Délestage électrique : quel protocole en cas de coupure de courant cet hiver ?
Le risque de devoir recourir au délestage électrique cet hiver "semble écarter" selon le gouvernement. Mais dans le pire des scénarios des coupures de courant pourraient intervenir, voici alors le protocole qui serait mis en place.
[Mis à jour le 4 janvier à 15h20] "Les derniers indicateurs sont plutôt rassurants". Le risque de subir des coupures de courant cet hiver s'éloigne encore un peu plus en ce début d'année. Ce 4 janvier 2023, à la sortie du Conseil des ministre, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assuré que le scénario du recours au délestage électrique "semble s'écarter". Des observations optimistes et qui vont dans le sens des précédentes déclarations de l'opérateur du réseau de transport de l'électricité (RTE). Lequel avait déjà, le 20 décembre, revu à la baisse les probabilités pour que des coupures de courant soient organisées mais avait précisé que ces prévisions n'étaient valables qu'à condition que les efforts sur la réduction de la consommation énergétique se poursuivent. Et c'est chose faite puisque ce 4 janvier également RTE a indiqué que la consommation sur une semaine avait baissé de 8,5% par rapport aux années précédentes.
Il est raisonnable d'espérer passer l'hiver sans être privé d'électricité même le temps de quelques heures à cause d'un délestage. Mais par mesure de précaution, le gouvernement comme les opérateurs de l'électricité s'en tiennent au protocole mis en place et applicable en cas de signal rouge émis par la plateforme Ecowatt. Les coupures de courant seraient alors programmées et confirmées si besoin la veille, à 17 heures au plus tard. La panne ne durerait que deux à trois heures, le temps que l'alimentation électrique revienne à la normale, et toucherait successivement différentes zones pour répartir les efforts "par souci d'égalité". Quelques 40% de la population française seraient épargnés par les coupures d'électricité car alimentant une zone dites "sensibles" ou "prioritaires" comme les hôpitaux, les forces de l'ordre ou encore les prisons.
Qui serait concerné par les coupures d'électricité ?
Le délestage électrique est une mesure qui concerne 60% des Français, les 40% restants étant les particuliers reliés à des lignes électriques qui alimentent des zones et des établissements jugés "sensibles" qui "engagent la continuité de la vie de la nation", note la circulaire du gouvernement adressée le 1er décembre aux préfectures. A noter toutefois que même dans les zones proches de sites sensibles, le risque d'une coupure de courant guette les foyers de particuliers.
Si une majeure partie de la population métropolitaine - la Corse étant alimentée en électricité par sa propre production, elle-même reliée à l'Italie - peut être visée par des délestages, les coupures d'électricité programmées ne concerneront à chaque fois qu'un secteur limité et minoritaire d'un département. Le délestage sera pensé et ciblé sur des zones géographiques comptant 2000 clients particuliers ou professionnels desservis par le réseau électrique en moyenne selon le site vie-publique.fr. Et une même zone ne pourra faire l'objet du plusieurs délestages successifs. Le protocole du gouvernement conçu en collaboration avec les services du réseau de transport d'électricité (RTE) prévoit que les coupures soient "réparties" et "lissées" et que "l'effort de solidarité nationale [soit] réalisé par tout le monde".
Quelles sont les zones sensibles dispensées de coupures d'électricité ?
Une poignée de sites et d'établissements est épargnée par les coupures de courant et les délestages programmés grâce au statut des infrastructures. Tous ces lieux sont répertoriés dans des listes confidentielles dressées par les préfectures et communiquées aux gestionnaires des réseaux électriques. Parmi ces établissements figurent tous les hôpitaux, les casernes de pompiers, de gendarmeries, les commissariats de police ou encore les prisons. Quelques sites industriels sont aussi inscrits parmi ces sites. Certains foyers particuliers et dépendants des mêmes lignes électriques que ces établissements pourront donc être alimentés en électricité même en cas de délestage dans leur zone.
Si les hôpitaux et autres établissements de santé sont considérés comme des sites prioritaires, ce n'est pas le cas des personnes médicalisées à domicile. "Les personnes qui sont à haut risque vital ne font pas partie des clients prioritaires définis par les préfectures", a confirmé le porte-parole d'Enedis, Laurent Méric, sur BFMTV le 5 décembre. Il faut comprendre que le recours à un appareil médical comme un respirateur à domicile n'est pas une raison qui justifie qu'un foyer soit dispensé de coupure de courant. Si les délestages électriques ont bien lieu chez les personnes médicalisées, des mesures particulières sont prévues pour éviter tous les risques.
Quelles mesures pour les personnes malades et hospitalisées à domicile ?
Si les établissements de santé publics seront exemptés des coupures de courant, ce ne sera pas le cas des personnes malades et hospitalisées à domicile, dépendantes d'appareils médicaux ou des patients à haut risque vital (PHRV). Toutefois pour ceux-là des dispositions seront prises comme l'a expliqué Jésus Gonzales, président de la société de pneumologie de langue française, auprès d'Europe 1 le 7 décembre. "Tout malade qui utilise un appareillage respiratoire plus de 16 heures par jour doit avoir deux machines classées support de vie. Chacune de ces machines a des batteries internes à la durée de vie d'environ quatre heures. La réglementation impose de mettre une batterie externe en plus et de mettre en place une machine manuelle qu'on gonfle à la main si jamais vraiment on arrive au bout de la batterie", énumère-t-il avant de calculer les "12 heures de batterie de sécurité" disponibles pour les personnes médicalisées à domicile. Des mesures a priori suffisantes pour tenir pendant des coupures de courant de deux heures, mais "en plus la société qui fournit ce matériel réglementairement se doit de passer en urgence chez le patient pour le secourir" si nécessaire, ajoute Jésus Gonzalez.
Certaines mesures sont également prises au préalable notamment la tenue d'un registre par les Agences régionales de santé (ARS) qui doivent recenser toutes les personnes PHRV ou à risque. Cette liste est transmise aux gestionnaires des réseaux électriques qui ont l'obligation de prévenir au moins trois jour à l'avance ces individus de "toute situation particulière qui nécessiterait une prise en charge adaptée". Laquelle peut désigner "l'organisation des éventuels déplacements" des personnes vulnérables précise l'exécutif. Un registre des personnes vulnérables, qu'il convient de surveiller avec une attention particulière, sans être des patients à haut risque, par exemple les personnes de plus de 65 ans, doit aussi être tenu à jour.
Quand et comment les Français seront prévenus des coupures de courant ?
Si des délestages électriques programmés sont prévus, ils ne prendront pas les Français par surprise. Quatre étapes ont été pensées pour prévenir les zones concernés par les éventuelles coupures. D'abord, en cas de fortes tensions, un signal rouge sera lancé sur la plateforme Ecowatt trois jours avant de recourir au délestage. Alors un appel sera adressé aux particuliers et professionnels pour réduire la consommation d'énergie sur tous les départements concernés. Si les efforts suffisent à écarter le risque de coupure d'électricité la vie retrouvera son cours jusqu'à la prochaine alerte, en revanche si la tension est encore importante la troisième étape se déclenchera et alors une nouvelle alerte sera émise la veille de la coupure, à 17 heure au plus tard pour confirmer le recours à une coupure dans toutes les zones concernées. Le périmètre de la coupure pour toutefois évoluer jusqu'à 21h30. Enfin, à la confirmation des coupures, les maires devront déployés des cellules de crise avant que le délestage ne soit déclenché.
A noter que lors de la confirmation des coupures, les plages horaires durant lesquelles l'alimentation électrique sera coupée seront précisées. Les délestages électriques pourront avoir lieu de 8h à 10h, de 10h à 13h ou entre 18h et 20h. Le protocole prévoit aussi les jours où ces coupures pourraient survenir. C'est essentiellement en semaine, du lundi au vendredi, que les tensions sur le système électrique pourraient justifier des coupures programmées. Le samedis, dimanches et jours fériés devraient être épargné compte tenu de la baisse d'activité et donc de consommation ces jours-là.
Les écoles seront-elles affectées par les coupures d'électricité ?
Les établissements scolaires ne sont pas considérés comme des zones prioritaires ou sensibles et seront donc affectés par les coupures de courant en cas de délestage. Le ministre de l'Education a précisé les mesures dans lesquelles les coupures pourraient intervenir et bouleverser l'accueil des élèves. En cas de coupure les écoles seront fermées uniquement le matin et les services de restauration fonctionnement, selon le ministère. Enfin, les parents d'élèves seront prévenus la veille au soir.
Les coupures d'électricité affecteront-elles les réseaux téléphoniques et télécoms ?
Les antennes téléphoniques étant dépendantes du réseau électrique pour être alimentées, un délestage électrique entrainerait la mise hors service d'une partie de réseau de téléphonie et plus largement des télécommunications. Le phénomène est surtout problématique puisqu'il peut compliquer l'accès ou l'entrée en contact avec les secours et autres services d'urgence. Pour garantir le contact avec les secours, le gouvernement invite à privilégier le 112, numéro d'appel d'urgence européen, pendant les coupures de courant.
Il est évident qu'une coupure de courant perturbera le réseau de téléphonie, en revanche et à la différence des délestages électriques qui pourront être circonscrits géographiquement, les pannes sur les télécommunications pourraient être plus diffuses sur le territoire.
Comment éviter les délestages et coupures d'électricité ?
Maintenant que l'ombre des délestages et de coupures d'électricité planent au-dessus des Français pour tout l'hiver, le gouvernement et les opérateurs d'énergie espèrent que les inquiétudes pousseront la population à participer aux efforts pour économiser de l'énergie. L'exécutif et RTE rappellent d'ailleurs que le respect des mesures du plan de sobriété énergétique peut être un levier suffisant pour contourner les délestages, si chacun prend sa part dans la mobilisation collective qui tient en trois actions martelées par le gouvernement : "éteindre, baisser et décaler" sa consommation.
Si les Français sont appelés à être actifs dans les économies d'énergie, la remise en route des centrales nucléaires est un autre facteur non négligeable pour éviter les coupures de courant programmées. Alors que 20 de 56 réacteurs français sont éteints pour des raisons de maintenance ou des travaux contre la corrosion, un dizaine d'entre eux doivent redémarrer entre décembre et la première dizaine de janvier. Le remise en route permettra d'augmenter, ne serait-ce qu'un peu, les quantités d'énergie produite et donc diminuer les chances de recourir à un délestage électrique.