h28] Dans un communiqué publié jeudi 3 novembre, EDF a revu à la baisse son estimation de production nucléaire pour l'année 2022. En effet, jusqu'alors, l'entreprise prévoyait de produire entre 280 et 300 TWh (térawattheures) en 2022. Désormais, la fourchette, qui avait déjà été abaissée depuis le début de l'année, devrait plutôt se situer entre 275 et 285 TWh. Sur les neuf premiers mois de l'année, la production nucléaire en France s'élevait à 209,2 TWh, soit 59 TWh de moins qu'à la même période en 2021.

EDF explique cela par un arrêt plus long que prévu de quatre réacteurs, qui devaient être relancés au cours du mois de novembre, pour des problèmes de corrosion, et du fait d'un mouvement social durant l'automne. Mi-octobre, la direction avait repoussé le redémarrage de cinq d'entre eux dans un contexte de grève pour les salaires sur certains sites, avant qu'un accord ne soit signé deux semaines plus tard. À l'issue d'un Conseil de défense sur l'énergie organisé à l'Elysée le 2 septembre dernier, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait indiqué qu'"EDF s'est engagée à redémarrer tous ses réacteurs pour cet hiver", alors que vingt-quatre étaient toujours à l'arrêt, fin octobre.

Avec cette baisse de la production annoncée par l'entreprise, la crainte de coupures d'électricité est toujours plus présente. Certaines zones de l'Hexagone sont considérées comme des "péninsules énergétiques" : "Elles sont moins interconnectées au réseau et n'ont quasiment pas de moyen de production propre", expliquait Clément Le Roy à Franceinfo, associé chargé de l'énergie chez Wavestone, le 11 septembre dernier. Les départements les plus touchés seraient les Alpes-de-Haute-Provence (04), les Hautes-Alpes (05), les Alpes-Maritimes (06), les Bouches-du-Rhône (13), les Côtes-d'Armor (22), le Finistère (29), l'Ille-et-Vilaine (35), le Morbihan (56), le Var (83) et le Vaucluse (84).

Aussi, Philippe Page Le Mérour, secrétaire du comité social d'entreprise central d'EDF, dont les propos ont été relayés par Midi libre, indiquait le 13 octobre : "Si nous avons un hiver normalement froid, ou très froid, nous ne pourrons pas nous passer de délestage", laissant peu d'espoir de non-coupure d'électricité pour cet hiver. Jusqu'à présent, EDF avait expliqué que la question se poserait seulement en cas d'hiver très froid.

EDF a donc annoncé une réduction de ses prévisions de production pour 2022, notamment à cause de la maintenance prolongée de plusieurs réacteurs nucléaires. Ainsi, les quatre réacteurs concernés par une mise à l'arrêt prolongée sont Cattenom 1 et 3, Penly 2 et Chooz B1. Les réouvertures de Chooz B1 et Penly 2 ont été décalées au 29 janvier, alors que ces réacteurs devaient respectivement redémarrer les 13 et 23 novembre. De leur côté, Cattenom 1 et 3, qui devaient être relancés les 17 novembre et 11 décembre, ont vu leur reprise décalée au 26 février 2023.

Aussi, le mouvement social de l'automne dans les centrales a entraîné des baisses de production nucléaire ou des reports de travaux pour certains réacteurs. Mi-octobre, la direction avait repoussé le redémarrage de cinq d'entre eux dans un contexte de grève pour les salaires sur certains sites, avant qu'un accord ne soit signé deux semaines plus tard.

Combien la France compte-t-elle de réacteurs nucléaires ?

La France compte 56 réacteurs nucléaires. Dans l'Hexagone, c'est la première source de production et de consommation d'électricité. Les réacteurs ont différents niveaux de puissance. Ainsi, quatre ont une puissance de 1 400 MW, 20 ont une puissance de 1 300 MV et 32 ont une puissance de 900 MW.

© EDF

Pourquoi 24 réacteurs sur 56 sont à l'arrêt ?

D'après EDF, 24 réacteurs nucléaires étaient toujours à l'arrêt fin octobre. La principale raison qui explique cette indisponibilité du parc nucléaire n'avait pas été anticipée. Des fissures ont été découvertes sur la tuyauterie de l'un des réacteurs de la centrale de Civaux à l'automne 2021, puis sur d'autres réacteurs. Ce phénomène, appelé corrosion sous contrainte , a surpris les ingénieurs qui pensaient que le matériau choisi pour ces circuits était peu sensible à ce risque.